La Serbie se réveille • Dernières infos : « Cela fait quinze ans que la Serbie n’avait pas connu un tel élan démocratique »

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Seizième jour consécutif de manifestations populaires et spontanées en Serbie. Depuis le 3 avril, des milliers de personnes se rassemblent chaque soir dans toutes les grandes villes pour dénoncer la dérive autoritaire d’Aleksandar Vučić. Le mouvement a commencé au lendemain de son écrasante victoire au premier tour de la présidentielle.

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Par la rédaction

« Cela fait quinze ans que la Serbie n’avait pas connu un tel élan démocratique »

18 avril — 23h30 : À Belgrade, 2000 personnes se sont rassemblées pour réclamer des « élections libres et justes » en passant par un trajet alternatif via le boulevard Alexandre Ier, Terazie, Knez Mihailova avant de se diriger vers le Kalemegdan puis de revenir se terminer devant le Parlement via la place de la République.

« Cela fait quinze ans que la Serbie n’avait pas connu un tel élan démocratique », se réjouit Jovan, un retraité de 76 ans qui n’a pas manqué une seule des manifestations. « Tant que mes jambes peuvent marcher, je suis dans la rue avec les jeunes. »

Sifflets, vuvuzelas, tambours. Comme chaque jour depuis le début du mouvement, le cortège fait du bruit pour se faire entendre « contre la dictature », conspue copieusement « le voleur » Vučić. L’ambiance est bon enfant, on se moque avec ironie des attaques du pouvoir.

De nombreux badges « la jeunesse droguée » ornent les vestes, allusion aux déclarations de parlementaires du SNS accusant le mouvement populaire de n’être formé que de toxicomanes. Autour les passants, nombreux, filment avec leurs téléphones portables. À peine quelques policiers assurent la sécurité.

D’autres rassemblements ont eu lieu dans toute la Serbie. À Subotica, à la frontière hongroise, une centaine de manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville pour le 14e soir consécutif. « En Serbie, les couples LGBT n’ont pas le droit se marier ni d’avoir des enfants », a rappelé ce mardi une oratrice de 25 ans. « Parce que je suis lesbienne, je n’ai pas le droit de me marier, ni d’avoir des enfants, je ne fais pas partie de la famille. » Une manifestation est annoncée demain à 19h devant le théâtre national.

À Niš (Sud), les manifestants ont dénoncé la doktormanija qui s’est emparée du pays. Des faux diplômes ont été remis à des étudiants portant les masques du ministre de l’Intérieur Nebojše Stefanović ou du maire de Belgrade Siniša Mali.

Nouveaux rassemblements massifs ce mardi

18 avril — 18h45 : Suivez le rassemblement de Belgrade en direct :

Les journalistes dénoncent la « chasse ouverte » contre eux

17 avril — 23h : Novinarska mreža, un réseau informel de journalistes des pays de l’ancienne Yougoslavie ont fermement condamné ce lundi dans un communiqué les menaces contre Nedim Sejdinović, président de l’Association des journalistes indépendants de Voïvodine, et demandé aux autorités serbes d’agir au plus vite.

Une réponse d’urgence de l’État est nécessaire, « d’autant plus que les menaces sur les réseaux sociaux sont proférées par des gens dont l’identité n’est même pas cachée ». Selon le réseau de journalistes, les agresseurs n’ont plus besoin d’avancer masqués, car les menaces et attaques contre les journalistes n’étant pas sanctionnées, le message est clair : « la chasse aux journalistes est ouverte », indique le communiqué.

Il s’agit selon les journalistes d’une campagne d’intimidation, tant ces attaques sont devenues nombreuses et régulières ces dernière semaines. « Vu le climat d’hostilité croissante à l’encontre des médias, nous invitons les journalistes de la région, mais aussi le public, à faire preuve de solidarité, à renforcer la coopération et à faire pression ensemble sur les autorités afin de punir les auteurs des attaques contre les journalistes. »

Le communiqué a été signé par : Norbert Šinković, Miodrag Sovilj, Dušan Singh, Borjan Jovanovski, Anamari Repic, Predrag Blagojevic, Mašenjka Bacic, Ahmetasevic, Djordje Krajisnik, Tamara Opacic, Branka Dragovic Savic, Zarka Radoja, Sanja Kljajić, Ana Benačica, Jasna Babic, Goran Borkovic, Sasa Ciric, Aleksandar Trifunovic.

