La Slovénie ouvre les bras aux Ukrainiens, mais pourchasse les autres réfugiés

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Ces dernières années, la Slovénie appliquait une politique « zéro réfugié », s’alignant sur la position hongroise. Mais aujourd’hui, le gouvernement ultra-conservateur justifie sa volonté d’accueil massif de réfugiés ukrainiens par une plus grande proximité culturelle et religieuse. Ce qui a provoqué un tollé.

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Par Mimi Podkrižnik (journaliste à Delo)

Des réfugiés ukrainiens dans un bus entre la Slovénie et l’Italie
© UNHCR

Jusqu’à ces derniers jours, le gouvernement ultra-conservateur de Janez Janša prônait une politique « zéro réfugié » en Slovénie, lui qui avait fait campagne pour les législatives de 2018 sur une ligne résolument anti-migrants. Les exilés arrivés du Moyen-Orient et d’Afrique font d’ailleurs depuis longtemps l’objet d’une traque intensive des services de police.

Mais la guerre en Ukraine a rebattu toutes les cartes. Depuis, le ministre de l’Intérieur, Aleš Hojs, ne cesse de répéter que la Slovénie est un « pays ouvert », qui serait même en mesure d’accueillir de 180 à 200 000 réfugiés venant d’Ukraine, « mais pas forcément tous à la fois ». Cela représenterait environ 10% de la population du pays.

Cette politique « deux poids, deux mesures » a suscité un tollé sur les réseaux sociaux, d’autant plus que le ministre justifiait son revirement en expliquant ouvertement que « les réfugiés ukrainiens viennent d’un environnement qui est culturellement, religieusement et historiquement fort différent de celui dont sont issus les réfugiés d’Afghanistan ». Face à la polémique, l’intéressé a fini par supprimer son tweet raciste.

La solidarité s’organise dans tout le pays, que ce soit du côté des associations comme des citoyens, avec beaucoup d’empathie. Pour le moment, environ 2500 Ukrainiens ont été accueillis en Slovénie, principalement des femmes et des enfants. « Ils sont majoritairement hébergés par des familles et des connaissances » a précisé le ministre de la Défense Matej Tonin.

D’après le ministre de l’Intérieur Aleš Hojs, plus de 300 réfugiés ukrainiens arrivent chaque jour en Slovénie, mais ils n’y restent pas forcément. Pour l’instant, moins de 400 ont dit vouloir demander l’asile en Slovénie.

Mercredi, la Slovénie a activé une loi accordant la protection temporaire aux personnes déplacées d’Ukraine. Cela leur offre une résidence temporaire, un accès au marché du travail, un logement, une éducation, des soins sociaux et des soins de santé sans avoir à se soumettre à des procédures d’asile.