Après le voyage d’été de Fanny, Semantis s’aventure aujourd’hui en territoire de poésie...

Blog • Belgrade, un poème, une voix...

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Arnaud Humbert est un acteur français vivant entre Paris et Belgrade. Il est l’auteur de plusieurs one men show et spectacles de théâtre (en français et en langue anglaise). Actuellement sur la préparation d’un film court qu’il a écrit, en hommage à la Serbie.

BELGRADE

Novi Beograd
© Common Wikipedia

Belgrade : des « Brate ! », les Balkans, le Bazar !
C’est bizarre, mais pour moi y’a pas de hasard.
Un jour de soleil à la sortie d’autobus,
J’ai posé mon pied par terre, j’en voulais plus !
Son âme a touché mon cœur en plein dans le mille,
Je ne connaissais rien du tout de cette ville.
Ici, tout le monde s’y appelle « mon frère »
Mais qui est donc notre père ? Moi je m’y perds.
« Papa ? » Non, ici on dit « Tata », ah… pardon.
C’est marrant comme une lettre change une image.
Belgrade c’est la tempête, c’est la passion.
Belgrade c’est la grande fête, c’est l’orage !
J’aime son centre, son énergie, sa folie,
Je suis tombé amoureux de cette city.
Et ça, on ne le choisit pas… non ! On le vit.
J’avais prévu d’y rester trois jours, puis c’est tout.
Et m’y voilà bien plus d’un an, comme c’est fou.
Le temps passe si vite. Un claquement de doigts.
Le tic tac me rend toc toc. Me voilà chez moi.
A Belgrade. Ou Beograd. Sur un vieux rade,
Ou à la terrasse d’un café, un peu crade.
Ça fume, ça fume cigarettes, ça fume !
Ça fume pots d’échappement... ça fume, hume !
Ça empeste ma chemise et mes longs cheveux,
Mais c’est le parfum de la liberté mon vieux !
On se croise dans la rue tout plein d’énergie :
« Hey ! Kako si brate ? » « Dobro sam matori. »
« Comment ça va mon frère ? » « Ça va bien l’ami. »
Ça peut être des mecs, mais aussi bien des filles.
Belgrade est un lieu bien propice à la déconne.
Belgrade est un joyeux bordel où tout fonctionne.
Comme une chambre d’enfants qu’on dit « mal rangée »,
Mais dont l’enfant lui sait si bien s’y retrouver !
On y marche hors des clous. Ça peut rendre fou.
Ça fait du bien d’être hors limite, hors tout.
Sache qu’il n’y a pas de règle ici du tout.
Sauf celle de se foutre des règles, c’est tout.
Sache qu’il n’y a pas de loi très respectée.
Sauf celle de se foutre des lois, dépassées.
Sauf celle du plus riche et du plus corrompu.
L’agneau que je suis, ça, ça ne lui a pas plu.
C’est la ville où l’on ne pense pas à demain.
On prend tout maintenant, on s’en fout de plus loin.
La faute aux loups qui ne sont pas les plus malins.
Leur attitude suscite bien du chagrin.
Mais à Belgrade des gens il y en a plein.
Il y a ceux qui se battent au quotidien.
Ceux qui cherchent à gagner leur pain, et leur vin.
Ceux qui ne font que noyer leur pain dans le « vain ».
Pour certains c’est un exploit de casser la croûte.
Non bien sûr, on n’a pas tous eu la même route.
Il y a ceux, aux billets coulant à foison.
Des riches on en a dans toutes les régions.
Il y a ceux surtout, qui n’y croient plus. Du tout.
Ceux qui rêvent de partir, avec leurs trois sous.
Ceux qui y croient un jour, puis plus le lendemain.
Une dépression flotte au-dessus de certains.
Heureusement il existe l’anticyclone :
La bonne Rakia pour qui l’on ferait l’aumône,
Que l’on se sert entre copains de bon matin,
Dans une bouteille de coca, c’est malin.
Les filles rêvent de France, d’Hollande, Allemagne.
Moi je rêve qu’elles deviennent mes compagnes.
Belgrade, je m’y exprime et suis écouté.
C’est ma terre natale sans y être né.
Même si demain je la quitte au pied levé,
Elle sera toujours, toujours à mes côtés.
Car quand j’aime une fois, pour moi c’est pour la vie !
Car quand j’aime une fois, pour moi c’est infini !
Belgrade ce sont ces balades à vélo,
Au moindre soleil, on sort le bout de son dos.
Quand il gèle, alors... il n’y a plus un moineau.
Belgrade c’est se montrer, se prendre en photo,
S’afficher, bien se maquiller, se faire beau.
Papoter des heures au café, to je to.
« On n’a pas d’argent ? Oh... allons boire un sirop !
Plaie d’argent n’est pas mortelle. Encore un, mon beau ! »
Ici sans crainte, tu peux laisser ton manteau,
Ou ton smartphone, en prenant juste un verre d’eau.
Personne ne va te les voler, oui c’est dingo !
Personne n’a cette idée, oui c’est rigolo !
Belgrade c’est sucré-salé, c’est dur et doux ,
Un couteau aiguisé qui écharpe, ou qui troue.
La vie est dure, tu la sens. Avec ses remous.
Ce qui ne te tue pas, te rend plus fort que tout.
Bon... ce qui ne te tue pas, te rend aussi fou !
Mais pour ça, prends juste une rakia, un bon coup !
Belgrade au printemps c’est aussi une caresse,
A l’été, une belle énergie, une allégresse,
C’est Sava, c’est Dunav, c’est Ada et ses splavs.
C’est beau le soleil qui se couche sur la Save.
Une terre de talent, terre de concerts,
Terre d’un peuple qui sait être solidaire,
Terre de génie et de créativité.
Là où j’ai aimé, suis tombé en amitié.
J’aime son sens insensé ! Ça me fait kiffer.
J’aime, comme je l’ai dit, pour l’éternité.

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