Emmanuelle Dancourt

Général Valentin. De Sarajevo aux banlieues, mes combats pour la paix

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Par Emmanuelle Chaveneau Le Brun

Au moment où le général serbe Stanislav Galic, responsable du siège et du pilonnage de Sarajevo entre 1992 et 1994, est condamné à la prison à vie par le TPIY, on lira avec intérêt le récit d’un autre général, français celui-là : « Général Valentin. De Sarajevo aux banlieues, mes combats pour la paix ». Le Général Valentin commanda les troupes de la Forpronu dans le secteur de Sarajevo en 1993, sous les ordres du Général Morillon. Durant ces six mois, il rencontra régulièrement Stanislas Galic, et fut même amené à témoigner au TPIY lors de son procès.

Interrogé par Emmanuelle Dancourt, journaliste, le Général raconte cet épisode et bien d’autres. Sarajevo fut son premier passage en ex-Yougoslavie. Dans la ville assiégée, il est chargé d’assurer le pont aérien grâce auquel le ravitaillement des Sarajéviens et des enclaves fut tant bien que mal assuré. Au passage, on comprend également pourquoi les militaires de la Forpronu empêchaient les habitants de Sarajevo de traverser l’aéroport, où comment se sont déroulées et ont avortées nombre de négociations entre les parties. Il tire des conclusions amères de cette expérience et accuse l’ONU de n’avoir pas pris les moyens adéquats pour que les casques bleus aient une réelle efficacité.

Après Sarajevo, le général est revenu deux fois dans la région. En Macédoine d’abord, il est chargé fin 1998 de mettre au point une action rapide d’extraction des agents de l’OSCE qui, au Kosovo, observent le cessez-le-feu. Prévue en cas de brusque dégradation de la situation qui les auraient mis en danger, cette action n’eut jamais lieu.
Trois ans plus tard, il est envoyé au Kosovo comme commandant de la Kfor. chargé d’assurer la sécurité afin de permettre les retours des déplacés et réfugiés et le travail des employés internationaux. On sait la suite des événements.

Au total, ce livre permet une approche originale des conflits yougoslaves : la vision d’un militaire de haut rang, pris dans la logique des institutions internationales et confronté aux logiques des populations locales. Sous forme d’un dialogue, qu’Emmanuelle Dancourt introduit par des données précises du contexte historique, il se lit rapidement. Et l’on souhaiterait que le Général ose davantage livrer ses propres analyses des événements.