Parmi les signataire, également : Elvir Padalovic, Boris Pavelic, Petar Vidov, Iva Martinovic, Ladislav Tomičić, Tanja Pirnat, Jerko Bakotin, Ivor Fuka, Danka Derifaj, Biljana Žikić, Ilir Gashi, Hilma Unkić, Barbara Matejčić, Una Hajdari, Tanja Vujisic, Eldin Hadzovic, Olivera Slavnić, Milos Zivanovic.

Pas de trêve pascale pour la mobilisation !

13 avril – 23h30h : Une « pause » dans les rassemblements quotidiens à Belgrade avait été annoncé mercredi. Malgré cela, des milliers de manifestants se sont retrouvés devant le Parlement jeudi à 18 heures, et la mobilisation devrait se poursuivre durant les fêtes pascales. La question a été lancée au mégaphone : « est-ce que l’on se voit demain ? », et la foule des manifestants a répondu : « demain à six heures ! »

Des manifestations ont également lieu ce jeudi à Novi Sad, Niš et plusieurs autres villes.

Pâques : les manifestants font une pause à Belgrade, continuent ailleurs

12 avril – 23h30h : A l’issue du rassemblement de mercredi soir, les manifestants de Belgrade ont annoncé une pause pour les fêtes pascales (aux mêmes dates, cette année pour les catholiques et les orthodoxes). Le prochain rassemblement aura lieu mardi 18 avril dans la capitale. Par contre, le mouvement ne marque pas de pause à Novi Sad, Niš ou Subotica.

Les journalistes et les médias indépendants rallient le mouvement

12 avril – 23h30h : L’Union indépendante des journalistes serbes (NUNS), l’Association des journalistes indépendants de Voïvodine (NDNV), l’Association des médias électroniques indépendants (ANEM), l’association des médias on-line (AOL), l’association des médias locaux indépendants Lokal Pres et la Fondation Slavko Ćuruvija appellent à participer aux manifestations quotidiennes.

Mardi 11 avril, le chef du groupe SNS au Parlement, Aleksandar Martinović, avait brandi à l’Assemblée des photographies de manifestants à Belgrade et à Novi Sad, citant leur nom, parmi lesquels les journalistes Nedim Sejdinović et Dinka Gruhonjić, Antonela Riha, Luka Višnjić, le fils de la journaliste de B92 Olja Bećković, des journalistes de Danas et Vreme, ou encore le satiriste Zoran Kesić. « Tous des gens qui n’ont rien à voir avec la politique, » a-t-il ironisé, essayant de prouver que « ces manifestations sont organisées par l’opposition avec le soutien de l’étranger ».

Cette attaque a eu lieu le 18e anniversaire de l’assassinat (toujours non éclairci) du journaliste Slavko Ćuruvija, ont rappelé les journalistes indépendants, cibles des tabloïds pro-gouvernementaux et régulièrement menacés de mort.

Mercredi, des manifestations ont eu lieu à Belgrade, Novi Sad, Subotica, Niš et dans d’autres villes de Serbie. À Belgrade, elles reprendront mardi prochain. À Novi Sad, par contre, le mouvement continue.

Suivez le rassemblement de Belgrade en direct :

Aleksandar Vučić raille les manifestants

© Protiv Diktature / Facebook

12 avril – 15h : Mardi, les électeurs de huit bureaux de vote étaient de nouveau appelés aux urnes pour l’élection présidentielle à cause de fraudes avérées.

Aleksandar Vučić s’est publiquement vanté de son triomphe, annonçant l’avoir emporté avec des scores encore plus élevés que le 2 avril.« Si nous avions autorisé les manifestations plus tôt, nous l’aurions emporté avec 65,7% », a ironisé le Premier ministre élu président dès le premier tour avec plus 55% des voix.

Selon ses chiffres, il aurait obtenu 78,1% des voix à Topola, 77,72% à Pančevo, 54,53% à Zvezdara dans la municipalité de Belgrade, 74% à Vršac, 78,24% à Zrenjanin, 77% à Bačka Palanka, 70,5% à Vrbas, 65% à Kraljevo. Tout en se gardant d’annoncer le moindre chiffre de participation.

Aleksandar Vučić a répété qu’il ne rencontrerait pas les manifestants qui battent le pavé dans tout le pays, expliquant qu’il refusait « toute forme de chantage ». « Nous voulons la stabilité et la paix », a-t-il souligné. Un discours adressé à ses partenaires européens, qui se murent dans le silence face au mouvement citoyen considérant l’homme fort de la Serbie comme leur meilleur partenaire.

