Épisode 2 | Autostop, nationalisme et roman bulgare
Traductrice du bulgare depuis 40 ans, Marie Vrinat-Nikolov a consacré sa vie à la diffusion de la littérature bulgare en France. Elle a traduit une cinquantaine de livres de plus de vingt auteurs différents (Y. Raditchkov, I. Vazov, G. Gospodínov, T. Dimova, etc.). Sa riche carrière, de traductrice mais également de chercheuse et d’enseignante, lui a valu de multiples distinctions, en France et en Bulgarie.
Avec générosité, elle nous ouvre les portes de son atelier : elle raconte sa rencontre (pour le moins romanesque) avec la langue bulgare, son parcours de traductrice, son combat pour extraire la littérature bulgare des clichés. Elle met également en comparaison des extraits en VO et en VF de Physique de la mélancolie, de Guéorgui Gospodinov (auteur couronné de l’International Booker Prize en 2023 pour son roman Time Shelter). Ce jeu de miroir permet de concrétiser la complexité du passage d’une langue à l’autre, ainsi que toutes ses merveilles.
Entre approche réflexive et pratique sensible de la traduction : une conversation toute en équilibres.
Épisode 3 | Miel, tricheries et poésie grecque
Petit-fils d’immigrés russes, professeur d’anglais, puis traducteur du grec, Michel Volkovitch a baigné dans les langues toute sa vie. Aujourd’hui retraité, il se consacre au Miel des Anges, la maison d’édition qu’il a fondée en 2013, pour laquelle il traduit de nombreux auteurs grecs contemporains – poésie, théâtre et nouvelles principalement.
Avec malice et un art certain de la punchline, il raconte sa rencontre avec la langue grecque, à l’âge de 30 ans : un coup de foudre, qui lui a permis de se lancer à la fois en traduction et en écriture. Il interroge la porosité entre langue et culture, évoque sa perception de la musicalité des langues, et toutes ces petites « tricheries » qui font le sel de la traduction.
Passionné de poésie, Michel Volkovitch détaille aussi sa traduction de La Cycliste, poème d’Odyssèas Elytis (prix Nobel 1979), issu du recueil L’R d’Eros (Miel des Anges, 2018). Il ouvre ainsi une fenêtre sur la sensibilité poétique grecque, et sur l’art délicat de la traduction en vers rimés.
Épisode 4 | Spliff, accent du sud et dialectes croates
Aujourd’hui installée à Zagreb, Chloé Billon est à la fois traductrice littéraire et interprète de conférences en langue bosnienne, croate, monténégrine et serbe. En dix ans, elle a traduit de nombreux auteurs contemporains et reçu plusieurs prix de traduction, dont celui de l’INALCO/Vo-Vf pour Les Turbines du Titanic de Robert Perišić (2020) et celui de la ville d’Arles pour La Renarde de Dubravka Ugrešić (2023).
Dans cet épisode, elle évoque son parcours, les langues minorées, l’exercice difficile de traduction des dialectes et l’imbrication de la langue et du politique, une question particulièrement sensible en ex-Yougoslavie. Elle met également en comparaison des extraits en VO et en VF de Ton fils Huckleberry Finn, de Bekim Sejranović, qu’elle a traduit pour les éditions Intervalles en 2021. Ce jeu de miroir permet de concrétiser la complexité du passage d’une langue à l’autre, ainsi que toutes ses merveilles.
Un échange marqué par la dualité de toute traduction, entre art de la perte et immense terrain de jeu.