Par Rodolfo Toè
La chaine de télévision nationale bosnienne BHRT a annoncé sa décision de suspendre ses programmes à partir de 30 juin, si le gouvernement bosnien ne réussit pas à réformer le système de radiotélévision publique pour assurer son financement de façon stable.
La décision a été prise par le conseil d’administration de la chaine, qui a expliqué dans un communiqué qu’il s’agissait « d’un choix obligé, anticipant la situation qui se produira après le 30 juin, c’est-à-dire quand expirera le système actuel de financement du système publique bosnien. »
« Les autorités bosniennes n’ont pas réussi trouver une solution pour assurer les ressources nécessaires à la télévision publique », poursuit le communiqué, qui souligne aussi le fait que « si BHRT cessait de fonctionner, la Bosnie-Herzégovine deviendra le seul pays d’Europe à ne pas disposer d’une télévision publique nationale. »
La Bosnie-Herzégovine deviendra le seul pays d’Europe à ne pas disposer d’une télévision publique nationale
Depuis des années, BHRT doit faire face à des conditions financières difficiles. D’un côté, un nombre croissant de citoyens bosniens refusent de payer la taxe pour la radiotélévision bosnienne, fixée à quelques 4 euros par an. De l’autre, toujours selon les accusations de la direction de la télévision nationale, les télévisions publiques de Republika Srpska [RTRS] et de la Fédération de Bosnie-Herzégovine [FTV] n’ont jamais payé à BHRT le pourcentage qu’elles lui doivent sur leurs revenus publicitaires et les taxes qu’elles encaissent, conformément à la loi. Selon le conseil d’administration de BHRT, la dette totale des chaînes des deux entités s’élèverait à 12,77 millions d’euros : 8,4 millions sont dus par FTV, et 4,49 millions par RTRS.
Bien que BHRT ait demandé depuis des années de changer le système de financement du service public télévisé, rien n’a été fait. Le Parlement bosnien, début 2016, a décidé de prolonger le système actuellement en vigueur jusqu’à la fin du mois de juin. Les problèmes, toutefois, sont restés les mêmes.
« La survie de BHRT ne peut pas être mise en discussion », a déclaré le ministre des Communications de Bosnie-Herzégovine, Ismir Jusko, qui a assuré que son ministère travaillera pour trouver une solution durable à la crise du système publique bosnien. Mais il ne reste pas beaucoup de temps avant la fin juin : si une réforme générale n’est pas approuvée, la Bosnie-Herzégovine perdra sa télévision nationale, selon les menaces de la direction de BHRT.
Cet article est produit en partenariat avec l’Osservatorio Balcani e Caucaso pour le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF), cofondé par la Commission européenne. Le contenu de cette publication est l’unique responsabilité du Courrier des Balkans et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.