Unité étudiants-travailleurs pour les droits sociaux

11 avril - 23h30 : La neuvième journée de mobilisation a été marquée, à Belgrade, par la mise en avant des droits sociaux. Le rassemblement a observé une minute de silence à la mémoire du journaliste Slavko Ćuruvija, assassiné le 11 avril 1999. « Quand Slavko Ćuruvija a été tué, Aleksandar Vučić était ministre de l’Information », a rappelé Željko Veselinović, de l’Union des syndicats de Serbie Sloga, qui a rejoint le mouvement.

Le cortège a été rejoint par des travailleurs de l’Usine de moto et de tracteurs (IMT) de Novi Beograd, au chômage depuis un an et demi. Beaucoup de slogans appelaient à l’unité entre les étudiants et les travailleurs.

A Belgrade, rassemblement devant le siège du gouvernement

11 avril - 18h30 : Ce mardi, les manifestants se sont donnés rendez-vous devant le siège du gouvernement, et non devant le Parlement. Posée à l’angle des rues Nemanjina et Knez Miloš, une immense banderole réclame : « des élections libres et justes, la liberté des médias, départisation, défense des droits sociaux ».

Suivez la manifestation en direct

Des milliers de manifestants à travers toute la Serbie

Novi Sad, 10 avril 2017
© Norbert Šinković / RFE-RL

10 avril - 22h30 : Les manifestants ont défilé devant le siège de la RTS, le gouvernement de Serbie et les bureaux de Studio B. En tête du cortège, avançait une grande banderole proclamant « À bas la dictature ». D’autres réclamaient « la santé pour tous », « Liberté pour les médias » ou encore « Où est la justice sociale ? » Rendez-vous est donné pour mardi à 18 heures à Belgrade, Novi Sad, Kragujevac, Niš, Subotica, Čačak, etc.

10 avril - 19h : Des milliers de manifestants sont à nouveau en train de se rassembler à Belgrade, Novi Sad et dans de nombreuses autres villes du pays. Suivez la manifestation de Belgrade en direct :

10 avril - 18h : Tenant une conférence de presse avec le sénateur américain John McCain, Aleksandar Vučić a démenti avoir l’intention d’organiser une contre-manifestation jeudi prochain. « Ce sera le Jeudi saint. Pourquoi aurais-je besoin de faire descendre 50 ou 100 000 personnes dans la rue contre ceux qui ont perdu les élections ? », a-t-il répondu à la question d’une journaliste de Studio B.

Rendez-vous lundi midi à Andrićev venac

9 avril - 22h30 : Les manifestants se sont séparés dimanche soir à Belgrade en se donnant rendez-vous lundi à midi à Andrićev venac, siège de la Présidence de la République, où doit être remise une demande officielle d’annulation de l’élection du 2 avril. Un autre appel au rassemblement lundi à 18 heures a été donné.

Plus de 5 000 personnes ont également manifesté ce dimanche à Novi Sad, tandis que des rassemblements avaient également lieu à Subotica, Čačak, Kruševac, etc.

La mobilisation a repris à Belgrade, à suivre en direct

9 avril - 18h30 : Après la grande manifestation de samedi, les contestataires se retrouvent ce dimanche à 18 heures à Belgrade, place Nikola Pašić, non loin du Parlement. Des rassemblements sont également convoqués dans de nombreuses villes de Serbie.

Des dizaines de milliers de manifestants dans le centre de Belgrade

8 avril - 19h30 Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés samedi après-midi devant le siège du gouvernement serbe, avant de défiler jusqu’au Palais de la Serbie (l’ancien Palais fédéral), à Novi Beograd, formant une colonne de près de deux kilomètres de long. Selon la police, le cortège aurait rassemblé 10 000 personnes, l’agence Beta parle de 15 000, tandis que certains organisateurs, comme Novica Antić, du Syndicat de l’Armée, avancent des chiffres bien plus élevés, de l’ordre de 70 à 80 000.

Un rassemblement de soutien a eu lieu à Vienne, en Autriche, tandis qu’une « contre-manifestation » de soutien au gouvernement rassemblait... huit personnes à Novi Sad.

Un nouveau rassemblement est convoqué lundi à 18 heures dans le centre de Belgrade.

8 avril - 13h30 « Le temps où les politiciens pouvaient retourner l’armée et la police contre le peuple est fini. L’armée, la police et le peuple sont rassemblés aujourd’hui », a déclaré aux manifestants Željko Mijailović, chef du syndicat de la police. Des milliers de personnes défilent devant le bâtiment de la présidence, en criant « Vučić, voleur ! ». Aucun membre des forces de l’ordre n’est visible. Selon les organisateurs, la manifestation devrait se poursuivre jusqu’à 20h.

