Belgrade (Serbie)

Exposition : l’effet Tito

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Par Jovana Papović. Photos : Marija Janković.

« Après Tito, Tito ! » Jusqu’au 1er mai, le Musée de l’histoire de la Yougoslavie à Belgrade accueille l’exposition « L’effet Tito ou le charisme comme légitimité politique ». L’exposition nous fait découvrir plus de 500 documents et objets offerts à Josip Broz Tito.

Plus de 500 cadeaux offerts au maréchal sont présentés. Ils témoignent du « devoir d’amour » des citoyens pour leur « Président à vie », incarnation de l’idéal glorieux d’unité et de fraternité de l’ancienne Yougoslavie. Ces présents rappellent que le camarade Tito, surnommé la « violette blanche », fascinait les masses et qu’il reste aujourd’hui encore un excellent atout marketing. Titonostalgie ?...

L’exposition dépoussière un grand nombre de cadeaux envoyés au maréchal par des citoyens, des travailleurs, des paysans ou des institutions, gages de gratitude et de respect sans précédent. Avec cette rétrospective, les organisateurs essayent de démontrer que la légitimité politique du leader communiste était avant tout basée sur la fascination qu’il exerçait sur ses concitoyens.

L’exposition se compose de trois ensembles thématiques. Dans la première salle sont exposés un grand de nombre de portraits (gravures, huiles sur toile, photographies, mosaïques… et un étonnant portrait en tabac !), cadeaux qui illustrent le charisme du maréchal. La deuxième salle présente des vidéos de fêtes organisées en l’honneur de l’anniversaire du camarade Tito, le 25 mai, ainsi que des témoignages d’enfants et d’adolescents émus après l’avoir rencontré ou après lui avoir serré la main. Ces documentaires ainsi que les plus beaux exemplaires du « bâton du relais de la jeunesse » (bâton qui, après avoir fait le tour de la Yougoslavie, était offert au Maréchal) témoignent de l’effervescence provoquée par ces célébrations. Dans la dernière partie, les objets les plus incongrus sont regroupés : maquettes de trains et de bateaux, serpents et poissons empaillés, salle de classe miniature, vases, poupées et autres perles comme la « table des partisans » (dont les pieds sont sculptés en forme de jambes humaines).

« En utilisant divers supports et objets, nous essayons de faire revivre une période de notre histoire mise de côté, mais qui continue néanmoins à avoir une grande influence sur notre vie quotidienne » explique Katarina Živanović, directrice du Musée. Les commissaires de l’exposition, Marina Dokmanović et Jeroen de Vries, ont eu à faire un choix difficile parmi les quelques centaines de milliers d’objets que recèle le musée. Ce choix s’est concentré sur les objets qui témoignent au mieux de la force du lien qui unissait Tito aux citoyens de la République fédérale socialiste de Yougoslavie, car, comme le soulignent les organisateurs, « Tito n’est pas le sujet de cette exposition, c’est nous, citoyens, qui sommes mis en avant ».

L’exposition a été réalisée avec le soutien du fond B92, du Centre culturel « REX », du Centre culturel de Belgrade, du Musée de l’histoire de la Serbie, de Radio Belgrade et des Archives de la télévision et de la Cinémathèque de Belgrade.