Blog • Libération et le célèbre photographe albano-américain Gjon Mili (1946)

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Le quotidien Libération publiait le 26 septembre 1946, une interview sur la venue du célèbre photographe albano-américain Gjon Mili à Paris dans le but d’exposer ses œuvres.

Aux Etats-Unis, tout le monde le connaît : Mili, Gjon Mili, est le meilleur photographe de la planète ; 6 East, 23 Rd. Street à New-York, il possède le studio le plus vaste et le plus moderne du monde.

Et dans quelques jours, tous les photographes de Paris pourront découvrir à la galerie du Bac, où, sous les auspices des Services Français de Renseignements aux U.S., il exposera ses œuvres, une technique complètement ignorée de notre continent.

Mili, qui est arrivé à Paris il y a quelques jours avec 250 kilos de matériel pour pénétrer les mystères de la Conférence du Luxembourg, se fera, un plaisir de leur expliquer son système.

— Y a-t-il longtemps que vous êtes photographe ? avons-nous demandé à Gjon Mili qui avait bien voulu nous recevoir dans les bureaux de notre confrère « Life ».

— Je suis ingénieur électricien. C’est pour apprendre l’électricité, en effet, que cet Albanais, après avoir appris le français à Bucarest, se rendit aux Etats-Unis où il n’était encore, en 1939, qu’un photographe amateur.

Pendant la guerre, conseiller au « Technical Data Laboratory », il a travaillé notamment à l’étude des projectiles. Grâce à son système, il a permis, par l’étude minutieuse des mouvements de la marche, d’améliorer encore les jambes articulées orthopédiques.

Seul photographe officiel de la Conférence de San Francisco, il a simplement, sans que les éclairs de ses lampes vinssent troubler leurs débats, campé tous les grands de ce monde. Au Luxembourg, ses appareils ont provoqué quelque émoi et il n’a pas encore obtenu toutes les facilités qu’il souhaitait. Alors, il rôde à Montmartre. La Bretagne et les Pyrénées le tentent.

Il cherche un studio à Paris et s’il le trouve, il reviendra ensuite tous les ans :

— Il y a tant de douceurs en France que l’on peut y faire des choses gentilles.

Sa technique ? Je vous l’ai dit, il est ingénieur électricien.

Les résultats ? Quant aux résultats : nous ne connaissons pas meilleur témoin que ces trois photos, signées Mili, et que nous sommes les premiers de la presse française à publier.

Photo 1 : Gjon Mili a réussi, sur une seule plaque, à saisir le mouvement avec autant de précision que le cinéma. Les gestes de cette petite fille sautant à la corde retiennent l’attention comme une œuvre d’art.

Photo 2 : Remarquez la pose du pied droit de l’homme vu de face ; votre œil achève le mouvement commencé.

Source : gallica.bnf.fr

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