Paris (75007)

Les sciences sociales face aux dissolutions de l’URSS et de la Yougoslavie

| Le

Mardi 24 janvier 2023 – 17:00 – 19:00
Inalco, Maison de la Recherche, Auditorium Dumézil (2, rue de Lille, 75007 Paris)

Le CREE (Centre de Recherches Europes-Eurasie) en collaboration avec le CeTOBaC (EHESS) a le plaisir de vous convier à la septième séance des Débats du CREE intitulé : Les sciences sociales face aux dissolutions de l’URSS et de la Yougoslavie.

Discussion autour des ouvrages suivants :

Agustin Cosovschi, Les sciences sociales face à la crise. Une histoire intellectuelle de la dissolution yougoslave (1980-1995), Paris, Karthala, 2022
Dossier « Les Traces de 1991 », Revue d’études comparatives Est-Ouest, vol 2/2021

Avec
Pascal Bonnard (Triangle, université Jean Monnet, Saint Etienne)
Xavier Bougarel (CETOBaC, CNRS)
Agustín Cosovschi (Ecole Française d’Athènes)
Laurent Coumel (CREE, Inalco)
Maxime Quijoux (CNAM, CNRS)
Anne Madelain (CREE, Inalco)
Modéré par Nathalie Clayer (CETOBaC, EHESS)

Alors que la mémoire des dissolutions en 1991 des deux fédérations socialistes, la soviétique et la yougoslave, a été avare de commémoration, les effets de ces deux séismes politiques continuent de se faire douloureusement sentir aujourd’hui, dans la guerre en Ukraine autant que dans les tensions au Kosovo et en Bosnie-Herzégovine.

Discussion autour de deux publications récentes qui traitent de la façon dont les sciences sociales ont abordé et ont été transformées par ces bouleversements :

– Agustin Cosovschi, Les sciences sociales face à la crise. Une histoire intellectuelle de la dissolution yougoslave (1980-1995), Paris, Karthala, 2022 – Dossier  « Les Traces de 1991 », Revue d’études comparatives Est-Ouest, vol 2/2021 Les Débats du CREE sont un rendez-vous mensuel consacré à l’actualité éditoriale et de la recherche sur l’Europe médiane et l’espace post-soviétique dans différentes disciplines (sciences du langage, sciences humaines et sociales) PRÉSENTATION DES OUVRAGES Les sciences sociales face à la crise. Une histoire intellectuelle de la dissolution yougoslave (1980-1995) par Agustín Cosovschi
En puisant dans un large corpus de publications scientifiques, de documents de presse et d’archives, complété par des entretiens personnels avec des chercheurs et chercheuses en Serbie et en Croatie, cet ouvrage propose un examen critique de l’univers des sciences sociales yougoslaves pendant la période de crise qui va de la mort de Josip Broz Tito en 1980 à la fin de la guerre en Croatie et en Bosnie en 1995.

L’auteur montre que, malgré leur inéluctable position de faiblesse face aux grandes transformations politiques, économiques et sociales en Yougoslavie, de nombreux chercheurs et chercheuses réussissent à préserver certains espaces d’autonomie pendant cette période de crise. Par ailleurs, il souligne que, malgré la rupture que signifie le début de la dissolution yougoslave en 1991, il existe de nombreuses continuités conceptuelles et théoriques entre les années 1980 et les années 1990.

En se servant du monde des sciences sociales comme d’un prisme pour analyser la dissolution de la Yougoslavie, cet ouvrage offre des pistes de réflexion sur la crise du projet socialiste yougoslave et donne un récit actualisé et rigoureux de la crise et de la désagrégation yougoslaves.

Agustín Cosovschi est historien, spécialiste de la guerre froide dans le Sud-Est européen. Docteur de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et de l’Université nationale de General San Martin (Argentine), il est actuellement membre scientifique à l’École française d’Athènes.

Dossier « Les Traces de 1991 », Revue d’études comparatives Est-Ouest, vol 2/2021

L’année 1991 marque une des ruptures majeures du XXe siècle : la fin d’un monde bipolaire, l’éclatement de l’Union soviétique et de la Yougoslavie, ainsi que la (ré)émergence d’États-nations souverains dans cette partie du monde couvrant les Balkans, l’ancienne “Europe de l’Est” et l’Eurasie centrale (ex-empire russe puis soviétique). La dislocation de ces deux pays revendiquant une organisation fédérale relève du même mouvement d’effondrement du socialisme d’État, mais en illustre deux modalités différentes. Ces trajectoires différenciées, engagées bien en amont, dès la rupture entre Tito et Staline en 1948, ont produit deux expériences historiques distinctes et contrastées. Trente ans après la disparition concomitante des États yougoslave et soviétique, ce dossier vise à mettre en regard ces deux événements majeurs de 1991, et les processus qui les ont préparés, en recueillant la parole de chercheuses et de chercheurs qui ont vécu et analysé ce moment historique singulier.

Les entretiens réalisés avec Elena Zdravomyslova, Marat Shterin, Ivan Čolović, Jasna Dragović-Soso, Nikolaj Mitrohin et Simon Godard retracent leurs parcours au cours de ces trois dernières décennies ; ils sont une invitation à relire les travaux en sciences humaines et sociales dans les espaces post-soviétique et post-yougoslave, au moment où les affrontements militaires redoublent les barrières linguistiques, institutionnelles, voire sanitaires, qui font obstacle au dialogue. A l’heure où la guerre engagée par la Russie dévaste l’Ukraine, repenser l’expérience de 1991 est une nécessité pour comprendre les violences du passé et du présent.