8 avril - 12h10 Des milliers de personnes se rassemblent dans le centre de Belgrade, à l’appel des syndicats de la police et de l’armée, du mouvement Ne da(vi)mo Beograd et des mouvements étudiants de Belgrade et de Novi Sad. Des manifestants venus de toute la Serbie sont attendus. Suivez le rassemblement en direct :

Pas de manif à Novi Sad, tous ensemble à Belgrade

8 avril - 0h10 Au cinquième soir de manifestations en Serbie depuis le lundi 3 avril, après avoir annoncé qu’il rejoignait la manifestation du syndicat de la police et de l’armée ce samedi midi à Belgrade, le Mouvement des étudiants de Novi Sad (Studentski pokret Novi Sad, SPNS) a également durci le ton.

Après avoir posé ses revendications - la révocation de la Commission électorale RIK et de l’autorité de régulation des médias électroniques REM, la démission de la Présidente de l’Assemblée nationale Maja Gojković, celles du rédacteur en chef de la radiotélévision publique serbe RTS et de son directeur de l’information, la révision des listes électorales et l’introduction du vote électronique - le SPNS réclame un changement complet du gouvernement, la fin du contrôle du parti sur les médias et la suspension des mesures économiques d’austérité. Vendredi à 18h, des rassemblements ont eu lieu à Belgrade, Novi Sad, Subotica, Zrenjanin, Niš, Leskovac, Požarevac, Užice, Šabac, Kraljevo, Sombor, Kragujevac, Kruševac, Vranje...

La manifestation de vendredi soir à Belgrade en direct sur Al Jazeera Balkans

Le pouvoir coupe les publicités du journal Danas, les réseaux sociaux s’activent en solidarité

Danas a annoncé qu’il serait publié samedi en noir et blanc faute de publicité. Le quotidien fait les frais de sa couverture des manifestations contre la dérive autoritaire d’Aleksandar Vučić : toutes les publicités, principale ressource du journal outre ses ventes, ont été coupées. Un grand mouvement de solidarité s’organise sur les réseaux sociaux pour inciter à l’achat du numéro de samedi.

5000 manifestants défilent dans le noir à Novi Sad

Novi Sad, 6 avril
© Facebook

6 avril - 23h 30 (Avec Autonomija) — Quelque 5000 citoyens ont défilé trois heures durant jeudi soir dans les rues de Novi Sad. Les manifestants ont appelé les passants à se joindre à eux pour « défendre la Serbie contre la dictature ». Le rassemblement a été initié par les étudiants de l’université afin de « lutter pour le droit de toutes les personnes en Serbie », et dénoncer les mauvaises conditions des travailleurs.

Les étudiants brandissaient des slogans « Pas de sandwich, mais une révolution », « Grève, blocage, sabotage », « On est venus tout seul gratuitement », et « Si maman et papa ont pu se faire Sloba, on se fera ce pédé ».

La colonne s’est avancée dans les rues de Novi Sad où l’éclairage public a été temporairement éteint. La marche a pris fin devant le palais du gouvernement provincial aux cris de « À demain, 18h ».

Pour le quatrième soir consécutif, les jeunes manifestent dans la capitale de la Voïvodine. Ils estiment que l’élection présidentielle est « irrégulière » et que le gouvernement actuel cherche à « intimider les citoyens, humilier les travailleurs et mettre en place une dictature ».

Le lieu de rendez-vous est habituellement en face de la fresque murale de l’artiste français Guillaume Alby alias Remed, dans le centre-ville, où d’autres manifestations ont été récemment organisées - tout un symbole.

D’autres manifestations ont eu lieu simultanément à Belgrade, Niš, Kruševac, Zaječar, Subotica, Sombor...

La police et l’armée manifesteront samedi

6 avril - 22h Le syndicat de la police et de l’armée organisera, samedi midi en face du du palais gouvernemental à Belgrade, une manifestation à laquelle Ne Da(vi)mo Beograd a apporté son soutien. Les syndicats protestent « contre l’intention du gouvernement de privatiser l’armée et la police, [...] contre le plan de l’élite politique et économique de monopoliser et d’usurper les ressources publiques, de mettre en place un régime autoritaire, d’accumuler les richesses... », peut-on lire dans un communiqué de l’initiative citoyenne publié ce jeudi.

Le syndicat de la police et de l’armée rappelle que c’est la quatrième fois qu’il manifeste contre les mauvaises conditions de travail.

800 000 électeurs en trop

Les listes électorales serbes comptent 800 000 électeurs de plus que le nombre de citoyens en âge de voter, rapporte Al Jazeera Balkans. Sur ces listes se trouve notamment un électeur de... 128 ans. D’autres ont été enregistrés à des adresses fictives.

