« J’ai étudié l’art à travers des penseurs qui ne le pratiquaient pas au premier plan tels Foucault ou bien Nietzsche »
D.P : Tu as étudié la philosophie. Dans quelle mesure t’a-t-elle aidé ?
D.I : La philosophie apporte un nouveau regard sur les choses auxquelles nous nous confrontons. D’une certaine manière, nous les décontextualisons afin de voir les choses sous des angles nouveaux. Une personne sera en mesure d’appliquer cette discipline au quotidien, à condition qu’elle l’adopte et s’y entraîne. En ce qui me concerne, la philosophie m’a permis d’apaiser certains rapports à la tradition, au sens large du terme. Elle m’a permis de m’écarter idéologiquement d’un certain conservatisme, du nationalisme ambiant, car l’humain cultive très souvent des idées reçues. Ces idées sont dérivées de préjugés nationaux, ethniques ou bien identitaires inconsciemment portés par les gens, et qui sont visibles à travers des attitudes esthétiques. C’est souvent le cas dans les cultures des Balkans. La philosophie a certainement joué un rôle dans ma capacité à appréhender certaines choses, notamment grâce à certains philosophes.
D.P : Lesquels ?
D.I : Je me suis penché sur la phénoménologie allemande. Mais aussi sur le structuralisme et le poststructuralisme français. J’ai lu pas mal de choses. A Sarajevo, nous avons la chance d’avoir une école de philosophie très fusion. J’ai eu différents professeurs. L’un d’eux provient de l’école classique allemande (Husserl, Heidegger, etc.). Un autre se penchait sur le pragmatisme américain (Rorty). Un troisième était influencé par « l’école française » (Lacan, Derrida, Foucault, Deleuze, etc.), the old usual suspects en somme…J’ai également eu la chance de lire la littérature de Slavoj Žižek qui lit Hegel et Heidegger à travers Lacan. Il m’a ouvert les yeux sur l’interopérabilité de ces traditions philosophiques.
D.P : En ce qui te concerne, les idées jouent-elles un rôle important ?
D.I : Bien sûr que les idées sont importantes. Elles apportent des outils conceptuels pour éclairer ce qui se trouve derrière les choses, derrière les intentions humaines. Elles permettent de faire apparaître ce qui est invisible à l’œil nu.
D.P :As-tu un rapport particulier à la réalité ?
D.I : Quand tu étudies la philosophie, tu t’entraînes à jongler avec différents points de vue et je ne suis pas religieusement attaché à une des écoles que j’ai mentionnées.
« Le Sevdah est un genre musico-poétique, une forme artistique fort engagée dans le temps présent »
D.P : Est-ce que la philosophie traverse ton aventure musicale ?
D.I : Oui dans la mesure où j’ai étudié l’art à travers des penseurs qui ne pratiquaient pas l’art au premier plan tels Foucault ou bien Nietzsche. Il existe toute une école de pensée qui traite du développement de l’art sous le prisme de l’histoire. Ces rapports historiques dans l’art sont très importants pour moi.
D.P : Existe-t-il alors une dialectique historique entre le Sevdah et les processus de composition originale ?
D.I : Oui, tout à fait. Il pourrait s’agir d’une dialectique historique, c’est-à-dire la mise en évidence des rapports contradictoires que l’on peut trouver dans le Sevdah à travers l’histoire, et qu’il faut chercher à dépasser. Ces discussions intergénérationnelles sur ce qu’est le Sevdah, sur ce que devrait être le Sevdah, ont toujours eu lieu. Il existe ainsi des chansons écrites dans les années vingt ou trente que le compositeur n’aurait jamais rangé dans le répertoire du Sevdah. Les conservateurs les plus virulents les rangent pourtant dans ce genre et mettraient volontiers au cachot les jeunes à qui cela ne plaît pas.
