Blog • Ciorbitza, étape 1 : L’arrivée en Bosnie-Herzégovine

Après un long voyage en bus depuis la France, nous voici en Bosnie-Herzégovine pour deux mois de périple à vélo à travers les Balkans.

Les Ciorbiclettes

Par Marie Thibaud et Émilie Pesselier

Ça y est ! La Ciorbitza est arrivée dans les Balkans et débute son voyage à vélo. Première étape : la Bosnie-Herzégovine, avec un itinéraire qui nous conduit à vélo de Sarajevo à Trebinje d’où nous continuerons vers le Monténégro. Nous passons ainsi une bonne semaine et demi dans ce pays qui nous touche tout particulièrement, avec une halte de trois jours à Sarajevo et deux jours à Mostar. Au total nous aurons parcouru 280 km environ.

De ces premiers moments à vélo nous retenons déjà les premières sensations entre petites routes où la circulation est dense d’un côté et sentiers pas toujours adaptés à nos vélos de route et avec pas mal de dénivelés pour éviter ces fameuses artères de circulation rapide de l’autre.

Nous remarquons déjà que le pays est en train de changer : des exploitations agricoles sont en train de remplacer le travail agricole manuel, les habitations sont plus bétonnées. Nous avons aussi croisé l’immense autoroute qui reliera Budapest à la Croatie, passant au travers de plusieurs villages. La nature printanière y est luxuriante, nous croisons aussi d’abruptes montagnes puis des vallées encaissées et des zones plus arides.

Ces paysages en valent le détour et les premières rencontres et dégustations nous font quitter la Bosnie-Herzégovine avec déjà plein de souvenirs et des saveurs plein la bouche et le nez. Car cette première étape a également été marquée par le début de la rédaction de notre carnet de voyage culinaire et de premières rencontres fortes. Il y a d’abord eu l’arrivée à Sarajevo et toutes les émotions autour de cette ville que nous avons déjà visitée il y a quelques années. L’histoire récente et celle du début de la première guerre mondiale, les marques si criantes de la guerre mais aussi les touristes déjà nombreux en mai. Les premiers cafés pris dans des tasses de cuivre dites « Dzezva » accompagnés de loukoums. Les premières salades suite aux échanges sur les marchés. Les tests de différents fromages et des pains chauds parsemés de paprika. Mais aussi les premières rencontres. Meri tout d’abord, notre hôte a Sarajevo qui nous parle de ces plats qu’elle aime tant et des endroits où elle aime aller les déguster avec ses amies. Le centre socio-culturel DKC à Sarajevo et son projet de lieu alternatif. Puis Mustafir à Konjic qui nous héberge pour une nuit. Marion et Geoffrey qui nous permettent de découvrir Mostar, ses lieux, ses associations. La ferme de permaculture Eko Dizajn avec son équipe et toute cette énergie à cultiver la terre dans le respect de l’environnement et des autres. Nous y découvrons une bibliothèque de semences originelles qui se partagent et se troquent dans tout le pays. Et Marija de la Rock School de Mostar qui nous parle de son histoire et de la musique comme un outil d’échanges interculturels, de rencontres et de paix. À Mostar, le pont sépare la ville et les administrations bosniaque et croate régissent chacune une partie. Nous comprenons que les habitants se rencontrent peu. L’école de musique est un modèle unique qui permet de créer des espaces de rencontres et de créations artistiques. C’est un lieu inspirant pour imaginer de nouvelles structures.

Nous avons aussi à cœur de comprendre l’histoire de ce pays et d’affiner les représentations qui sont souvent transmises depuis l’Europe de l’Ouest. Loin de la confrontation systématique qui est associée aux Balkans, plusieurs habitants nous ont fait part de leur souhait de cohabiter de manière apaisée comme ça a pu être le cas auparavant et pendant plusieurs siècles dans cette partie de l’Europe. Nous découvrons aussi les enjeux historiques liés à cette période : lieux de mémoire, musées, cimetières, bâtiments détruits où la végétation y reprend sa place.

En Bosnie, nous restons majoritairement dans la Fédération croato-bosniaque. Toutes les religions s’y côtoient bien que le culte musulman soit le plus représenté, les minarets surplombent les villes. C’est un mélange étonnant des appels des muezzins et de sons de cloches que nous découvrons avec curiosité puisqu’il témoigne de la diversité possible des cohabitations religieuses.

Avec une pointe de tristesse nous quittons la Bosnie-Herzégovine en attendant de partager de nouvelles aventures monténégrines.

Filovane paprike à Mostar

Quelques noms de plats croisés sur cette première étape :

  • Les délicieux filovane paprike : poivrons farcis au bœuf et au riz
  • Le salep : une boisson chaude à base de farine de tubercules d’orchidées mélangée à du lait chaud
  • Le tufahija : une pomme cuite dans un sirop et parsemée de fruits secs et de chantilly
  • Nous pensons aussi aux délicieux pains chauds qui agrémentent toutes nos salades !