Marseille (13006)

Rencontre avec Velibor Čolić / Manuel d’exil Comment réussir son exil en trente-cinq leçons

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Une rencontre proposée en continuité avec la résidence D’Une langue à l’autre de Velibor Čolić en 2014. Cette résidence a été soutenue par le CNL et le département des Bouches du Rhône.

2 juin 2016 — 19 heures
HISTOIRE DE L’OEIL
25 rue Fontange 13006 Marseille

« Fraîchement restauré, le foyer de demandeurs d’asile à Rennes me fait penser à mon lycée. Une grande porte vitrée, d’interminables couloirs, sauf qu’ici au lieu des salles de classe on a des chambres pour les réfugiés. Dans le hall central il y a une carte du monde avec les petits drapeaux du pays des résidents. La misère du monde s’est donné rendez-vous à Rennes en cette fin d’été 1992.

Je suis accueilli par une dame aux énormes lunettes. Elle parle doucement en me regardant droit dans les yeux. Je saisis que je vais avoir une chambre simple, pour célibataire, que la salle de bains et la cuisine sont communes et que j’ai droit à un cours de français pour adultes analphabètes trois jours par semaine.
Je suis un peu vexé :
– I have BAC plus five, I am a writer, novelist…
– Aucune importance mon petit, répond la dame. Ici tu commences une nouvelle vie… »

Velibor Čolić

Prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises (pour l’ensemble de son œuvre) (2014)
Né en Bosnie en 1964, fait des études de lettres et de langues yougoslaves à Sarajevo et Zagreb. De 1989 à 1991, il travaille comme critique littéraire et critique rock à la radio régionale de Modrica. En 1991, après l’arrivée au pouvoir du parti nationaliste d’extrême droite, il est renvoyé de la radio.
Désertant la guerre dans les Balkans, il se réfugie en France en 1992. Velibor Čolić a vécu une dizaine d’années à Strasbourg, durant laquelle il a notamment collaboré aux chroniques musicales du quotidien régional, avant de s’installer en Bretagne où il vit actuellement.
Par son écriture, il évoque et exorcise son expérience de soldat, de prisonnier et de réfugié. En serbo-croate, puis directement en français depuis 2008, il se penche sur sa jeunesse avec tendresse et drôlerie, évoquant sa propre histoire et celle de la Yougoslavie d’avant guerre.

« J’ai loué une langue, le français. Ce n’est pas la mienne, je n’en suis pas le propriétaire, mais c’est comme dans une maison qu’on loue : on finit par s’y sentir à l’aise. »

MANUEL D’EXIL (Gallimard, 2016), est le denier livre paru, pour lequel il est venu en résidence au sein de Peuple & Culture Marseille en 2014.