Selon le Bureau des statistiques de la République, la Serbie compte 7 186 962 habitants, dont 5,9 millions d’électeurs. Or, le registre central pour la présidentielle compte pas moins de 6,7 millions d’inscrits - soit une différence de 800 000.

La manifestation de jeudi soir en direct sur Al Jazeera Balkans

Le ministre de l’Intérieur accuse l’opposition de manipuler les manifestants

6 avril - 19h30 « Tous ensemble, ils organisent ces manifestations. Saša Janković, Vuk Jeremić... Eux-mêmes n’y vont pas en personne, mais vous avez une situation où les gens du monde politique sont là. [Borislav] Stefanović à Kragujevac, le Lokalni Front, qui fait partie de l’équipe de Janković, à Kraljevo. À Belgrade, ce sont les gens du mouvement Ne Da(vi)mo Beograd. Tout se voit, ils sont en première ligne, ce ne sont pas des informations secrètes, eux-mêmes les publient, ils en sont fiers », a déclaré mercredi le ministre de l’Intérieur Nebojša Stefanović à la télévision Pink.

Selon lui, ces protestations sont illégales, car elles n’ont pas été annoncées. « Mais ce n’est pas un problème », a-t-il ajouté, estimant que la sécurité n’était pas menacée.

Aleksandar Vučić a pour sa part assuré aux journalistes qu’il voyait dans ces manifestations un « vrai signe de la démocratie », dont il était « fier ». D’après lui, cependant, les critiques d’une concentration du pouvoir entre ses mains sont le reflet d’une haine personnelle » à son encontre. « Ce fut la journée électorale la plus pacifique en Serbie, et c’est cela qui rend les gens nerveux. »

Avant de lancer : « Nous sommes un pays démocratique et tout le monde a le droit d’être heureux ou pas avec les résultats de l’élection. Imaginez que j’appelle tous mes partisans à célébrer [la victoire] ».

Le tabloïd Informer proche du pouvoir accuse le milliardaire George Soros de soutenir et même d’organiser ces manifestations.

« Contre l’obscurité des médias et la dictature », ce que réclament les étudiants

© CdB / Marija Janković

5 avril - 23h Les étudiants des universités de Novi Sad et de Belgrade ont présenté leurs revendications mercredi 5 avril, deux jours après le début des rassemblements « contre l’obscurité des médias et la dictature » qui, lundi à 18h, au lendemain de l’élection présidentielle, ont attiré via Facebook et le bouche-à-oreille des milliers de jeunes et moins jeunes dans une quinzaine de villes en Serbie. Ils réclament :

• La démission des membres de la Commission électorale RIK, à cause du non-respect de la décision de la Cour constitutionnelle ;

• La démission des membres de l’autorité de régulation des médias REM, à cause de l’absence de réaction à des centaines de plaintes ;

• La démission de la présidente de l’Assemblée nationale, Maja Gojković, à cause du blocage de l’Assemblée nationale ;

• La démission du rédacteur en chef de la RTS et du directeur du programme d’informations de la RTS, à cause de la couverture médiatique du régime et de la représentation inéquitable des candidats.

Les étudiants de l’Université de Belgrade (BU) y ont ajouté la révision des listes électorales, et ceux du Mouvement des étudiants de Novi Sad la démission du rédacteur en chef intérimaire et du directeur de l’information de la radiotélévision de Voïvodine, RTV.

Peut-on parler d’élections régulières ?

Zoran Gavrilović (BIRODI) souligne qu’au moins trois lois ont été violées lors de l’élection présidentielle : celle sur l’élection des membres du Parlement qui prévoit la formation d’une commission chargée de surveiller le processus électoral au nom de l’Assemblée ; celle sur les médias électroniques (REM) chargée de garantir l’intérêt public dans les médias ; celle sur l’Agence de lutte contre la corruption, qui interdit à un fonctionnaire public d’utiliser des réunions publiques pour promouvoir son parti.

L’Association des journalistes indépendants de Serbie (NUNS), l’Association des journalistes des journalistes indépendants de Voïvodine (NDNV), l’Association des médias électroniques indépendants (ANEM), l’Association des médias locaux indépendants Locak pres et l’Association des médias en ligne (AOM) ont rappelé à l’ordre leurs collègues dans un communiqué dénonçant le non-respect des normes de base du journalisme. « L’autocensure est une manipulation mentale dangereuse [...] plus grave que la censure », écrivent-ils, invitant les journalistes à s’opposer aux initiatives éditoriales qui ne sont pas conformes aux standards professionnels.