Paris (75012)

L’adieu au viaduc

| Le

© Slađana Stanković

La Maison d’Europe et d’Orient ferme le théâtre du Viaduc et la librairie européenne et prend un nouveau départ !

3 décembre

15h00 Grande braderie à la librairie : tout doit disparaître !
16h00 Projection de la captation de la dernière création
Cernodrinski revient à la maison (Stefanovski / Dolmieu, réalisation Sandrine Lancien)

18h00 Prises de paroles
19h00 Présentation de saison
20h00 Concert du Tzi Skav Orkestar
21h00 Grand bal

Alors donc, nous y voilà.

Vous le savez tous, l’économie de la MEO est précaire. Vous avez suivi nos divers appels et campagnes de soutien, et tout ou presque a été essayé. Ni la réduction de ses activités ni celle de son personnel n’ont permis à la MEO de trouver son équilibre économique. Son équipe est totalement éreintée par la charge de travail et la MEO est à nouveau menacée de disparaître.

Afin de sauver les 600 contrats d’auteurs et de traducteurs de son agence, les 20.000 livres de sa maison d’édition (l’Espace d’un instant) et la coordination d’un réseau (Eurodram) qui a fait circuler cette année 717 textes auprès de ses 275 membres en 33 langues différentes, la MEO a décidé de fermer le Théâtre du Viaduc et la Librairie européenne.

La suppression du soutien de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, le rejet de notre projet d’intégration au Viaduc des Arts ainsi que de nos demandes de conventionnement comme compagnie, comme lieu intermédiaire et indépendant, comme scène conventionnée aux écritures contemporaines et à la diversité linguistique, en sont, selon notre analyse, les causes principales. La MEO n’est pas un cas isolé. Autour de nous, du Lavoir moderne à Confluences, le paysage change, l’espace pour des initiatives de la société civile se réduit.

En 2013, la Ville de Paris et le ministère de la Culture avaient exceptionnellement doublé leur soutien à la MEO, ce qui lui avait permis de continuer ses activités en 2014. En 2015 la région Ile-de-France, qui avait régulièrement consolidé son soutien, a versé ses fonds plus tôt qu’à l’accoutumée, en raison des élections prévues en 2016, ce qui a une nouvelle fois sauvé la maison. Mais de rebonds en sursauts, l’épuisement généré par la lente érosion des budgets nous contraint à un repli stratégique.

La MEO reste soutenue par la Ville de Paris, la région Ile-de-France et le ministère de la Culture. Nous les en remercions tous très chaleureusement, en votre nom. La ministre elle-même a été sensible au sort de la MEO puisqu’il y a peu, elle nous a apporté sur les fonds de la réserve un soutien tout à fait significatif, qui a permis à la MEO de planifier une transition réfléchie. C’est le choix que nous avons voulu faire, celle d’une transformation aussi harmonieuse que possible, plutôt que d’un crash définitif dans lequel tout le monde aurait été encore davantage perdant. Nous espérons que la MEO continuera à être soutenue dans ce sens, sans quoi ce changement ne pourra être accompli.

Cette myriade de choses "petites", "rares", "minoritaires", cette transversalité, cette médiation entre propositions populaires et savantes, entre propositions proches et lointaines, bref ce qui faisait une grande partie du charme et de la pertinence de ce lieu, n’est pas perdu. On le retrouvera, ici et là. Il n’y aura plus cette permanence, mais cela n’en sera que plus intense. La MEO garde ses objectifs de promotion de cultures aussi riches que méconnues. On peut dire qu’elle y a déjà réussit dans une large mesure, tant on a vu d’artistes et de public se rencontrer dans une atmosphère bien éloignée des ambiances industrielles et commerciales... Mais il reste encore beaucoup à faire pour faire reculer le repli sur soi, le sentiment de supériorité et la peur de l’autre.

Alors, il faut que ça bouge. Et justement donc, la MEO va booster sa mobilité.

