Marseille (13002)

Barvalo. Roms, Sinti, Manouches, Gitans, Voyageurs...

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En langue romani, barvalo signifie « riche » et, par extension, « fier ». Ce mot polysémique sert de titre à la nouvelle exposition du Mucem, consacrée à l’histoire et à la diversité des populations romani d’Europe. Une histoire indissociable de celle de l’antitsiganisme, contre lequel ceux que l’on continue parfois d’appeler « Tsiganes » luttent depuis un millénaire.

Développée en collaboration avec l’Eriac, l’exposition « Barvalo » a été conçue par une équipe de dix-neuf personnes d’origine romani (Roms, Sinti, Manouches, Gitans, gens du voyage / Voyageurs) et non romani, de nationalités et de profils différents. Elle se déploie en deux parties.

Depuis les premiers témoignages de leur arrivée en Europe jusqu’à nos jours, la première section de l’exposition met en lumière les ressorts par lesquels les persécutions contre les populations romani, culminant avec l’Holocauste, sont apparues et se perpétuent. Cette première partie traite également du rôle des représentations stéréotypées dans la culture et le folklore. En parallèle, cette partie de l’exposition montre aussi comment les groupes romani se sont exprimés, notamment au travers d’une langue commune, le romani, et ont revendiqué leurs droits dans ces situations d’oppression.

La deuxième partie de l’exposition propose une réflexion sur les notions d’appartenance et d’identité, en prenant le parti d’inverser le regard du visiteur. C’est l’installation de l’artiste Gabi Jimenez, le Musée du gadjo : on y découvre la
« gadjologie », une science imaginaire et parodique de l’Autre qui se ferait l’écho d’une perception romani. Cet espace se présente sous la forme d’un diorama consacré à la « culture gadjo », révélant ainsi l’absurdité de l’essentialisation de l’Autre quand elle est poussée à son extrême. Il questionne par ailleurs le rôle du musée d’ethnographie comme diffuseur d’une
« vérité ».

En fin de parcours, une galerie de portraits de personnalités célèbres et moins célèbres témoigne de la richesse des cultures romani et de la fierté des différentes communautés à contribuer à la diversité culturelle des sociétés européennes afin d’affirmer, haut et fort, barvalo !

Tout au long de l’exposition, le visiteur est accompagné virtuellement par quatre « guides » appartenant à quatre groupes romani distincts. Leurs récits personnels et familiaux entrent en résonance avec une histoire européenne plus large et partagée.

Dans chaque partie, les œuvres d’artistes non-romani côtoient celles de sculpteurs, photographes et peintres romani contemporains afin de permettre aux représentants de ces minorités de donner leur vision de neuf siècles de présence en Europe et d’affirmation culturelle.

L’exposition réunit 200 œuvres et documents (imprimés, vidéo et sonores) issus de collections publiques et privées françaises et européennes, dont le musée du Louvre, le Musée national d’Histoire naturelle à Paris, le musée d’ethnographie de Genève, les Staatliche Kunstsammlungen Dresden, le musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône, les Archives départementales des Bouches-du-Rhône, les Archives municipales de Marseille, la Médiathèque Matéo Maximoff, le musée de Grenoble, le musée national d’histoire et les Archives nationales de Roumanie, la Fondation Kai Dikhas, l’European Roma Institute for Arts and Culture de Berlin, le Dokumentations- und Kulturzentrum Deutscher Sinti und Roma de Heidelberg.

Parmi ces 200 œuvres, 62 proviennent des collections du Mucem et 15 ont été spécialement conçues pour l’exposition et produites par le musée : 6 commandes à des artistes romani européens – Luna De Rosa (Italie), Gabi Jimenez et Marina Rosselle (France), Mitch Miller (Écosse), Emanuel Barica (Roumanie) – et 9 créations audiovisuelles (films, carte animée et son).

L’équipe curatoriale
Co-commissaires :
Julia Ferloni, conservatrice du patrimoine, responsable du pôle « Artisanat, Commerce et Industrie », Mucem
Anna Mirga-Kruszelnicka, directrice adjointe de l’Eriac - European Roma Institute for Arts and Culture, Berlin
Jonah Steinberg, maître de conférences et directeur du département Global Studies à l’Université du Vermont (États-Unis)
Commissaires associées :
Françoise Dallemagne, chargée de collections et de recherche, Mucem
Alina Maggiore, doctorante en anthropologie sociale, Mucem / Université Aix-Marseille / Université de Freiburg
Le comité d’experts
William Acker, juriste, délégué général de l’Association Nationale des Gens du Voyage Citoyens (ANGVC)
Yahya Al-Abdullah, doctorant en anthropologie sociale, EHESS Paris
Nelly Debart, foraine, présidente de l’ANGVC et membre du conseil consultatif des Gens du Voyage
Bénédicte Florin, maîtresse de conférences en géographie, Équipe Monde Arabe et Méditerranée (EMAM), laboratoire CITERES, Université de Tours
Lise Foisneau, anthropologue, chargée de recherche au CNRS
Pascal Garret, photographe et sociologue, Tours
Caroline Godard, chargée de projet, association Rencontres Tsiganes, Marseille
Gabi Jimenez, artiste plasticien et président de l’ADVOG
Timea Junghaus, historienne de l’art, directrice de l’Eriac, Berlin
Jean-Pierre Liégeois, sociologue, enseignant-chercheur honoraire et directeur (1979/2003) du Centre de recherches sur les Tsiganes de l’Université Paris-Descartes, consultant auprès du Conseil de l’Europe
Valentin Merlin, photographe indépendant
Cristian Padure, linguiste, enseignant-chercheur à l’université de Bucarest
Santino Spinelli, musicien, compositeur et professeur à l’université de Chieti
Sasha Zanko, étameur, président de l’association Tchatchipen et délégué du Forum Européen des Roms et des gens du voyage
Scénographie : bGc studio, Iva Berthon Gajšak, Giovanna Comana, Clara Launay
Graphiste : Fabrice Petithuguenin