Frontière

Blog • Survivre à l’avalanche

|

S’il y a bien une chose (allez : deux) à laquelle je ne me serais jamais attendu en me lançant dans le projet de tourner un film et de lui offrir une visibilité sur la Toile, c’est à l’avalanche d’informations et de sollicitations qui arrivent dans mes multiples boîtes aux lettres.

Par Laurent Rouy

Le premier contact avec cette nouveauté fut-il sur Facebook ou Indiegogo ? J’ai oublié. En tout cas me voila rivé aux « cours de la bourse » de mon projet, à apprendre tout un nouveau champ sémantique. J’étais bien naïvement resté au nombre de « clics », mais ce n’était qu’un jeu d’enfants. Les choses sérieuses se nomment Likes, Reachs, Visits... Le tout en anglais. Si la différence entre le Like et la Visit est assez intuitive, je n’ai toujours pas compris ce qu’était le Reach. Est-il possible que je ne reache pas mes likeurs, par exemple ? Mon latin étant perdu depuis bien longtemps, je sèche misérablement.

Sur Indiegogo, le site de financement participatif sur lequel se déroule en ce moment même où je vous écris la campagne de micro mécénat du film qui changera peut-être les consciences autour du monde (Aidez Nous : Cliquez ! Donnez : Merci !), des statistiques bien différentes me sont proposées. Si elles sont plus compréhensibles, elles sont aussi plus surprenantes.

Ainsi ai-je droit à un camembert des contreparties par pays, ainsi qu’à un tableau du nombre de visites et de contributions, toujours par pays. Dans quelle contrée suis-je donc le plus populaire ? En Serbie ? Non. En France ? Que nenni. Ailleurs dans les Balkans ? Aux États-Unis d’Amérique ? Même pas. Le gros des lecteurs de ma campagne de crowdfunding, il est en Irlande. Et je n’ai absolument aucune idée du pourquoi. Celui ou celle qui m’apportera la réponse aura droit à une bière la prochaine fois qu’on se croise.

Les Irlandais, qui d’après les statistiques, sont deux fois plus nombreux à me rendre visite que les Américains du Nord, deuxième au classement, ne sont pas spécialement généreux, puisqu’ils ne donnent rien. En termes de volumes de dons, les USA tiennent la tête, alors que la Chine et les Émirats sont complètement absents. La France arrive 5e pour le montant des contributions, juste derrière la Moldavie, pays souvent présenté comme le plus pauvre d’Europe.

Autre info (la dernière : promis ! C’est rasoir quand même, les stats…), il me faut en moyenne deux visites de la page Indiegogo pour recevoir un dollar de soutien. Visitez donc ma page !

Enfin, cette forêt de chiffres et de data ne serait rien si elle n’était pas accompagnée du grand méchant loup qui l’habite : les agences de com. Grand-mère Indiegogo m’avait prévenu par e-mail automatisé avant que je ne me dirige vers la forêt des stats pour atteindre le trésor du palais des dons : « attention plein de gens qui ont l’air gentil vont te proposer de promouvoir ta campagne pour que tu leur donnes des sous ». Ça n’a pas loupé. Mon premier message, d’un certain Christie Brandt, me proposait dès le deuxième jour de corriger les erreurs de ma campagne, dans le but ultime d’améliorer mon « GoGo Factor ». J’aurais peut-être dû lui dire oui ? Non ? Christie Brandt a vite été rejoint par Josuah Hall, puis Paul Peters… qui tous, voulaient relever mon « GoGo Factor ». C’est quoi au juste, le « GoGo factor » ? C’est comme l’Irlande : celui qui m’explique, il aura une bière.

En tout cas, je suis toujours perdu dans la forêt des stats, au beau milieu de la campagne du film, en quête du Graal. J’y passe 4 heures par jour, les yeux dans les yeux avec mon ordi portable. Je tiens le coup. Dernier point : à la base, je viens du journalisme, monde idéal où l’argent du business n’existe (presque) pas. Là, je me retrouve à devoir motiver les gens pour qu’ils me donnent de l’argent. Naïvement j’avais cru que ça se passait tout seul, mais quand on n’a pas l’habitude, c’est un peu gênant. Donc simplement, je crois que ce film est une bonne idée et vaut le coup d’être filmé. Si vous partagez ce point de vue, merci de faire un petit don ; idéalement sans attendre. Les petits 20 euros faisant les grandes rivières, on fera un joli film qui ira loin. Merci.

Pour nous soutenir, c’est ici

P.S. : Ah oui ! Notre petite campagne est en première place sur la page « Tendances » d’Indiegogo, juste à côté de productions ayant récolté des dizaines de milliers de dollars... Nombre de clics ou originalité du sujet, je n’en sais rien. Mais en tout cas, ça fait plaisir.