« Le problème est le suivant : des personnes, pour des raisons nationales, des idées reçues, souhaitent ranger un genre de musique dans une case »
D.P : Le Sevdah est-il un genre contemporain ?
Oui, c’est d’ailleurs une caractéristique qui est très importante à mes yeux car c’est un genre musico-poétique, une forme artistique fort engagée dans le temps présent. Lorsque je me plonge dans l’histoire de ce style, je ne jette pas un regard d’historien mais plutôt un regard d’artiste qui travaille aujourd’hui. La tradition reste avant tout une école qu’il faut explorer puis dépasser.
D.P : Quelle est cette école ?
D.I : Il existe beaucoup de choses différentes dans le Sevdah. Je dirais que l’élément central est d’interpréter et de jouer certaines idées poétiques et sonorités orientales, puis de les exprimer dans un contexte plus occidental et vice-versa, de façon à ce que subsiste cette liaison entre les différentes manières de penser la musique et la poésie. D’un côté, tu as énormément d’influence turque mais de l’autre côté, personne ne chante en turc. Il s’agit toujours des langues que l’on appelle aujourd’hui bosnienne, serbe, croate et monténégrine. Cette tension a persisté tout au long de l’histoire. Il existe tout de même des chansons qui se chantaient en turc et certaines sevdalinke ont tout simplement été traduites de la langue turque, ou bien les textes ont été réarrangés dans les langues précitées. En règle générale, l’ influence turque, provenant de la culture ottomane, domine. Avec la présence toutefois d’un rythme poétique propre aux cultures slaves du sud-est de l’Europe.
Il y a beaucoup d’autres caractéristiques qu’il serait inutile de citer tant ce problème lié aux spécificités d’un style est présent partout : dans le blues, le tango, le fado et bien d’autres musiques. Le problème est le suivant : des personnes, pour des raisons nationales, des idées reçues, souhaitent ranger un genre de musique dans une case, parfois deux. Il devient ainsi facilement déchiffrable. C’est ainsi que se constitue un droit de propriété national sur ce genre. L’art est pourtant divers et évolutif. Il y a 150 manières de décrire un peintre de génie. Lorsqu’elles sont décortiquées, ces caractéristiques sont banales en soi. Mais le tout reste unique en son genre.
D.P : Le Sevdah est-il un genre populaire ?
D.I : Il s’agit encore d’une histoire d’appropriation. Appartient-il à l’élite ou bien aux masses populaires ? C’est une opposition que l’on trouve dans tous les camps idéologiques. Pendant la deuxième guerre mondiale et après celle-ci, il existait deux versions : l’une considérait que le genre appartenait aux masses populaires, celles-ci incluant toutes les ethnies, c’était le cas de la Yougoslavie socialiste. Cette histoire est une critique du capitalisme. Selon eux, cette musique appartenait aux prolétaires jusqu’à l’arrivée des nationalistes (capitalistes), qui ont essayé de s’accaparer le genre au détriment des couches populaires. C’est une vieille histoire qui circule encore aujourd’hui.
Si l’on se base sur les premiers enregistrements datés de 1907-1908, les sevdalinke seraient en effet des chansons populaires. Elles en ont la structure : rythme en trois temps, les refrains se répètent et le format est court. C’est une question intéressante qui est liée à la dialectique historique dont on a discuté précédemment.
Lorsqu’une génération intègre ce genre, elle l’intègre selon ses propres codes. Puis dans un environnement historique particulier comme celui de la Yougoslavie socialiste, cela convenait aux jeunes générations de considérer cette musique comme un style appartenant aux masses populaires. D’autres aimaient à penser qu’il appartenait aux élites nationales. Il n’y a pas de réponses simples. Au départ, quand les gens me demandaient « A qui appartient le Sevdah ? », je répondais « A personne ».
