Milorad Dodik et Marine Le Pen appellent à une conférence « contre les méfaits de la justice »

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Dénoncer les excès et les méfaits de la justice, remettre enfin aux ordres juges, procureurs et avocats, assurer l’impunité des dirigeants politiques : tels seront les objectifs de la Conférence internationale que Milorad Dodik et Marine Le Pen vont organiser à Budapest, avec le soutien de Viktor Orbán.

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Par Charles Dupont de Sharan

© Riba Peshku News

Ce sera certainement l’un des événements politiques marquants du printemps. Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national français, condamnée le 31 mars à cinq ans d’inéligibilité, et Milorad Dodik, le président de la Republika Srpska de Bosnie-Herzégovine, sous le coup d’un mandat d’arrêt décerné par la justice bosnienne, ont annoncé ce mardi 1er avril leur intention d’organiser « d’ici deux à trois semaines » un colloque international « contre les méfaits de la justice ».

« Alors que les juges se croient indépendants, il est temps de rappeler que l’institution judiciaire est soumise à une obligation suprême, servir la nation et ceux qui la dirigent ou sont appelés à la diriger. La soi-disant indépendance de la justice n’est qu’un masque servant à dissimuler la complicité des wokistes vendus au parti de l’étranger, des partisans de la transidentité et du changement de sexe dès le plus jeune âge », précise le communiqué conjoint annonçant cet événement.

Poutine et Netyanhaou à la cérémonie d’ouverture ?

Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a aussitôt proposé d’accueillir ce meeting à Budapest. Il devrait donc se dérouler au Bastion des pécheurs, dans la haute ville de Buda, surplombant le Danube. Alors que Milorad Dodik poursuit une tournée depuis sa condamnation à un an de prison qui, après Israël, l’a mené à Moscou, il assure que tous ses interlocuteurs sont « enthousiasmés » par le projet.

« Je ne peux pas m’avancer sur leurs emplois du temps respectifs », a-t-il expliqué à la presse. « Mais le colloque pourrait être ouvert par Benjamin Netanyahou et Vladimir Poutine, des hommes d’État vraiment engagés dans la défense d’une justice aux ordres, et tous deux des amis sincères de la Républika Srpska. »

Elon Musk, du reste, a aussi manifesté son enthousiasme pour ce projet depuis le réseau X, assurant que la lutte contre l’indépendance de la justice devait faire partie des nouvelles priorités de la politique d’influence des Etats-Unis. Il ne s’est pas engagé, toutefois, sur une éventuelle participation de Donald Trump au colloque mais, selon nos informations à Washington, celle-ci risque d’être difficilement compatible avec la météo printanière des terrains de golf de Mar-a-Lago.

Par contre, plusieurs orateurs ont déjà confirmé leur présence (physique ou en vision, certains souffrant d’empêchements indépendants de leur volonté), dont l’ancien président français Nicolas Sarkozy et les anciens Premiers ministres croate et slovène, Ivo Sanader et Janez Janša.

Les Ćaci de Serbie déjà en route

Le mouvement des étudiants 2.0 de Serbie, plus connus sous le nom de « Ćaci », qui réclament ardemment la reprise des cours, a déjà annoncé qu’il allait organiser un départ massif pour assister au colloque. « Ainsi, l’année universitaire ne sera pas complètement perdue, nous pourrons apprendre quelques vérités auprès des personnes les plus autorisées à parler de justice », se réjouit un porte-parole anonyme du mouvement contestataire pro-régime.

Un départ collectif est prévu le 3 avril de Stari Slankamen, à 30 kilomètres en amont de Zemun. « Nous allons voyager par le Danube, comme nos ancêtres, mais cette fois à contre-courant, en remontant le fleuve en jet-skis », explique notre interlocuteur, qui précise qu’il sera bien sûr interdit de sauter sur les skis « pour d’évidentes raisons de sécurité ».

Une halte est prévue sur l’île sablonneuse de Liberland, cette terra nulla revendiquée depuis bientôt exactement dix ans par le libertarien tchèque Vit Jedlicka, à condition toutefois que la crue annuelle du Danube ne l’ait pas inondée. « Nous allons examiner le projet de créer un Ćacilend sur le modèle du Liberland où nous pourrions organiser en toute tranquillité notre université d’été », indique l’étudiant qui veut étudier.