Blog • Les Balkans et l’UE : que reste-t-il du Sommet de Trieste ?

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A lire les commentaires dans la presse, la déception prévalait après le Sommet de Trieste du 12 juillet. En réalité les Balkans occidentaux restent un terrain d’expérimentation pour des essais de « nouvelle gouvernance ».

La baie de Trieste
© Laurent Geslin / CdB

La rencontre de Trieste était le quatrième des sommets organisés depuis 2014 dans le cadre du « Processus de Berlin », initiative allemande adressée aux Pays des Balkans occidentaux afin de leur consentir de continuer à partager, à travers la relance d’un processus de consultation, confrontation et coopération, avant tout entre eux, mais aussi avec certains pays de l’Union européenne, l’élan vers l’adhésion, lorsque celle-ci paraissait plutôt bloquée au niveau d’Union européenne.

Initiative de coopération intergouvernementale donc, l’Union européenne n’y est pas engagée sinon dans la mesures des Etats membres y participant pris au singulier et des financements octroyés. A ce propos des représentants de l’Union européenne et des institutions financières internationales : Banque européenne d’investissement et Banque européenne pour la reconstruction et le développement étaient présents au sommet.

Le « Processus de Berlin » n’est pas l’Union européenne

Techniquement le sommet de Trieste a été la rencontre des Chefs des gouvernements, des ministres des affaires étrangères et de l’économie de : Albanie, Bosnie-et-Herzégovine, Ancienne République yougoslave de Macédoine, Monténégro, Serbie, pour le côté pays des Balkans. Autriche, Croatie, France, Allemagne, Slovénie pour le côté Union européenne et enfin le Royaume-Uni.

Evidemment, en toile de fond l’Union européenne est toujours là, le processus de Berlin faisant partie, lui aussi de cette « architecture institutionnelle » souple, faites de cadres de coopération s’entrecroisant et superposant qui répondent à l’exigence de : contourner les obstacles des structures institutionnelles trop figées, afin de proposer des solutions à de questions qui ne pourraient autrement être surmontées, voire affrontées dans des délais brefs, pour faute de consensus à rejoindre à plusieurs, où simplement de rigidité et de longueur de certains mécanismes de prise de décision.

Bien évidemment sans prétention d’être plus efficaces que les institutions dont partiellement et temporairement elles font l’office et ayant des buts limités comme dans le cas d’espèce, l’initiative visant à aider les pays participants dans le développement économique, le renforcement des réseaux de connexion comme ceux des transports et des infrastructures énergétiques (en jargon européen la « Connectivity Agenda »), de coopération régionale et enfin de participation de jeunes.

La « gouvernance expérimentale »

Adaptabilité et légèreté de structure consentent à ces « forums » d’affronter des questions urgentes en de temps rapides, ce sont ceux-ci, les instruments issus de la « gouvernance expérimentales » qui ont été conçu pour faire face aux défis globaux par les moyens de la coopération entre administrations nationales et des formes d’engagement de la société civile.

La rencontre de Paris de 2015 avait eu lieu juste après les attentats terroristes dans la ville, nulle doute que l’événement ait influencé le débat à l’occasion, en soulignant la nécessité de renforcer la coopération dans les domaines de la gestion de flux migratoires massifs et de la lutte au terrorisme.

A Trieste, la société civile, côté jeunes a été activement engagée sous le chapeau du « Youth forum » par le moyen d’une rencontre de soixante jeunes provenant des pays des Balkans occidentaux et de l’Union européenne pour la mise en pratique du « Plan d’action pour le travail des jeunes et la politique pour les jeunes ».

Représentants des administrations locales ont été eux aussi engagés dans un workshop au sujet de la lutte à la corruption organisé par l’ANAC, l’Autorité nationale italienne pour la lutte contre la corruption en partenariat avec une autre initiative qui s’occupe de lutte contre la corruption, la RAI, Regional Anticorruption Initiative. Cette activité aussi est un signe de « gouvernance expérimentale », laquelle par des mécanismes d’apprentissage en le faisant consent aux acteurs locaux de partager et apprendre, aussi à travers des rencontres et des workshop, de bonnes pratiques à utiliser dans le contexte local.

Ce qui manque encore à ces instruments est le manque de démocratie. Là aussi il faudrait nuancer parce que ces initiatives ne manquent pas tout à fait de démocratie, en entrainant une forme de démocratie qu’en anglais on définit « accountability », ou une obligation à répondre. Bien que ne répondant pas directement à un électorat, aussi les acteurs qui font de la gouvernance expérimentale doivent répondre à quelqu’un et leurs décisions peuvent être sanctionnés par la société civile qui participe à ces initiatives, non pas directement comme dans le cas des élections, mais par les conduites pratiques des membres de la société civile ou des fonctionnaires des administration locales.

Une initiative dans la la lignée des précédentes

A bien regarder les sujets traités par le forum de Trieste pour en citer quelques-uns : les couloirs pan-européen de transport, ou bien la zone économique régionale couvrant le commerce, les investissements, la mobilité et l’économie régionale entre les Pays des Balkans occidentaux, sont toujours les mêmes sujets traités depuis la fin des années quatre-vingt-dix avec des résultats mitigés.

Le même fait d’organiser la rencontre à Trieste, dans la ville qui hôte le Secrétariat de l’une des plus anciennes des initiatives de coopération régionale dans l’aire, l’Entente centro-européenne, constituée en 1989, nous amène à faire cette comparaison encore de plus près. Et on pourrait aussi se demander en passant qu’est-ce qu’en est de cette autre initiative de coopération multilatérale elle aussi créée pour soutenir l’intégration européenne des pays y participant à travers la combinaison d’actes de diplomatie multilatérale et gestion de projet financés. Et on découvre que l’Entente européenne, comme d’autres initiatives de coopération régionales, étaient à Trieste au sommet et qu’elles ont-elles-aussi participé aux travaux.

D’ailleurs, comme l’on a dit avant, on ne peut pas trop prétendre d’une initiative multilatérale limitée, si non de relancer le débat et à la limite avec leur souplesse et adaptabilité de venir à l’encontre des circonstances présentes, au même temps on peut en apprécier les efforts données et la tentative de trouver des façons alternatives de faire de la gouvernance.