J’ai compris aujourd’hui que les gens font référence à leur identité collective. Tu n’arriveras pas à les convaincre ainsi : « Tu n’es pas Croate, tu n’es pas Serbe, tu n’es pas Bosniaque, tu n’es pas Albanais. Ce sont des identités ancrées dans des processus historiques. Cela peut paraître stupide mais tu ne peux rien y faire.
D.P : Peux-tu nous donner d’autres idées reçues liées au genre ?
D.I : J’avais animé un atelier lors duquel j’ai dévoilé 10 idées reçues. J’aurais pu en dévoiler 25. Mais ce qui me fatigue le plus reste l’idée qui prétend « dur comme fer » qu’il existe un seul genre. Dès que l’on aurait découvert ses caractéristiques, celui-ci deviendrait indéboulonnable. Même les artistes ne comprennent pas qu’il s’agit simplement d’un art. Tu sais, l’art n’a pas de frontière. Personne ne peut le contrôler. L’art se propage selon les gens qui le pratiquent, avec leur propre notion du temps, leur personnage, leur dose de travail, leur conception du business, etc. En principe – et c’est ce qui effraie les gens –, il n’est pas possible d’empêcher le cloisonnement/décloisonnement d’un genre.
Peut-être que dans 15 ans, des gamins vont se l’approprier. Peut-être que je n’accepterai pas ce changement. C’est ce qui se passe entra ma génération de musiciens et l’ancienne. Il faut garder les oreilles ouvertes.
D.P : Qu’écoutes-tu en ce moment ?
D.I : Je suis fort éclectique. Cela dépend du contexte. J’écoute pas mal de musiques classique et traditionnelle. Ces derniers temps, je me suis penché sur Bartók, le compositeur hongrois. Je connaissais quelques compositions mais pas tout. J’ai alors écouté sa discographie pendant quelques jours.
Une amie arrive parfois avec une caisse remplie de vinyles de musique Jazz (Ellington, Armstrong, Fitzgerald, etc.). J’écoute beaucoup de Jazz et c’est fantastique lorsque tu découvres de nouveaux disques. En ce moment, Kendrick Lamar m’impressionne également.
« Je n’ai jamais essayé de passer pour un type qui « joue de la musique pour son pays ». J’ai toujours abhorré cette logique de représentation où l’on tente de démontrer la façon dont pensent les Balkans. »
D.P : Comment as-tu rencontré ton producteur actuel, Chris Eckman (The Walkabouts, Dirtmusic) ?
D.I : A l’époque (en 2011), je travaillais avec mon groupe Sevdah Takht sur le premier album . J’ai compris qu’il nous fallait un producteur sérieux. Pour être sincère, mon intention n’était pas de trouver un label mais bien de trouver un producteur qui nous aiderait à enregistrer un disque avec un matériel adéquat. J’ai appris au fil du temps qu’enregistrer et jouer en concert étaient deux choses totalement différentes.
Jusqu’en 2011, mes concerts étaient naïfs, je pensais que les disques étaient le summum du développement personnel puis je me suis dit « Mais qui s’intéresse à ton développement personnel ? » ce qui est une variante égoïste. Un disque, cela doit être un concept, une idée, il doit communiquer, sans être banal bien entendu. Je déteste entendre les chanteurs pop annoncer qu’il y en aura pour tous les goûts. J’ai toujours détesté les albums faits pour être radio-friendly. Nous avions besoin d’un producteur qui serait en mesure d’enregistrer les morceaux que nous savions jouer en concert mais que nous étions incapable de rendre en studio.
Mon ami Rok Košir de Ljubljana – directeur du festival de musique Druga Godba – m’a alors conseillé de rencontrer Chris Eckman. Rok m’avait dit que c’était un bon gars – le label était alors actif depuis un an tout au plus. Il produisait peu d’artistes et jouait dans son groupe Dirtmusic. Tout cela m’a énormément plu sans penser une seule seconde que c’était le label en vogue.
