Antoine Sidoti

L’utilisation du poète Njegoš du fascisme au titisme : timbres-postes et propagande en Yougoslavie

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Par Jean-Arnault Dérens

Encore une fois, Antoine Sidoti publie un livre dont le titre a peu de rapports avec le contenu. Cet ouvrage ne traite en effet que du Monténégro, pas de la Yougoslavie, et le propos est fondamentalement circonscrit à la Seconde Guerre mondiale.

Sur ce chapitre, Antoine Sidoti apporte des matériaux passionnants et peu connus, en étudiant systématiquement les émissions postales et les surcharges apportées par les occupants italiens et allemands, puis par les nouvelles autorités communistes.

D’une érudition sans faille, il sait mettre à jour les logiques symboliques et montre à quel point la philatélie peut devenir une précieuse science auxiliaire de l’histoire.

On découvre ainsi le personnage du peintre Pero Poček, dont les oeuvres sont toujours conservées au musée de la Biljarda de Cetinje, et qui fut l’auteur d’une importante série de timbres sur des motifs « njegošiens ». L’étude des émissions postales permet de mieux comprendre la place qu’occupa le Monténégro dans les projets italiens, aini que le rôle personnel joué par la reine Elena/Jelena, épouse de Victor-Emmanuel et fille du roi Nikola Ier.

Cependant, au terme de cet exposé utile et cohérent, on voit mal ce que vient faire un chapitre visant à démontrer que le fameux - et contesté - mausolée de Petar Petrović Njegoš, construit par le sculpteur Ivan Meštrović au sommet du mont Lovćen, fut édifié selon la logique d’un parcours initiatique maçonnique.

Bref, un fort utile traité de philatélie, où l’on trouvera aussi, au gré de la structure déconcertante de l’ouvrage, d’intéressantes études vexillologiques...

Quiconque étudie l’histoire du Monténégro ou celle de la Seconde Guerre mondiale dans les Balkans trouvera donc ici abondance de précieux matériaux mais, de par sa structure confuse et l’ambiguité même de son propos, le livre risque fort de rebuter ceux qui ne sont pas spécialistes de la question.