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Serbie, note du 27 août 2022.

Nid de cigogne sur le toit d’une maison en Voïvodine (Kupinovo, 2019)
© Andrijana Milosev

Aujourd’hui, il y a des promotions à Pećinci. Évidemment, Baba ne voulait pas manquer cet événement. Nous attendons le bus avec d’autres dames du village. Une vieille camionnette douze places s’arrête. En voyant les passagers se mettre à grimper, je réalise que c’est notre bus. Une forte odeur d’essence s’échappe de l’intérieur. On entre par la porte ventrale et on paye nonchalemment le ticket au chauffeur. Pour s’installer à l’arrière, il faut rabattre le siège du milieu et s’adonner à une petite escalade. Tout le monde se connaît et parle des banalités du quotidien. De la chaleur, d’abord, parce qu’il fait trente-neuf degrés. Puis de comment chacun se débrouille pour faire la vie. Je suis un alien au milieu d’eux, tout le monde demande qui je suis. Une narodna muzika (musique populaire) grésille sur la radio.

Au prochain arrêt, de nouveaux passagers entrent en saluant les autres et s’entassent dans la camionnette. Un des gars reste debout. On sort du village et la campagne se découvre, ses terres jaunes brûlées par le soleil. On voit les montagnes de Fruška gora se dessiner, des fils électriques courir sur l’horizon. Le camion se balance sur l’asphalte irrégulier. L’arrêt suivant se trouve littéralement au milieu de nulle part. Un homme monte et s’apprête à s’installer à l’arrière, quand on l’invite à s’asseoir à côté du chauffeur. Il serre la main du conducteur et lui présente sa carte mensuelle. Les gens à l’arrière parlent aux gens à l’avant, c’est cacophonique. Pendant que tous sondent la santé des uns et des autres, Baba n’oublie pas de se plaindre de ses problèmes d’argent. Il n’est pas encore neuf heures, le ciel est couvert mais clair encore.

Charette sur la grand’route d’un village de Voïvodine (Kupinovo, 2019)
© Andrijana Milosev