Depuis tout jeune, Božo Vrećo cultive l’art du travestissement. Avec ses yeux surlignés d’un maquillage charbonneux, sa barbe finement taillée et ses robes excentriques, le chanteur serbe (qui refuse les étiquettes communautaires) cultive une esthétique transgenre qui détonne dans le monde d’ordinaire calfeutré du sevdah. À la tête du groupe Halka, il renouvelle ce blues bosnien de sa voix de ténor cristalline, qui lui permet de chanter toutes les mélodies traditionnelles. Dans des Balkans encore très patriarcaux, Božo Vrećo rencontre un succès étonnant. Avec une honnêteté désarmante, il fait tomber les barrières du genre comme des communautés. Incarne-t-il l’avenir, tolérant et ouvert, de la région ?
Divanhana, ce sont huit gamins de Sarajevo qui sont tombés raides du sevdah. Ce blues urbains des Balkans né à l’époque ottomane chante les tourments de la vie quotidienne, l’amour, les sentiments et même l’Histoire. Le groupe est né fin 2009 au Conservatoire de la capitale bosnienne, mais il a fallu trois ans avant qu’il ne trouve sa forme actuelle, avec l’arrivée de la jeune chanteuse Leila Ćatić. Le nom « divanhana » désigne cette pièce de la maison bosnienne où l’on se retrouvait après le travail pour échanger, boire un verre, jouer de la musique. Puisant ses racines dans les mélodies traditionnelles, leur son marie allègrement jazz, pop ou même musique classique contemporaine pour créer ce qu’ils appellent le « nouveau sevdah ». Un répertoire qui fait le pont entre les anciens, attachés aux rythmes de leur enfance, et les plus jeunes, éduqués aux genres électrifiés.