Lucian Boia

Roumanie, un pays à la frontière de l’Europe

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Les Roumains sont-ils « plutôt Daces que Romains » ? La Roumanie appartient-elle plutôt à l’Europe Centrale, à l’Europe de l’Est ou aux Balkans ? Quelle est la part de l’influence slave et pourquoi les Roumains sont-il obsédés par leur latinité ? Pays de frontières, « premier cercle de l’altérité » pour l’Occident, ce territoire mal connu souffre encore d’une image biaisée.

Dans son essai, l’historien roumain Lucian Boia s’intéresse à la problématique historique et socio-économique du pays et propose une excellente introduction au monde roumain, à son imaginaire et aux grandes questions qui le traversent. Il pointe les paradoxes de la géographie et de l’histoire roumaine, cette « permanente situation de frontières » qui a eu « deux effets complémentaires et contradictoires (…) un relatif isolement et un extraordinaire mélange ethnique et culturel ». Tziganes, Hongrois, Saxons, Grecs, Juifs ou encore Lipovènes, Ukrainiens, Polonais ou Bulgares, les minorités ont façonné le destin et la richesse du pays. Mais le manque d’unité du pays, la discontinuité de son histoire, ont en même temps toujours constitué un facteur majeur de difficultés et d’incertitudes. L’ouvrage nous entraîne alors dans l’imaginaire de ce peuple, pris entre européanisme et tentation du retour aux sources et qui a connu l’un des régimes communistes les plus durs d’Europe. Il nous montre aussi combien l’influence de cette période est encore vive, alors même que la Roumanie est apparemment un des pays les plus ouverts à l’Occident de la région.

Etat des lieux de la complexité de l’identité roumaine, cet essai richement documenté, clair et synthétique intéressera autant les connaisseurs de la Roumanie que les néophytes. (autres ouvrages de Lucian Boia chez le même éditeur : la Mythologie scientifique du Communisme ; Pour une histoire de l’imaginaire).