Le bail du passage Hennel prendra fin au 31 décembre et les clés seront transmises au 100 ECS, dirigé par Frédéric de Beauvoir. La MEO a convenu d’un partenariat qui permettra d’assurer l’accueil de la programmation 2017 de la MEO à la fois au théâtre du Viaduc et au 100 (rue de Charenton, à quelques dizaines de mètres de la MEO). Une collaboration renouvelée, puisque que c’était déjà en partie grâce à Frédéric que la MEO avait pu intégrer ses locaux actuels. Au final, la MEO sera donc davantage disponible pour de nouvelles aventures à Paris, en Ile-de-France, en France et ailleurs.

Cette programmation 2017, rappelons-le, c’est beaucoup la vôtre, au moins si vous êtes adhérents ou abonnés de la maison : une poignée d’entre vous s’était emparé des dossiers en fin de saison dernière, pour la composer en mode participatif. Nous, elle nous enthousiasme, par la bouffée d’émergence, d’innovation et de vitalité, et par les échos qu’elle nous transmet d’un peu partout, d’Ukraine, du Kosovo, de Syrie, de Palestine, d’Iran, de Pologne, de Méditerranée et d’ailleurs. Ne la manquez pas !

La MEO va se concentrer à présent sur le réseau Eurodram, l’agence littéraire, la maison d’édition l’Espace d’un instant et le théâtre national de Syldavie, qui continueront donc à fonctionner avec une énergie accrue, mais ce sera désormais "hors les murs". Là aussi le programme des publications s’annonce prometteur, avec notamment une anthologie des écritures théâtrales d’Ukraine et deux magnifiques textes de Serhiy Jadan et Pavlo Arie, et même le premier texte dramatique traduit du tatar de Crimée en français, et encore d’autres d’Albanie, de Géorgie, d’Iran, de Russie, de Serbie... Côté création, on espère que le Patriotic hypermarket de Milena Bogavac et Jeton Neziraj trouvera les financements nécessaires pour vous le montrer.

En attendant, la librairie européenne a déjà commencé à démonter ses rayons. Amis éditeurs, si vous n’avez pas encore fait le bilan de vos dépôts, n’attendez pas la dernière minute ! Quelques regrets au passage : si la librairie donnait sur une voie un brin plus passante, avec le même pourcentage de gens qui s’arrêtent devant la vitrine et entrent sans l’avoir prévu, et pire, reviennent : notre fortune serait faite. Mais bonne nouvelle, il est désormais possible d’acheter les livres de l’Espace d’un instant via notre site internet ! N’hésitez plus !

Car la MEO n’est pas pour autant complètement tirée d’affaire. Nous aurons besoin de tous les soutiens, notamment au cours de ces prochains mois, une telle transformation n’allant pas sans frais exceptionnels. Vos adhésions à l’association (15 €/an) ou vos abonnements aux publications de l’Espace d’un instant (100 €/an) seront autant un soutien financier précieux qu’un fort encouragement à poursuivre nos activités, même différemment. Enfin vous pouvez également, si le coeur vous en dit et que vos moyens vous le permettent, devenir mécène de l’association en étant plus généreux encore (montant libre). Autre bonne nouvelle, la MEO a désormais la possibilité de délivrer, aux particuliers comme aux entreprises, un rescrit fiscal afin de bénéficier d’une remise de 66 % du montant du don sur vos impôts à payer.

En tous cas, ne ratez pas la journée d’adieu au Viaduc le 3 décembre prochain !
Adhésions et abonnements possibles toute la journée.

L’équipe de la MEO.

MAISON D’EUROPE ET D’ORIENT

Pôle culturel européen
(Librairie européenne / Galerie - Théâtre du Viaduc /
Bibliothèque Christiane-Montécot -
Éditions l’Espace d’un instant - Théâtre national de Syldavie)
3, passage Hennel, 75012 Paris - 01 40 24 00 55 - contact@sildav.org
www.sildav.org