Blog • Un regard neuf sur la Bosnie-Herzégovine

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En mars 2018, Marion et Geoffrey sont allés en mission à Banja Luka. Depuis, ils n’en sont jamais vraiment repartis. Début mars, 25 jeunes se donnent rendez-vous à Banja Luka. Ils viendront de France, de Suisse ou de Bosnie-Herzégovine. Ils étudient le journalisme ou le français. Ensemble, ils vont arpenter la ville et rencontrer les habitants pour réaliser dix reportages sur les thématiques qui préoccupent les jeunes.

Quand nous sommes allés pour la première fois en Bosnie-Herzégovine il y a deux ans, on s’est rendu compte qu’on ne connaissait rien de la région. Ou si peu. On est trop jeunes pour avoir connu la Yougoslavie et la guerre et depuis les accords de paix, le pays est resté dans l’ombre de l’UE et à l’écart des circuits touristiques.

En mars 2018, l’Université de Banja Luka cherchait un stagiaire pour enseigner le français langue étrangère : « On a peu de moyens financiers mais une équipe dynamique et des étudiants motivés, m’explique la responsable du recrutement par entretien. Et puis, la ville est à taille humaine, agréable à vivre ». J’accepte le poste. Geoffrey m’accompagne. On vient de Strasbourg, en France. Lui est développeur informatique et je travaille comme journaliste et professeure. On est mobiles. Deux mois, c’est assez pour s’attacher à une ville et se rendre compte du potentiel de ses habitants.

En classe ou dans les cafés, les étudiants nous parlent de leur pays : les ćevapi, le turbofolk, la nature...Mais aussi l’absence de travail, les jeunes qui partent, le gouvernement corrompu, la pollution. Ils rêvent de voyages, de changements et ont des idées plein la tête. Alors avec eux, on s’investit dans des projets : un site internet pour présenter la ville, une pièce de théâtre, des ateliers d’écriture. Pour eux, le français est la langue de l’évasion, celle qui permet de dire ce que l’on pense et de rêver. Ils ont lu les ouvrages de Victor Hugo, d’Albert Camus ou de Jean-Jacques Rousseau et se nourrissent de leurs idées. Leur énergie donne envie d’agir. De retour en France, on crée une association. Objectif : organiser des échanges culturels franco-bosniens mais aussi entre Bosniens.

Que pensent-ils de leur pays ? Comment voient-ils leur avenir ? Et quelle image ont-ils des voisins de l’Union européenne ? La rencontre qui aura lieu en mars est le deuxième projet de notre association. Elle vise à rassembler des jeunes de différents pays pour répondre ensemble à ces questions. Des jeunes, qui viennent de France, de Suisse, de Sarajevo ou de Banja Luka. Les premiers veulent devenir journalistes. Les seconds étudient le français.

Deux univers qui ne se côtoient pas, qui ne se connaissent pas mais qui ont un projet commun : produire des reportages en français sur des sujets actuels qui les intéressent. Les Français seront les reporters et les Bosniens seront les interprètes. Ils auront besoin les uns des autres pour comprendre la complexité des situations et discuter du rôle des médias dans la société. On espère surtout qu’ils prendront autant de plaisir à découvrir Banja Luka que nous en arrivant ici.