François Rigaux

Guerres et interventions dans le Sud-Est européen

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« Balkan » est un mot turc désignant une chaîne montagneuse que les Romains appelaient Haemus. L’expression « Sud-est européen » n’a pas
seulement été préférée pour sa neutralité géographique mais surtout parce qu’elle indique clairement l’appartenance européenne des pays et
des peuples de la Méditerranée orientale. Ayant donné naissance à plusieurs empereurs romains, Claudius Il Gothicus, Aurélien, Dioclétien,
Constantin, Justin, Justinien, la région fut par la suite disputée entre Rome, Byzance et l’Empire ottoman qui se tint pour le continuateur de l’Empire romain et se dénommait Rûm.

Dépendant de la politique de puissance des grands Etats, les peuples européens du Sud-est firent l’objet de leurs luttes d’influence, le prix de la course étant la possession de Constantinople. C’est donc bien de guerres et d’interventions qu’il s’agit, les peuples chrétiens qui luttèrent pour leur libération se transformant en clients de l’une ou de l’autre des grandes puissances. Ils ne s’affranchirent de la domination ottomane que pour être subjugués par les membres du « concert
européen ». Les vainqueurs de la Première Guerre mondiale ne réussirent pas - et, sans doute, ne le voulurent-ils pas - à garantir l’indépendance des pays du Sud-est européen. La plus pure création du
traité de Versailles, le Royaume des Serbes, Croates, Slovènes, demeura entre les deux guerres mondiales l’enjeu de la rivalité franco-allemande, et la destruction de la Yougoslavie fut la revanche
des vaincus de Versailles. Aujourd’hui, la Bosnie-et-Herzégovine, la Macédoine, le Kosovo sont soumis à un protectorat international.

Les relations décrites dans le présent ouvrage n’ont pas été seulement belliqueuses : les pays de cette région ont largement contribué à une intense pratique diplomatique, à laquelle la Sublime Porte fut
traditionnellement associée. Le « concert européen », le règlement de la Question d’Orient, le libre passage des navires de guerre dans les détroits, le développement des relations financières internationales, accompagné de la crise de la dette ottomane et de celle de l’Egypte, autant d’institutions internationales dont la formation se localise dans l’Europe du Sud-est.
La République turque qui a succédé à l’Empire ottoman, continuation de l’Empire romain, a elle même une vocation européenne. Le legs ottoman ne s’inscrit pas seulement au passif : tolérance religieuse et accueil des réfugiés y furent pratiqués à une époque où les souverains chrétiens
persécutaient les juifs et les hérétiques et se faisaient la guerre pour des motifs de religion.

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