Matthieu Dhennin

Le lexique subjectif d’Emir Kusturica

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Sous forme de lexique, ce « portrait à multiples entrées d’un réalisateur » se décline en trois livres.

« Livre bleu - sources françaises
Kusturica, Emir - Réalisateur, acteur et musicien d’origine bosniaque, surtout connu pour ses films baroques sur les Gitans ou laguerre en Yougoslavie, avec des musiques de Goran Bregovic.

Livre rouge - sources balkaniques
Kusturica, Emir - Réalisateur et producteur serbe,surtout connupour son engagement intellectuel et ses prises de position radicales dans ses films.

Livre blanc - sources diverses
Kusturica, Emir - Réalisateur yougoslave, surtout connu pour avoir gagné deux fois la Palme d’Or au festival de Cannes. »

Le lexique fait le tour, de manière intelligente, complète et posée, de l’univers kusturicien, depuis la musique, le monde rrom, le football (Diego Maradona) et les admirations cinéphiliques, pas toujours payées de retour, comme dans le cas de Francis-Ford Coppola.

Dans les références musicales, des entrées sont ainsi consacrées à Guca, au Kocanski Orkestar, ainsi, bien sûr, qu’au No Smoking Orchestra.

Le livre ne fait l’impasse sur aucun sujet qui fâche, évoquant les ennemis déclarés du cinéaste, d’Andrej Nikolaidis à Alain Finkielkraut (auteur d’un fameuse et virulente critique d’Underground dans Le Monde, alors qu’il n’avait pas vu le film), mais aussi les amitiés rompues, d’Abdulah Sidran à Goran Bregovic, en passant par Goran Paskaljevic.

Matthieu Dhennin trouve des mots fort justes pour évoquer la relation d’Emir Kusturica à Sarajevo et à la Bosnie. Aussi éloigné du dythirambe que du réquisitoire, ce livre constitue donc une des meilleures manières possibles de faire le point sur notre propre perception de l’oeuvre protéïforme de « l’émir du Costa Rica » (ainsi se présenta E.K. lors de sa première venue à Cannes, en 1985, quand il reçut la Palme d’or pour Papa est en voyage d’affaires).
Jean-Arnault Dérens.