Blog • L’impermanence de toute chose, selon Veronica Mecchia, photographe

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« Le temps, s’il existe, s’écoule. C’est tout ce qu’on sait de lui », écrit Valentina M. Viollat à propos du travail de Veronica Mecchia qui expose en ce moment à la Gallery 21 : art, mind, body, à Paris, au 21, rue Dauphine. Jusqu’au 4 février.

« La culture occidentale nous le rappelle à travers l’art du Memento Mori : des crânes côtoient des natures mortes, symbolisant le caractère éphémère de toute chose vivante.

La culture orientale, notamment la japonaise, a fait du Temps un modèle circulaire, dans lequel le changement épouse la répétition cyclique des événements temporels. Cette culture célèbre alors, plus que la mortalité, l’impermanence. Ce n’est pas tant la fin qui fascine, mais le fait de ne pas perdurer, l’écoulement inexorable de l’instant, auquel on ne peut pas intimer : ’Arrêtes-toi, toi qui es si beau’.

Les photographies de Veronica Mecchia, qui a exploré dans le passé le sujet du Memento Mori dans sa série Vanitas, sont un acte d’amour envers l’interprétation orientale de l’écoulement du temps.

Avec un regard enchanté, l’artiste s’adresse à l’impermanence de toutes les choses avec le même chagrin très délicat et intime qu’on retrouve dans la tradition japonaise. Elle y insère cependant une note très personnelle : à la contemplation de la fugacité de toute chose existante, proie du changement, elle ajoute une délicate mais ferme nuance de vitalité. Au même instant où elle réfléchit, à travers son objectif, à l’expérience qui déjà s’enfuit et lorsqu’elle accueille et berce dans son âme l’impermanence de toute chose, l’artiste ne peut empêcher un petit geste, une posture, un mouvement suggéré, qui donne à son hommage du changement une nuance vive et introduit la vie avec une telle intensité qu’elle en crée un oxymore fascinant.

Ces images nous racontent avec une profonde prise de conscience l’acte de saisir, de contempler et de célébrer l’impermanence de toute chose et elles témoignent en même temps d’un sursaut d’anarchie dans l’âme de la photographe. Même en étant proie au pathos généré par l’inexorable aspect transitoire de l’existence, elle affirme la vie au-delà de toute chose. » (Valentina M. Viollat)