75004 Paris

Exposition : Shady Laguna de Marija Avramović et Sam Twidale

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L’exposition Shady Laguna, du duo d’artistes Marija Avramović et Sam Twidale se tiendra du 21 avril au 7 mai 2022 au Centre culturel de Serbie, à Paris. Le vernissage se déroulera le 21 avril à partir de 19 h.

L’exposition Shady Laguna comprend des aquarelles de Marija Avramović et des œuvres numériques réalisées en commun avec Sam Twidale. Marija se consacre plus intensément à l’aquarelle depuis quelques années, et à l’art numérique depuis 2017, date à laquelle elle a fondé avec Sam le duo Xenoangel.

D’un point de vue formel, on retrouve dans ces deux corpus d’œuvres le style si caractéristique qui est la marque de fabrique de Marija Avramović : couleurs claires et joyeuses, délicatesse et subtilité, ainsi qu’un léger sentiment d’inachevé, un caractère d’esquisse à la fin ouverte. En contemplant ces aquarelles, nous ne savons pas très bien ce qui s’y joue au juste ; le sujet est déplacé ; bien plus que des acteurs, nous sommes les témoins lointains d’un événement inéluctable dans la nature. Le paysage est ici l’une des préoccupations fondamentales : le moyen par lequel nous ressentons le sublime. Le paysage prend depuis déjà longtemps des aspects mystiques dans la peinture de Marija : dans les motifs, la perspective, ainsi que dans la présence des humains uniquement au travers de leurs traces. Mais ce que nous dit Shady Laguna, c’est que la peur face au sublime n’est qu’une incitation à agir.

Ce n’est pas la peur paralysante de la sidération, mais la peur mobilisante de l’instinct de survie. L’avenir des espèces dépendra de leur capacité d’adaptation. Dans les aquarelles, et plus encore dans leurs œuvres numériques, Marija et Sam suggèrent que le présent, ainsi que l’avenir, dépendent de la capacité des hommes à apprendre à coexister, tant entre eux qu’avec les autres espèces. Pour eux, la survie est un jeu, sans prévisions optimistes ni pessimistes. Un jeu guidé par la curiosité lors de l’exploration de nouveaux mondes, où la condition de la survie est la coexistence des espèces, où les frontières du soi sont remises en question et fluctuantes, ce qui ouvre la voie à un apaisement possible face à la fin de la civilisation telle que nous la connaissons. La fin de l’anthropocène n’est pas présentée comme le destin tragique d’une espèce, mais comme un répit pour le reste du monde vivant.

Marija (1989, Belgrade, Serbie) et Sam (1988, Hereford, Grande-Bretagne) sont des stalkers de mondes virtuels. Proches par choix, différents par leurs origines et leurs expériences, toutes les langues qu’ils parlent sont hybrides. Sous l’influence des phénomènes sociaux et de leurs anomalies, ils créent ensemble des mondes transculturels.

Ils travaillent ensemble depuis 2017, souvent sous le nom de Xenoangel. Marija a étudié la peinture à Belgrade (FLU, Faculté des Arts plastiques de Belgrade), avant de décrocher un deuxième master aux Beaux-Arts de Paris (ENSBA). Sam a étudié la Théorie de la musique populaire à l’Université de Liverpool, et il a appris la programmation en autodidacte. Ensemble, ils travaillent sur la frontière entre le réel et l’artificiel, et leurs animations en temps réel vivent en symbiose avec des œuvres papier et des installations dans un espace physique. Ils utilisent l’esthétique des jeux vidéo et l’intelligence artificielle pour créer ensemble des mondes qui se renouvellent de manière autonome et ininterrompue sous les yeux des spectateurs. Dans leur travail commun, ils trouvent des sources d’optimisme dans les pratiques collectives, les mutations, la symbiose, le techno-animisme, l’ontologie des objets et la déconstruction du récit sur l’exception humaine.

Leurs travaux et recherches sont en grande partie nourris par diverses références de la pop culture et de la fiction, du Huit-clos de Sartre (After Intelligence, 2017), en passant par le techno-animisme et le film Rêves de Kurosawa (Sunshowers, 2019), par Stalker : Pique-nique au bord du chemin des frères Strougatski et les essais de Jane Bennett (The Zone, 2019), à l’idée de symbiose et d’interdépendance (Supreme, 2021).