Balkans, la rentrée du bon pied (1/5) | En Bosnie-Herzégovine, les lycéens l’emportent contre la ségrégation scolaire

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Après des mois de lutte, les lycéens de la ville de Jajce, en Bosnie centrale, ont enfin obtenu gain de cause : les autorités locales ont renoncé à ouvrir un nouvel établissement qui aurait séparé les élèves de nationalité bosniaque et croate. Désormais, un combat autrement plus difficile débute, réformer l’enseignement en Bosnie-Herzégovine.

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Par Aida Đugum

Jajce
Wikipedia

Une année de lutte aura finalement porté ses fruits : les lycéens de Jajce vont rester ensemble sur les bancs de l’école. Les autorités locales ont fini par renoncer à ouvrir un nouveau bâtiment fonctionnant avec les programmes bosniaques. « À présent, il faut s’attaquer au fond du problème ! La seule manière que cela ne se reproduise pas, c’est de changer le système scolaire de Bosnie-Herzégovine, en supprimant le principe de ’deux écoles sous un même toit’, synonyme de ségrégation. Grâce à une bonne coopération, cela fait un an que nous arrivons sans problème à empêcher toute division », explique Nikola Rimac, un lycéen qui se bat depuis des mois pour l’école commune de Jajce.

« Le système scolaire actuel paralyse totalement les jeunes », souligne de son côté Lamija Tanović, professeur à la Faculté des sciences et des technologies de Sarajevo. « On ne leur apprend pas à se battre pour ce qu’ils veulent, on leur apprend qu’il faut appartenir à telle ou telle communauté. À Jajce, la situation est un peu particulière. Les lycéens étudiaient depuis déjà un certain temps ensemble, sans ségrégation, et ils ont réussi à se mobiliser. »

Nous voulons un changement réel, pas seulement dans notre lycée, mais dans toute la Bosnie-Herzégovine.

Les autorités du canton de Bosnie centrale souhaitaient ouvrir un nouveau lycée à Jajce, en plus des deux qui existent déjà et qui suivent les programmes croates. Ce nouvel établissement aurait adopté le programme bosniaque. Les élèves de Jajce demandent à présent l’instauration d’un programme commun dans tous les établissements qui accueillent deux communautés sous le même toit. « Nous voulons un changement réel, pas seulement dans notre lycée, mais dans toute la Bosnie-Herzégovine », continue Nikola Rimac. Les élèves de la petite ville ont d’ailleurs déjà reçu le soutien de certains de leurs camarades de Sarajevo.

« Même en donnant une bonne leçon aux politiciens de Bosnie-Herzégovine, rien ne changera s’ils ne sont pas poussés dans leurs retranchements. Ils ne feront rien car ce qui les intéresse, c’est d’assurer leur survie et et garder le pouvoir. Ils élèvent depuis 20 ans des générations d’électeurs qui votent en dépit du bon sens. L’éducation est un terrain idéal pour perpétuer les guerres des années 1990 », conclut Lamija Tanović.