Miljenko Jergović

Le palais en noyer

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Miljenko Jergović
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Regina Delavale, née Sikirić, quatre-vingt-dix-sept ans, meurt en 2002, après avoir sombré dans la folie. Récit à la fois intimiste et épique des derniers jours de sa vie jusqu’à sa naissance, Le Palais en noyer est aussi l’histoire d’une famille de Dubrovnik et celle, déchirante et tragique, d’un pays malmené tout au long du XXe siècle. On croise ici plus de cent vingt ans d’Histoire : chute des empires austro-hongrois et ottoman, guerres mondiales, essor et déclin du communisme, éclatement de la Yougoslavie. Dans un carrousel d’existences cabossées, cinq générations de la famille Delavale-Sikirić ne cessent de graviter à l’intérieur des « systèmes héliocentriques du malheur ». Jergović utilise savamment la construction « à rebours » : en inversant l’ordre chronologique, il crée un monumental roman-sablier où le temps n’avance pas mais s’abat vers l’intérieur de lui-même, égrenant dans un somptueux bonheur narratif une inoubliable succession de scènes et de destins.

Épitaphe magnifique pour un siècle tourmenté et un pays défunt, Le Palais en noyer fait date dans l’histoire littéraire balkanique et européenne : en 2003, année de sa parution, il obtint de prestigieux prix littéraires croate, bosniaque et serbe.