Une ville tournée à l’envers

| |

Trahisons et intrus, attentats inexpliqués et accrochages sanglants entre deux armées qui défendent la même ville. L’année 1992, l’automne, les rumeurs se propagent, les politiciens croates et serbes se sont mis d’accord sur la reddition de la ville de Jajce. Des détachements du HVO quittent, de concert, les lignes de défense, tandis que l’Armija manque aussi bien d’hommes que d’armes. Les unités du général Talic, futur accusé du Tribunal de La Haye, vont bientôt fourmiller dans la ville. Mahir Bostandzija, âgé de dix-huit ans à l’époque, ravive les souvenirs de la prise honteuse de la ville sur la rivière Pliva, un lieu apprécié des rois médiévaux, des Ottomans et des partisans de Tito.

Par Nihad Hasanovic « Je ne sais qu’une chose : une partie de moi n’est plus aussi tendre qu’elle l’était jadis ». Peter Maas, Aime ton prochain Le ciel est en bas. Les piliers qui le soutenaient se sont écroulés. Une suite interminable de crépitements. Des grenades à fusil curieuses cherchent l’entrée d’un fossé. Des balles sifflent gaiement comme si elles n’apportaient pas l’horreur. Encore entiers, ceux qui se savent vaincus hurlent. Ce petit point étincelant - est-ce une étoile floue jetée sur Canino Polje ? Lui montre-t-elle le chemin lorsqu’il rampe vers la ville dont la chute est imminente ? Et en haut, en haut se trouve la (…)

Pour lire la suite de cet article, abonnez-vous ou identifiez-vous !

S'abonner      Identifiez-vous