BLOG • PUDDING THÉÂTRE : Sur la route, vers la Macédoine

|

Nous avons du quitter l’hôtel Ambassador à Podgorica. En disant au revoir à mes copains serveur et patron, je découvre que le patron est en fait réceptionniste. Le patron, le vrai, c’est cet homme intrigant, avec son café et sa vapoteuse, assis toujours à la même place, avec vue imprenable sur la salle de restaurant. Qui mate et ne sourit jamais.

On part. L’idée est de gagner Kotor, d’y debriefer en fin d’après midi et d’y passer la journée off de demain.

Voyage. Dans le camion plateau, un drôle de bruit, on pense avoir perdu quelque chose. Le bruit persiste. Arrêt. De très gros cailloux se sont coincés entre les doubles essieux. Les mecs arrangent le coup. On repart. Arrêt à Cetinje pour un repérage. Ce site nous est proposé, au cas d’une tournée Balkanaise. Alice arrive avec son grand sourire sur ses grandes jambes avec la solution pour que la projection soit possible ici.
On fait le car de touristes qui assaille la toute petite échoppe des souvenirs d’un vieux monsieur qui fond ses petites cloches à même la rue. Je ne sais toujours pas pourquoi il y tant de cloches en Balkanie ?

On repart.
L’ambiance dans le camion est à la franche rigolade. C’est la détente. On rit, on fait des blagues d’ado, on chante. On décompresse.
Le paysage devient très, très beau. La mer en contre bas, les rochers, la lumière, les maisons qui semblent accrochées ou juste posées là. On ressemble à un convoi de japonais avec nos appareils photos qui dépassent des fenêtres. On fait même un arrêt photo-éclair sur un site panoramique… c’est les vacances !

En soirée, on debriefe à la terrasse de notre maison d’hôtes version luxe, au pied du port de plaisance. On reprend le déroulé du spectacle, ciblons les missions pour la Macédoine, envisageons des solutions, posons des questions quelquefois sans réponse… l’essentiel n’est pas d’avoir toutes les réponses, mais de s’être poser toutes les questions. Ca sonne intello, mais tant pis.

Le lendemain matin orage et trombes d’eau nous laissent quasi indifférents, aujourd’hui est un jour à être heureux : Alma est née au matin à des centaines de kilomètres de nous. On est heureux, fiers, contents, souriants béatement. Alma est née.

Après midi, le soleil fait son apparition. On joue les touristes en mini groupes. La ville est vraiment très belle. Des remparts montent très hauts jusqu’à une forteresse perchée dans les montagnes, le patrimoine religieux est époustouflant. Faudrait juste enlever les cohortes de touristes et les bateaux de croisière géants qui gâchent des pans entiers de paysage.
On passe une soirée très détendue, on improvise des mises en scène photo. Pour Marie-Charlotte, pour Sylvain, pour Marie et Clovis, les nouveaux parents tous frais.

Le voyage du lendemain de Kotor à Skopje on pourrait en faire un livre de 350 pages !
Essayons par flash.

Départ prévu à 8 heures. Temps gris. Valises qui s’agglutinent. Qui a les clefs du camion ? Matthias, les 2 Christof et Floriane sont partis hier en amont pour assurer au mieux le repérage… ils sont partis avec les clefs ? Non ! Sami a dit de les laisser ! Dans les chambres, les clefs sont restées dans les chambres ? Non plus ! Le camion est ouvert… Où sont ces satanées clefs ? Là ! Sur la margelle côté passager ! On part enfin.

On roule. On roule.
Première frontière avec l’Albanie. Toujours la même pression, les mêmes précautions gestuelles et oratoires. L’anglais ultra poli. On ne passe pas. On ne peut pas passer. Les ordinateurs sont en panne, seuls les touristes peuvent traverser.
Demi-tour pour trouver un autre poste frontière.

On roule.
Péage. Laurent qui fait le tour du camion suivi de près par une femme aux cheveux platinés, gonflés. Il y a un souci avec la carte grise. On repart.

On roule.
Il pleut des trombes d’eau, l’eau dégouline des montagnes et s’accumule en mare sur la route. Le camion plateau prend l’eau à l’arrière et côté conducteur. Des petites gouttes froides et vicieuses.
On s’arrête pour manger. On perd Lili. Qu’on retrouve au bord de la route, toute mouillée, toute triste, sous la capuche de son k-way rouge. On mange pas très bon, mais ça nous fait rire et les femmes qui nous servent sont très gentilles.

On roule.
La frontière Albanaise bis. Ca prend du temps et des précautions mais on passe.

On roule. C’est long. Il pleut encore et toujours. Tout le monde s’efforce au calme, à la zénitude. On gère la route, le temps, la fatigue et l’humeur générale.
Frontière avec le Kosovo, on a longuement hésité à l’inclure à notre trajet. Stevan nous a convaincu que « oui, bien-sûr ! ». Benoît est allé vérifier à la chambre de commerce de Podgorica « Oui, bien-sûr ! »
Nous y sommes. Immobilisés. On se dit qu’on aurait peut-être mieux fait d’être paranos. L’ambiance est très tendue, la nuit est tombée, il pleut dans les halos de lumière. Le Kosovo ne reconnaît pas nos papiers. On paye une première fois. Puis une deuxième. 3 heures et 400 euros plus tard, on finit par passer.

On roule.
Brouillard. Station service au milieu de nulle part. Il est 22 heures. Repas à base de chips, de mars et de gâteaux gélatinés à la framboise.

On roule.
Frontière avec la Macédoine. Il est tard, très tard. De jour, le décor de no man’s land doit être glauque, de nuit c’est surréaliste. Zone industrielle de pays pauvre abandonnée. Il y a même le chien errant qui se prend son coup de pied réglementaire. Papiers. Douaniers. Oh ! Les Kosovars ne nous ont pas rendu un des papiers d’assurance ! Le douanier macédonien, très sympa, accepte le mail de confirmation.

On roule.
Skopje ! Enfin !
La porte fermée de l’auberge de jeunesse, nous fait beaucoup rire. Il est 3 heures du matin. On se couche. Nous sommes arrivés à Skopje, Macédoine !