Blog • Kosovo et Monténégro : un exemple régional de coopération transfrontalière prometteuse

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Mohamed Hassan | PxHere

Le Kosovo et le Monténégro représentent un exemple régional de coopération prometteuse. Tous deux partagent une histoire de séparation et d’indépendance, respectivement 2006 pour le Monténégro et 2008 pour le Kosovo. Pourtant, alors que le divorce de Podgorica a été pacifique, celui de Pristina a été conflictuel.

Le Monténégro a reconnu l’indépendance du Kosovo depuis lannée de sa déclaration. En outre, Podgorica a aidé à sauver plus de 100 000 citoyens du Kosovo qui ont été expulsés par la campagne de génocide et de nettoyage ethnique par le régime de Miloševič au cours de l'année 1998-1999. Des villes comme Rozhaja, Ulqini, Plava et Gucia ont ouvert leurs portes et ont accueilli des réfugiés du Kosovo. Les relations diplomatiques entre les deux pays ont été établies le 15 janvier 2010. Actuellement, l'ambassade du Monténégro au Kosovo est au niveau du chargé d'affaires jusqu'à la nomination du nouvel ambassadeur. Depuis son indépendance en 2006, la principale priorité de la politique étrangère du Monténégro est la relation de bon voisinage et la coopération régionale. Les deux sont des éléments déclencheurs clés pour accélérer l'intégration dans l'Union européenne. Actuellement, le pays participe activement à plus de 30 initiatives et plateformes régionales. Les Kosovars, de leur côté, sont aujourd'hui des visiteurs et des touristes sur le littoral des villes du Monténégro, ainsi que d'importants investisseurs. La coopération entre les pays s'est considérablement améliorée depuis l'entrée en vigueur de l'accord sur la démarcation litigieuse des frontières. Il faisait référence à environ 8 000 hectares contestés (20 000 acres) de terres s'étendant sur 60 kilomètres. L'accord de démarcation des frontières avec le Monténégro était l'une des exigences explicites de l'Ue pour le processus de libéralisation des visas au Kosovo. L'accord, ratifié par les deux gouvernements (2015) et considéré comme essentiel pour les relations de bon voisinage, est entré en vigueur en 2018. Avec celui signé avec la Bosnie-Herzégovine le même jour, l'accord frontalier Kosovo-Monténégro était le premier de ce type confirmant l'engagement des deux pays en faveur de l'affirmation et du renforcement continu des relations de bon voisinage dans le plein respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chaque état. De plus, il visait à renforcer la stabilité et le développement de la région. La diplomatie économique est la priorité de travail du Monténégro depuis 2021. Le gouvernement a reconnu l'importance d'attirer les investissements étrangers et de promouvoir les intérêts économiques. Le Kosovo a trop bien compris le pouvoir de la diplomatie économique de manière décisive avec l'Italie. Et il pourrait en tirer pour approfondir ses relations avec son voisin. Les exportations et les investissements du Kosovo sont en hausse au Monténégro. Un nouvel accord ouvrant des voies aériennes entre les deux pays, réduisant à la fois les coûts et le temps de déplacement de leurs citoyens, a été signé récemment. Cet accord offre de nouvelles opportunités de développement de l'aviation civile, permet le raccourcissement des voies aériennes et le temps de vol à 15 minutes. De plus, il diminue les émissions de gaz nocifs, tout en réduisant les coûts des vols. Jusqu'à présent, les couloirs existant entre les deux pays n'étaient utilisés que pour les vols militaires de l'Otan. Les vols commerciaux n'existaient pas. Enfin, le nouvel accord signé ouvrira la voie aux compagnies aériennes des pays respectifs, en tant que signataires de l'Espace européen commun de laviation (CESA).

Aussi, toux deux se sont récemment exprimés sur des projets communs tels que la facilitation des passages frontaliers pour les Kosovars pendant la saison touristique ; la finalisation du protocole de diffusion de l’accord de coopération pour la construction des routes Decan-Place et Peje-Rozhaje.

Les exportations du Kosovo ont atteint 27, 2 millions d’euros (37, 3% au total), avec une augmentation de 23,5% en février 2023. Le Monténégro est son quatrième partenaire à l’exportation (4,6%) après la Serbie (6,2%), l’Albanie (10.5%) et la Macédoine du Nord (14.7%).

Pristina exporte principalement des métaux (47% des exportations totales) et des minéraux (30% des exportations totales). Les autres produits comprennent les aliments préparés, les plastiques, les machines, les appareils électroménagers et les matériaux électriques et les textiles.

Les importations du Kosovo ont atteint 61,7 millions d’euros, (5,8% des importations totales), avec une baisse (-9,3&) en février 2023. Le Monténégro ne figure pas parmi ses partenaires, la part la plus élevée provenant de la Serbie (5,5), de l’Albanie (4,6%) et de la Macédoine du Nord (4,5%).

Il existe également des projets de coopération dans le secteur du tourisme pour un budget total de 465 411 euros d’une durée de 24 mois. Les municipalités concernées sont Istok et Peja au Kosovo, et Berane, Petnjica, Rozaje et Bijelo Polje au Monténégro. Le projet envisage de développer un sentier dans la région avec 90 familles impliquées le long de la route bénéficiant de la fourniture des systèmes solaires et du renforcement des capacités pour les services touristiques. Des sites de camping, des aires de repos, du matériel promotionnel imprimé et numérique doivent également être construits.

Le patrimoine culturel est un effort supplémentaire dans lequel le Kosovo et le Monténégro tirent leurs synergies, pour un budget total de 421 066, 31 EUR sur 24 mois. Peja/Pec au Kosovo et Gusinje au Monténégro sont les municipalités intéressées. Le projet soutiendra le développement économique de la région en ciblant la valorisation des sites culturels riches, en établissant de nouveaux itinéraires et sentiers, et en engageant ainsi qu’en augmentant les capacités des populations des zones rurales à fournir des services touristiques.

Les deux pays sont plus que jamais déterminés à poursuivre leur travail commun vers leur avenir euro-atlantique. Leur engagement constant à stimuler la coopération inter-pays dans divers secteurs sera bénéfique tant pour les économies que pour leurs populations. En outre, il contribuera de manière significative à mettre à niveau leur infrastructure, leurs normes techniques, afin d’être bien préparés une fois en mesure de rejoindre l’UE.