Serbie : la liberté de la presse n’est pas tout à fait morte

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C’est une victoire importante pour la liberté de la presse en Serbie : NIN vient d’être acquitté en appel d’avoir diffamé le ministre de l’Intérieur Nebojša Stefanović. L’hebdomadaire avait mis en cause sa responsabilité dans la démolition violente du quartier de Savamala à Belgrade par des hommes masqués en avril 2016.

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Par Ph. B.

« Contre la dictature et les fantômes de Savamala », Belgrade, 26 avril 2017
© CdB / Marija Janković

(Avec Danas) — La Cour d’appel de Belgrade a annulé vendredi 28 avril le verdict condamnant l’hebdomadaire NIN à payer 300 000 dinars (2500 euros) de dommages et intérêts au ministre de l’Intérieur Nebojša Stefanović pour la publication d’un article en juin 2016 titré « Le chef des fantômes de Savamala ».

Les auteurs, Sandra Sandra Petrušić et Milan Ćulibrk, y affirmaient que Nebojša Stefanović aurait dû assumer la responsabilité des démolitions de Savamala vu les défaillances du ministère de l’Intérieur. Il a en effet été prouvé que la police n’avait pas réagi aux appels de citoyens quand un escadron d’une trentaine d’hommes masqués, équipés de pelleteuses, a surgi la nuit du 24 au 25 avril, terrorisant les passants. « Des informations non prouvées violant ma présomption d’innocence », avait accusé le ministre. Selon NIN, l’incident n’aurait pas pu se dérouler sans l’implication des institutions de l’État, ni « la complicité et le soutien » du ministère de l’Intérieur.

Les médias sont libres ou ils ne le sont pas. (Vojislav Koštunica)

« Une bonne nouvelle pour la Serbie », s’est félicitée Ljiljana Smajlović, présidente de l’association de journalistes UNS, soulignant que la Cour d’Appel avait rappelé au ministre Stefanović qu’il aurait pu exercer son droit de réponse dans les pages de NIN, ce qu’il n’a pas fait.

« Une décision qui contribuera à améliorer la situation des médias en Serbie », s’est également réjoui Zoran Panović, chroniqueur au quotidien Danas, qui invite le Parti progressiste de Serbie (SNS) au pouvoir à « ne pas se mettre en colère et réfléchir à deux fois quand il s’agit des médias ». Et de citer l’ancien Président yougoslave et Premier ministre serbe Vojislav Koštunica : « Les médias sont libres ou ils ne le sont pas, il n’y a rien entre les deux ».

Pour Slaviša Lekić, présidente de l’association de journalistes NUNS, les pressions du ministre de l’Intérieur étaient « indues » : « Que se passera-t-il demain quand il sera question de son doctorat [une affaire où il est accusé de plagiat] ? »

Cet article est produit en partenariat avec l’Osservatorio Balcani e Caucaso pour le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF), cofondé par la Commission européenne. Le contenu de cette publication est l’unique responsabilité du Courrier des Balkans et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.