Paris (75004)

Exposition : Le théâtre serbe dans la Grande Guerre

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Pour la Serbie, déjà épuisée par les guerres des Balkans qui venaient de se terminer, la Première Guerre mondiale fut longue et dure. Les théâtres ne fonctionnaient pas sur le territoire serbe, ni à Novi Sad qui avait appartenu, avant la guerre, à la monarchie austro-hongroise.

Dans l’entre-temps, la vie théâtrale se propageait hors des frontières du pays, à Corfou et en Corse, au Front de Salonique, en Bulgarie, en Hongrie et en Autriche, en France et en Tunisie. Soldats, prisonniers, blessés, réfugiés - tous deviennent acteurs, et ainsi, le théâtre renaît là où ils s’arrêtent. Des officiers, des intellectuels et des amateurs doués – toutes professions confondues – viennent à leur aide.

Les théâtres militaires étaient construits à la hâte, y compris aux lignes de bataille, en position, masqués… Ils opéraient dans les calmes entre les batailles, ou entre les ordres d’avancer. Les soldats et civils serbes blessés et malades se rétablissaient dans des centres de convalescence surchargés. Là-bas, ils rencontraient des acteurs, même des actrices, qui – dès que la condition de leur santé le leur permettait – fondaient des théâtres. C’est dans les camps de prisonniers que les théâtres étaient les plus nombreux : en monarchie austro-hongroise seulement, ils étaient soixante-huit. Tourmentés par la famine et le froid, épuisés par le travail forcé, à la limite de la mort, des prisonniers faisaient du théâtre !

Les spectacles étaient joués en plein air, dans les amphithéâtres déjà existants ou dans les baraques, garages ou autres bâtisses convenables ; les gradins pouvaient accueillir de quelques centaines à quelques milliers de spectateurs. La scénographie était improvisée à partir de boîtes à munitions ou d’ailes d’avion inutilisables, ou bien de matériaux laborieusement récupérés depuis les villes les plus proches. Le problème de l’acquisition des costumes était surmonté d’une part grâce aux cadeaux des amateurs de théâtre, mais surtout grâce à la créativité admirable des individus. C’était notamment à partir des sacs à nourriture et de la toile de tente qu’étaient fabriqués les costumes historiques ; ils étaient ensuite peints et colorés avec des motifs que l’on retrouve sur les costumes traditionnels. De même, les casques et les genouillères étaient créés à partir de boîtes à gaz en tôle, de boîtes à huile ou de conserves, tandis que les épées étaient fabriquées à partir de lattes.

Le répertoire était majoritairement composé de pièces aux sujets patriotiques et nationaux ; les comédies des auteurs serbes (Trifković, Sterija, Nušić) étaient aussi bien reçues. Des pièces d’auteurs étrangers étaient également jouées, y compris celles de Molière. Certains textes étaient apportés en exil depuis la Serbie, mais la plupart étaient mis à l’écrit par les acteurs eux-mêmes, d’après leur mémoire.

Dans tous les théâtres et leurs programmes, un rôle considérable appartenait aux orchestres militaires, aux musiciens civils et aux orchestres de Tziganes, guidés par des musiciens professionnels. Hormis les troupes de théâtre organisées, au front et en exil, les acteurs serbes préparaient également des programmes de manière individuelle.

C’est grâce à l’impulsion primordiale de l’homme que le théâtre est né et qu’il dure depuis des siècles comme son besoin quotidien. L’une des preuves de cette affirmation est sans aucun doute l’histoire des théâtres militaires serbes, ainsi que des théâtres de prisonniers et de convalescence serbes, qui étaient créés et qui fonctionnaient dans les conditions difficiles de la Première Guerre mondiale.

Le rôle et l’importance que ces théâtres avaient pour les soldats, les prisonniers et les malades, dans des périodes d’angoisse, de dépression et de nostalgie, restent encore à estimer. L’histoire de cette époque extrêmement difficile sera racontée au cours de l’exposition par la photographie, les documents et le matériel audio-visuel conservés au Musée de l’art théâtral de Serbie.

Auteurs de l’exposition et du catalogue : Mirjana Odavić et Jelica Stevanović
Design : Jovan Tarbuk
Vidéo : Predrag Tončić
Traduction : Marija Panić

L’exposition sera ouverte au public du 17 au 26 novembre 2022, du mardi au samedi de 11h30 à 19h30.

Centre culturel de Serbie / Kulturni centar Srbije
123 rue Saint Martin, 75004 Paris
Tél : 01 42 72 50 50
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www.ccserbie.com