Glitterbeat Records ne connaissait pas encore le succès actuel. Nous nous sommes rencontrés dans un café à Ljubljana en 2014 . C’était l’année où le label avait obtenu le prestigieux WOMEX 14 Label Award. Le courant est bien passé car nous avons constaté que nous aimions les mêmes choses et que nous n’aimions pas les mêmes choses.
J’ai passé 3 heures avec lui durant lesquelles j’ai appris énormément. L’échange était toutefois réciproque car je ne suis pas non plus un musicien conventionnel. Je n’ai jamais essayé de passer pour un type qui « joue de la musique pour son pays ». J’ai toujours abhorré cette logique de représentation où l’on tente de démontrer la façon dont pensent les Balkans.
« Dans les milieux conservateur, traditionnel et patriarcal, l’identité est toujours une affaire de téléchargement. Tu n’y peux rien, cela te saute à la figure. »
J’apprécie plutôt ce milieu urbain où la personne peut être reconnue en tant qu’individu. Il est important de maintenir des rapports avec la tradition dont tu proviens. Mais il est d’autant plus essentiel de pouvoir choisir sa tradition en tant qu’individu. Miljenko Jergović a écrit à mon propos un texte dont je suis très fier et qui s’intitule “Ce qui arrive quand un homme choisit lui-même sa tradition “. C’est important pour moi car très souvent, on associe mon aventure musicale à cet héritage familial – celui de Zaim, Đule et Nedžad Imamović – comme une évidence, comme s’il s’agissait d’un cabinet dentaire dont j’allais perpétuer les activités. J’ai pourtant choisi le Sevdah très tard, à partir de l’âge de 26 ans, longtemps après l’avoir fui.
C’est donc un choix conscient. Tout cela pour signifier que cette posture peu orthodoxe a plu à Chris. J’ajouterai que je ne joue pas non plus une musique de protestation. Je ne fais pas de politique. C’est en tout cas ce que Chris m’a dit au départ.
En 2015, Nous avons signé sur son label Glitterbeat records. Tout a démarré sur les chapeaux de roues avec Chris. Nous planifions d’ailleurs un nouvel album d’ici quelques années.
D.P : Est-il important de faire vivre son art sans attendre de récompense ?
D.I : La plus douce des récompenses est celle que tu as l’impression d’avoir méritée. Il m’importe beaucoup de savoir ce que les gens pensent de ma musique. Et il m’importe aussi d’être aimé pour les bonnes raisons mais aussi d’être malaimé pour les bonnes raisons. Il y a des gens qui m’aiment et qui ne m’aiment pas parce que je suis le petit fils de Zaim Imamović.
Tu vois, nous caressons des temps très curieux. Je pense que les jeunes générations sont aujourd’hui en mesure de saisir ce moment crucial où l’on assume sa propre identité. Ce n’est d’ailleurs plus arrivé depuis le début des années 90.
Dans les milieux conservateur, traditionnel et patriarcal, l’identité est toujours une affaire de téléchargement. Tu n’y peux rien, cela te saute à la figure. Par contre, dans les sociétés cosmopolites des grandes villes d’Europe occidentale, tu es confronté au phénomène du consumérisme identitaire.
Au fond, choisis qui tu veux devenir et c’est tout. Notre époque est intéressante en matière de choix identitaire. Et l’art est toujours lié à une certaine idée de l’identité.
D.P :Dans le dernier album intitulé Dvojka, tu utilises le tambur. Quel est cet instrument et comment a-t-il été confectionné ?
D.I : Cela a pris du temps. Lors d’un atelier, un jeune gars m’a demandé de lui jouer les gammes d’origine orientale que l’on trouve dans le Sevdah. En jouant, je me suis rendu compte que si j’accordais une corde différemment, cela serait plus approprié.
