Blog • Les maisons de retraite et les discours nationalistes n’attirent pas les investissements

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Sous le titre « L’aveuglement migratoire », Jean-Baptiste Chastand fait le point dans Le Monde daté du 11 octobre sur la perception de l’immigration extra-européenne dans les pays d’Europe issus de l’ancien bloc communiste. Elle suscite des réactions « très négatives » de la part d’environ la moitié de la population contre un peu moins d’un quart dans les pays occidentaux, selon le dernier Eurobaromètre.

Le « héros » de la mobilisation contre l’installation d’un camp de réfugiés à Ardud (Roumanie) en janvier 2016

C’est un des rares sujets de société qui séparent encore les valeurs de la « nouvelle Europe » de l’« ancienne », fait remarquer J.-B. Chastand.
Cette xénophobie est souvent d’autant plus forte qu’elle s’accompagne d’une crise démographique profonde. Selon les projections de l’ONU de 2015, les dix pays du monde qui perdront le plus de population d’ici à 2015 sont tous situés en Europe centrale. La Pologne devrait perdre 5,5 millions d’habitants, la Bulgarie 2 millions, la Roumanie 4,3, la Hongrie 1,5… Les mesures préconisées par les promoteurs de l’interdiction totale de l’avortement ou les adeptes de l’immigration en provenance des pays voisins (européens) ne sauraient inverser la tendance.

La seule chose qui pourrait faire changer d’avis les pays d’Europe centrale est leur développement économique, suggère l’auteur. Or une Europe de l’Est qui vieillit et s’atrophie n’aura probablement aucune chance d’attirer les investissements de demain. On n’attire pas les start-up, des ingénieurs et des cadres du monde entier avec des maisons de retraite et des discours nationalistes.

N’étant guère spécialiste en la matière, je me suis contenté de résumer cet article en reprenant les termes de son auteur dont le principal mérite à mes yeux est de soulever crûment une objection d’ordre économique au racisme qui fait des ravages par le temps qui courent à l’Est. Dans ces pays, il n’est pas rare, y compris dans les milieux intellectuels, d’opposer la « nouvelle Europe » blanche et réactionnaire à souhait au Vieux Continent qui court à sa perte par excès de démocratie. La hausse inattendue de la côte de popularité d’un Poutine dans certaines anciennes démocraties populaires permet de réaliser à quel point l’opinion est remontée contre la "faiblesse" de l’Occident.

En guise de conclusion, J.-B. Chastand formule une remarque et une interrogation qui me sont déjà venues à l’esprit à plusieurs reprises au cours de discussions à bâtons rompus avec de jeunes Roumains travaillant notamment en Angleterre mais aussi en France ou en Espagne qui revenaient pour un court séjour dans leur pays. Voici ce passage :
« Même si les leaders locaux rejettent bien souvent le métissage, leurs jeunesses n’hésitent d’ailleurs pas un seul instant à aller travailler aux côtés de immigrés ‘’économiques’’ extra-européens dans les usines allemandes, anglaises ou autrichiennes. La menace terroriste, la progression de l’islam ou les frictions culturelles censées faire de l’Europe un enfer, ne semblent pas les freiner. On peut espérer que ces centaines de milliers de jeunes Européens de l’Est rentreront un jour chez eux en ayant appris la diversité… A moins que l’Europe de l’Ouest sombre dans le même temps vers le repli sur soi. A cet égard, le Brexit est un signal inquiétant. »