Jack Manini & Michel Chevereau

La loi du kanun
I. Dette de sang

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Une bande dessinée pour découvrir l’Albanie...

Que pensez-vous de Leka, le jeune orphelin adopté par Nykita, l’immigré russe ? Ce garçon de tout juste 13 ans qui vend parfois des oeufs à ses voisins ? Un visage franc, une silhouette malingre et un regard pétillant, sympathique, tout pour attirer la confiance. Et pourtant... Pourtant, dans cette Albanie des années 60, « socialisée » jusqu’aux tréfonds de son âme à outrance, Leka accomplit un drôle de commerce... Avec son tuteur Nykita, il s’adonne au rapt d’enfant qu’il revend à de riches familles italiennes en mal de paternité ! Il faut dire que l’enfance de Leka est émaillée de difficultés sévères qui l’ont petit à petit mené dans ces ornières.

Le père de Leka et Nykita, comme tous les fonctionnaires de l’appareil bolchevik, avaient été envoyés d’U.R.S.S. en Albanie pour former les futures élites du Parti. Cependant lorsque Kroutchev cessa toute coopération avec le pays « sécessionniste », tous ces Russes retournèrent dans la Mère Patrie. Son père fut du lot. Sauf Nykita, dont les moeurs homosexuelles et l’alcoolisme l’avaient fait exclure du P.C. Par conséquent, lorsque la mère de Leka mourut en le mettant au monde, ce dernier par amitié (ou intérêt ?) pour son père décida de s’occuper de lui. Avec les conséquences que l’on sait. Cependant, la rencontre avec Sose, la gentille fille du nouveau médecin pourrait contrebalancer cette néfaste influence. A moins qu’il ne soit trop tard. Car, ici, sur toute l’Albanie, malgré les efforts du Parti, règne la Loi du Kanun. La loi hors de la loi, la loi de la vengeance et du silence, celle qui par la force de la tradition fait couler le sang...

La Loi du Kanun évoque la période de mutation qu’a connu la future organisation surnommée par méconnaissance la mafia albanaise. Le personnage de Leka se penche sur son passé, sans complaisance. Une histoire qui éclaire avec acuité cette période et cette région méconnues grâce à une intrigue prenante et un dessin aussi classique que dynamique.

On attend avec impatience la suite de l’histoire.