J’ai compris que de nouveaux horizons avaient été ouverts. J’accorde une autre corde. Et me voilà parti sur une piste que j’ai améliorée longtemps après, lorsque Edin Karamazov – un joueur de luth bosnien – m’a dit que cet accord ressemblait à celui d’un luth renaissance. Mais je cherchais simplement à trouver une gamme adaptée à l’accord dont les harmonies étaient complexes pour certains styles sauf dans le Sevdah.
Mon ami Amer Kapetanović m’a suggéré de créer un nouvel instrument. Cela ne m’était jamais passé par la tête pour être franc. C’est pourtant évident, non ? J’ai été chercher Čamil Metiljević, un luthier spécialiste du saz – un luth à manche long – et Mirza Kovačević qui est spécialisé en guitare. Les deux luthiers ont travaillé ensemble pour confectionner le tambur que j’ai utilisé lors de l’enregistrement du dernier album. Je travaille sur cet instrument en continu. J’espère que cette initiative aura du sens aux yeux d’autres personnes.
D.P :Raconte-nous l’histoire du jeune Jusuf-Beg (tirée de l’album Dvojka). C’est une composition originale.
D.I : Je l’ai composée pour l’exposition “Le Sevdah, art de la liberté“ qui s’est tenue à Sarajevo en 2015. Dans le cadre de recherches que j’ai dû effectuées, j’ai trouvé un article datant des années 30 et qui abordait la légende autour d’une falaise fort raide à Sarajevo appelée “Jekovac“, juste au-dessus de Bentbaša.
S’y trouvait un café connu sous le nom de Hadži Šabanova kafana. Jusuf-Beg était tombé amoureux d’une jeune fille qui lui avait promis de l’épouser. Un soir, Il s’enivra d’alcool dans ce fameux café. Tôt le matin, il grimpa sur la falaise de laquelle il put admirer toute la ville et même la maison de sa bien-aimée. C’était un jeune homme heureux, riche, amoureux. Il sauta pourtant de la falaise pour se tuer.
Tu vois, c’est un moment super dark, bien gothique au sens glauque du terme. D’habitude, les gens se donnent la mort parce que l’amour n’est pas partagé alors que Jusuf se tue par pur nihilisme, car il possède déjà tout. Il le fait pour ne pas gâcher cet instant parfait. Il s’agit pour moi de l’histoire qui a lancé la vague de suicides qui suivit, au même endroit à cette époque.
Cette histoire a un goût de Sevdah peu orthodoxe en impliquant ces lieux qui n’existent plus comme la Hadži Šabanova kafana, qui est supposée être un des premiers endroits où l’on pouvait boire du café en Europe (via l’espace de domination ottoman) puisqu’il est arrivé en Europe occidentale bien plus tard. Ce café fut détruit en 1942 et c’était également un des derniers endroits d’Europe où il était permis de fumer l’opium. Un endroit incroyable et mémorable pour la musique aussi puisque beaucoup d’instruments, et de musiciens s’y sont arrêtés, y ont joué leur chanson dans une atmosphère intime. Peu de gens parlaient de cet endroit pour des raisons liées au conservatisme. C’est pour cela que j’ai souhaité en faire une chanson.
D.P :Comment les gens qui n’ont pas grandi avec le Sevdah réagissent à ta musique ?
D.I : Mon public est très divers. Certains m’écoutent parce qu’ils ont baigné dans ce genre. D’autres ont entendu pour la première fois cette musique traditionnelle des Balkans. Beaucoup de jeunes considèrent ma musique comme quelque chose de neuf, qui leur plaît, sans s’intéresser au passé. Depuis que nous sommes sur Glitterbeat Records, on nous écoute même hors contexte. Même la région des Balkans leur importe peu. Je reçois des courriels d’Argentine, du Japon, d’Australie, de Londres. Ils comprennent que cela est lié à l’Orient (tradition musulmane, muezzin, etc.). C’est dingue parce que lorsque tu écoutes les gens parler de musique, lorsque tu communiques avec eux, tu peux déduire leur tendance idéologique à travers leurs attitudes esthétiques.