Rex, c’était en quelque sorte mon voisin de pallier. Il dormait sur des cartons disposés pour lui sous les marches. Il buvait de l’eau et mangeait à sa faim tous les jours. Pour tuer le temps, il avait même cinq ou six copains avec lesquels il faisait la java dans le quartier, la nuit tombée. Mes voisines lui avaient donné un nom, prenaient soin de lui comme s’il était notre chien à tous. Comme beaucoup de ses congénères à Bucarest, il n’était plus tout à fait un vagabond.
C’est en septembre 2013 que mes voisines ont commencé à s’inquièter. Le parlement venait d’adopter une nouvelle loi autorisant l’euthanasie des chiens des rues. Il est vrai que lorsqu’ils sont en meute, ces derniers peuvent se montrer très dangereux, allant jusqu’à tuer des passants. Avec ce nouveau texte, les députés espéraient résoudre un problème qui s’était accentué dans les années 1980 lorsque le régime de Ceaușescu fit raser des quartiers entiers de maisons pour construire des barres d’immeubles.
Après la mort d’un enfant de quatre ans sauvagement attaqué à l’automne 2013, la mairie de Bucarest s’était donné 18 mois pour ramasser 80% des chiens errants et les tuer si aucun propriétaire ne se manifestait dans les deux semaines. Un objectif aujourd’hui atteint malgré les critiques des associations de défense des animaux.
Pour éviter à Rex de finir dans un camion de la SPA, mes voisines avaient trouvé une parade en lui mettant tout simplement un collier. J’espère que la ruse continue aujourd’hui de fonctionner..