Blog • Nuit blanche avec Alban Muja, un artiste du Kosovo à la recherche du temps perdu

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Samedi 5 octobre, le créateur vidéaste Alban Muja présente une installation dans la Petite Galerie de la Cité internationale des Arts à Paris où il a été en résidence en 2018. Elle entre en résonance avec la vidéo « Family Album » déployée pour le Pavillon du Kosovo dans le cadre de la Biennale d’art de Venise 2019. Cette exposition personnelle à Paris est programmée jusqu’au 20 octobre.

– F.M. – THE PROCESS est une installation vidéo de l’artiste Alban Muja qui plonge dans les mémoires personnelles et collectives de la guerre du Kosovo (1998-1999). Il interroge le rôle que les images et les médias jouent dans la construction et la structuration de la narration, de l’identité et de l’histoire, surtout en période de conflit.

Vingt ans après la fin de la dernière guerre qui a eu lieu au XXe siècle sur le sol européen, Muja invite quatre jeunes adultes à méditer sur des photos d’enfance prises par des photojournalistes les montrant fuyant leurs foyers et qui ont, par la suite, été publiées dans la presse du monde entier. Les visages à l’écran réagissent moins à l’histoire qu’à sa représentation.

Un « Family Album » à la recherche du temps perdu

Alban Muja est né au Kosovo en 1980. Basé à Prishtina, son travail comprend des installations vidéo, des courts métrages et des documentaires, des dessins, des peintures et des performances. Sa première partie de carrière est ponctuée depuis 2006 par de nombreuses résidences à l’étranger. Il a été accueilli successivement en Angleterre, aux États-Unis, en Serbie, Autriche, Turquie, Slovénie et, en 2018, en France où il a été lauréat à la Cité Internationale des Arts (CIA) à Paris. Depuis le début des années 2000, il a présenté son travail dans de très nombreuses expositions personnelles ou en groupe dans plus d’une vingtaine de pays.

Pour Vincent Honoré, commissaire du Pavillon du Kosovo à la Biennale, le travail de Muja est largement influencé par les processus de transformation sociale, politique et économique en cours dans son Kosovo natal et dans l’ensemble de la région des Balkans. À travers sa pratique, l’artiste explore l’histoire et les thèmes sociopolitiques et les relie à sa position actuelle au Kosovo.

Le projet de Muja a pour origine une sélection de photographies d’enfants réfugiés prises pendant la guerre. Ces images ont été publiées dans des journaux et sur des sites d’actualités à travers le monde. Devenant synonymes de guerre, emblématiques du chaos, des traumatismes et de la douleur, elles ont été communiquées au public par les médias mondiaux.

Vingt ans plus tard, Muja s’est mis en quête des individus, devenus des adultes, capturés dans ces cadres, afin de comprendre en quoi les images qui en découlent sont vecteurs de mémoire personnelle et contribuent à la création d’une histoire politique et médiatique plus vaste, indépendante du contrôle de tous les sujets représentés.

La rencontre à Paris de l’artiste en compagnie d’Anya Harrison, co-commissaire du Pavillon du Kosovo à la Biennale 2019, sera l’occasion d’aborder le concept et le réalisme du projet de l’artiste ainsi que de parler de la genèse de ce pavillon.

Elle est organisée par la CIA dans le cadre d’un programme qui s’intéresse aux projets de résidents et d’anciens résidents qui participent à la Biennale de Venise 2019. Elle réunit l’artiste et Anya Harrison, co-commissaire du Pavillon du Kosovo.

Anya Harrison est curatrice au MOCO – Montpellier Contemporain ainsi que critique d’art. Elle a travaillé au côté de Vincent Honoré pour le Pavillon du Kosovo à la Biennale de Venise 2019.

Rencontre le 5 octobre à 20h30. Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles. Et plus d’information sur l’artiste sur le site albanmuja.com