Déchets, décharge et censure en Albanie : circulez, il n’y a rien à voir !

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Quels sont les liens entre Erion Vellaj, le maire socialiste de Tirana, et la très lucrative industrie du traitement des déchets ? Un documentaire d’investigation a été déprogrammé au dernier moment par la chaîne Vizion Plus. Chut, en Albanie, les déchets sont un secret d’État !

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Par Louis Seiller

Le tri est effectué directement... dans la poubelle !
© CdB / Louis Sellier

Un reportage devait être diffusé ce dimanche sur les responsabilités d’Erion Veliaj, l’actuel maire socialiste de Tirana, dans les activités très controversées menées autour de la grande décharge de déchets solide de la capitale, Sharra. Il a été déprogrammé quelques heures avant sa diffusion. L’équipe de l’émission Publicus dénonce un acte de censure politique, alors que les dirigeants de la chaîne Vizion Plus annoncent la fin pure et simple de leur collaboration, sans plus d’explications.

Tandis que la municipalité est restée silencieuse, le directeur de la chaîne a admis avoir annulé l’émission, mais rejeté toutes les accusations de censure, évoquant des désaccords administratifs avec le producteur de l’émission. La porte-parole du Parti démocratique (PD), Grida Duma, s’est empressée de parler de « mauvais jour pour la liberté d’expression et la démocratie en Albanie ».

Un mauvais jour pour la liberté d’expression et la démocratie en Albanie

En seulement trois épisodes, l’émission s’était forgée une certaine réputation dans l’investigation, mettant notamment en lumière le manque de préparation du gouvernement dans le futur contrôle des déchets importés. Un peu plus tôt cet été, une journaliste de la chaîne A1 News TV, Alida Tota, avait elle aussi été licenciée après avoir enquêté sur la mort d’un jeune homme de dix-sept ans, survenue alors qu’il travaillait dans cette même décharge dont Erion Veliaj a souvent assuré la promotion.

Cette affaire met de nouveau en difficulté les dirigeants du Parti socialiste au pouvoir et décrédibilise encore plus un système politico-médiatique très critiqué. Elle apporte de l’eau au moulin aux opposants à la loi sur l’importation des déchets qui s’organisent et essaient de fédérer autour des projets gouvernementaux qui menacent selon eux le pays.

Dénonçant conjointement cette loi et la destruction programmée de la vallée de la Valbona, ils ont reçu le soutien de deux personnalités du monde de la culture. Les chanteuses albanaises Elina Duni et Eda Zari on pris l’initiative de donner deux concerts gratuits afin de soutenir la cause environnementale.

Le documentaire censuré :