Blog • Une interview exclusive et intime de Bekim Fehmiu (1970)

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Paris-presse publiait le 7 février 1970 une interview exclusive de Bekim Fehmiu, le célèbre acteur albanais du Kosovo. On y découvre la raison pour laquelle il a décidé d’appeler son fils Ulysse, sa comparaison avec le grand acteur français Jean-Paul Belmondo, son histoire d’amour avec sa femme et sa petite amie, ainsi que le nombre d’enfants qu’il souhaitait avoir.

Bekim Fehmiu en Ulysse, dans l’Odyssée de Franco Rossi
© youtube

Il est difficile de reconnaître en Ulysse barbu, héros de « L’odyssée », le feuilleton bimensuel de la 2ième chaîne que vous verrez ce soir, Bekim Fehmiu, la vedette de « J’ai même rencontré des Tziganes heureux », film qui remporta le Prix spécial du jury en 1967 à Cannes.

LE BELMONDO YOUGOSLAVE

Pourtant bientôt Bekim Fehmiu, 33 ans, ne pourra plus passer inaperçu dans la rue : son premier film international, « Les mâles », inspiré de la vie du célèbre diplomate-play boy sud-américain Porfirio Rubirosa, dont il joue le rôle, sort en mars aux Etats-Unis, en avril en Grande-Bretagne, en septembre en France. Entre-temps, il a tourné un western, « L’épine dorsale du diable », et il s’est marié en février 1966 avec Branca Pétric, une actrice yougoslave.

— Notre fils, 18 mois, s’appelle Ulysse à cause de mon rôle dans le feuilleton. En fait, j’ai une femme et une petite amie. Si, si, écrivez-le : c’est la même. Je continue à considérer ma femme comme ma petite amie parce que nous sommes tous les deux contre le mariage. Nous avons signé un contrat à cause de l’avenir de notre fils, et puis, ce contrat, nous l’avons oublié. Oh ! oui, je ne cesse d’être amoureux d’elle !

Lorsqu’il vint présenter il y a trois ans à Cannes « Les Tziganes heureux », Bekim Fehmiu a été surnommé à l’unanimité « le Belmondo yougoslave ».

— Ça doit être parce que nous sommes en France, dit-il, que Belmondo a fait de la boxe et moi aussi. Ça se voit sur son nez et sur le mien.

Bekim Fehmiu est l’un des huit enfants d’une famille albanaise, très unie, et n’a jamais fait d’autre métier que celui de comédien.

— Lorsque j’ai eu 16 ans, raconte-t-il, j’ai vu un film anglais. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que je serais acteur. Après le lycée, je me suis présenté au Conservatoire, mais j’ai dû attendre un an pour y entrer : Je ne parlais qu’albanais et français et, au Conservatoire, c’est en serbe qu’on disait les textes.

IL VEUT AVOIR DOUZE ENFANTS

Il a tout joué, faisant partie en même temps de deux troupes de son pays celle du Théâtre National correspondant à notre Comédie-Française, et celle d’un théâtre d’avant-garde. Parmi les auteurs dont il fut l’interprète : Eschyle, Sophocle, Shakespeare, Molière, Racine, Sartre, Voïnesco, Pinter, Dostoïevsky.

Invariablement, et cela le fait beaucoup rire, il était élu tous les ans le meilleur jeune acteur de Yougoslavie, pays qu’il représenta au Théâtre des Nations à Sarah-Bernhardt en 1964.

Son seul problème, actuellement : il a décidé d’avoir douze enfants. Sa femme, elle, préfère s’arrêter à six.

J. W.

Source : https://www.retronews.fr/journal/paris-presse-l-intransigeant/7-fevrier-1970/1355/3024651/20

Publié en albanais : https://www.darsiani.com/la-gazette/paris-presse-1970-emri-i-djalit-krahasimi-me-belmondon-gruaja-dhe-e-dashura-e-tij-numri-i-femijeve-qe-deshiron-intervista-ekskluzive-me-bekim-fehmiun/