Blog • Pudding Théâtre : de Novi Sad à Podgorica

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Ce billet est dédié à Marie-Blanche Cauvé/Chatelain, avec toute ma tendresse.

Nous quittons Novi Sad après une semaine de travail. Au revoir à Clovis qui va enfin pouvoir profiter de sa belle Marie enceinte. Au revoir à Sylvain, que la Taillanderie réclame. Au revoir à Marie-Charlotte.

Pour Marie-Charlotte c’est plus dur, pour elle, comme pour nous ; nous venons de la rencontrer, elle a passé une semaine intense au Pudding, des amitiés sont nées, une complicité artistique… et elle part, déjà. C’était prévu comme ça, avoir des interlocuteurs différents à la vidéo sur le séjour, pour des regards croisés… mais c’est dur.

Nous quittons Novi-Sad, et une belle semaine bien remplie, artistiquement et émotionnellement. Nous avons solutionné beaucoup de problématiques dramaturgiques, même si nous n’avons pas déroulé l’entièreté du spectacle comme nous le pensions. Nous avons affiné notre propos et s’est créée une belle cohésion de groupe.

Les 2 sorties public ont été très enrichissantes. Les jauges n’avaient bien sûr rien à voir avec nos 7 à 800 spectateurs escomptés, mais le système fonctionne, la mouvance du public aussi.

Il faut qu’on prenne un vrai temps avec nos deux jeunes, Ulysse et Charlotte, qui font leur baptême de la rue. Ils ont mis en pratique les astuces de manipulation et de guidance public, avec forcément des maladresses… on apprend en se trompant…profiter de leur expérience toute fraîche, comme modèle de correction, pour eux et pour tous. C’était très beau, de les voir, dans leurs scènes respectives, défendre leur morceau, devant nos peu de spectateurs expérimentaux. Défendre leur personnage avec leur jeunesse, leur niaque et leur professionnalisme tout frais et très professionnel !

Nous quittons Novi Sad avec de beaux retours public. Après une des sorties, répondant à ma question, un Monsieur dit qu’au début il ne comprenait rien à cette langue inventée ; mais que de passer d’un personnage à un autre, d’entendre la même langue de différentes bouches, d’un coup il a eut l’impression de tout comprendre. Les retours nous font aussi corriger certaines intentions, nous ouvre l’esprit sur d’autres possibles. Nous rappelle ce que nous cherchons en termes de dynamique public, nous interroge. Les gens demandent beaucoup, pourquoi, nous français, nous sommes ici, chez eux, en travail. La réponse est toujours la même, multiple ; artistique et humaine.

Nous avons quitté Novi-Sad, où Alice nous a rejoint quelques jours avant le départ pour la suite du travail vidéo. Elle intègre notre jargon, comprend notre artistique, propose des solutions, ouvre sur des références vidéos ou documentaires… c’est bien. Rencontrés aussi Amel et Martz, nos caméraman et preneur de son macédoniens de l’Université des Arts Visuels de Skopje, qui nous suivrons, par intermittence tout au long de notre aventure de création en Balkanie, pour filmer le travail de répétitions. Le courant passe bien, malgré nos langues différentes et les lacunes en anglais. Amel parle avec les yeux, qu’il a très rieurs.

Nous avons quitté Novi-Sad et toute l’équipe serbe, qui nous a si bien accueillis. Jacob le directeur du gymnase, Milan et Tibor de Kultura Nova. Anne et Tanja de l’Institut. Aux filles qui nous ont souvent parler de cette façon toute française de politesse, de papouille, de bisous, nous avons offert un énorme câlin collectif d’au revoir. Milan et Tibor, étaient à l’auberge au matin au départ des camions pour les « Au revoir, à bientôt ? Hein ! »

Nous avons quitté Novi-Sad au moment où nous nous installions dans nos habitudes. Où les liens commençaient à se resserrer avec nos hôtes. Nous avons quitté Novi-Sad pour la suite, en laissant un peu de nous, à l’auberge, sur le site de travail, et nous l’espérons, dans les yeux de nos spectateurs. Avec en nous, un peu de tous ces gens que nous avons rencontré, de ce qu’ils ont partagé avec nous, un peu de leur confiance aussi je crois.

Nous avions quitté Novi-Sad depuis quelques heures déjà. Nous fassions notre première pause, dans une petite ville, au soleil, quand le téléphone a sonné.

Nous sommes aujourd’hui, à Podgorica au Monténégro. Christophe et Isabelle sont rentrés en urgence en France. Marie-Blanche est morte. Nous sommes tous bouleversés, mais gardons chacun à sa manière, chacun avec ses souvenirs, chacun précieusement, la tendresse qu’elle a nous offert tout au long de sa vie, et qui nous a aidé à construire ce que nous sommes.

Le Pudding théâtre répète en public à Podgorica, à côté de la librairie Karver, chaque jour, du 4 au 7 octobre, de 14h à 18h et de 20h à 23h.

Présentation du spectacle et discussion avec les spectateurs intéressés le vendredi, 7 octobre à 20h.