Blog • Požarevac dans mes yeux

|

Vojka, professeure de français au collège de Požarevac et une des plus actives de notre communauté Semantis nous évoque sa ville, sa géographie et son histoire, mais aussi le sentiment poétique qui y règne, ici et là, à travers son quotidien inspiré par la peinture de Milena Pavlovic Barilli...

Par Vojka Milovanović

Le parc de Požarevac
© Wikipedia / Creative Commons

Son nom signifie « la ville de feu », grâce aux nombreux incendies qui ont dévasté son entourage pendant sa formation. Aux confins de deux rivières, la Grande Morava et la Mlava et un fleuve le Danube, elle vit, toute timide éloignée de leurs rivages, parce qu’elle était souvent inondée. Loin de l’eau et du feu, la ville a trouvé abri sous le mont Čačalica. Connue parfois sous le nom de Porte de la Serbie de l’Est, elle est aussi la ville de la célèbre prison Zabela appelée « l’Alcatraz serbe » mais ceux qui connaissent bien la Serbie savent que c’est tout simplement Pozarevac.

A 80 km de la capitale Belgrade, Požarevac, comme une belle enfant, sait attirer l’attention des vagabonds, des touristes, des journalistes, des historiens, des archéologues, des gens ordinaires. Pourquoi une telle attirance ? C’est du à l’esprit des événements et des personnes qui ont vécu ici dans le passé et qui ont marqué la ville de leurs empreintes. Les Romains ont construit la ville de Viminacium au Ier siècle de notre ère et c’était une des villes les plus importantes de la province de Mésie. La ville de Viminacium a compté jusqu’à 40.000 habitants. Les animaux préhistoriques, les mammouths, vivaient aux alentours de la ville et des archéologues ont découvert des squelettes des mammouths en 2009.

Pour l’histoire, c’est en 1718 que les deux Empires des Hasbourg et des Ottomans ont signé le Traité de Požarevac et la guerre entre l’Empire Ottoman et la République de Vénise s’est alors terminée. Pour rendre hommage à la paix, le modèle de la tente où la Traité fut signé nous rappelle que la paix est une pierre précieuse pour chaque être humain. Au XIXe siècle, la ville s’est épanouie sous le gouvernement de Milos Ier Obrenovic. Il a fait construire son château, l’église, la nouvelle avenue avec les magasins artisanaux, le haras « Ljubicevo ». Malheureusement, l’avenue a changé de décor après la 2e guerre mondiale quand le nouveau gouvernement l’a détruite en bâtissant des immeubles modernes pour l’homme "moderne". Le château de Milos est devenu la Mairie de la ville de Pozarevac et il se trouve au centre dans le parc où vous pouvez voir la statue de Milos et les statues des citoyens de notre régions tués à la guerre. La personnalité qui a le plus marqué nos vies dans les années 90 était l’ex-président de la république Slobodan Milošević. Il était citoyen de Požarevac où il a passé son enfance et son adolescence et il est enterré ici dans la cour de sa maison.

La célèbre peintre serbe Milena Pavlović Barilli est née à Požarevac. Elle a commencé ici son parcours artistique. Elle a écrit des poésies en français, en italien et en serbe. Une partie de ses toiles se trouve dans la Galerie de Milena Pavlovic Barilli qui était sa maison natale. Le monde de Milena est plein de motifs sur-réels : femmes avec des voiles, jeunes gens ailés, colonnes antiques, les éventails. Chaque fois que je visite sa maison, devant ses tableaux, je perçois la beauté et la liberté d’expression qui dépassent le temps présent et qui présentent ce moment « inter » propre aux grands artistes.
Pour conclure cette courte présentation de ma ville, je vous propose une inspiration poétique à travers un de mes poèmes consacrés à un des très grands artistes allemand, le peintre Albrecht Durer. Aucun lien entre Milena et lui à premiere vue, mais l’énergie, le rêve et la beauté marquent cette réciprocité qui poursuit les artistes de siècle en siècle :

Devant l’autoportrait de Dürer
(A mon ami Eric Mallet)

Dans son atelier sombre
Sa silhouette casse l’ombre
Et voilà ses yeux bleus,
Pleins de feu,
Me découvrent son jeu :
Unique dans cette équipe,
Il méprise les stéréotypes,
Il a du cachet
Et il n’est pas protégé par ces laquais
Qui offrent les bouquets de f leurs de mal
Parce qu’il essaie de rester normal.
Son visage illumine son savoir-faire
Qui détruit ce monde de l’enfer …
Vis-à-vis de Dürer à la fourrure,
Mon cœur me murmure
Que le coup de foudre me frappe
Parce que sa liberté m’attrape.

Des liens pour la ville de Požarevac :

http://viminacium.org.rs/mamut-park/mamut-park
http://viminacium.org.rs
http://muzejpozarevac.org.rs
https://pozarevac.rs/galerija-milene-pavlovic-barili
http://www.topozarevac.rs/galerija.php?lang=sr