Angel Wagenstein

Adieu Shanghai

|

Dans ce dernier volume de sa trilogie consacrée au destin des Juifs d’Europe, Angel Wagenstein, auteur bulgare né à Plovdiv en 1922, évoque un épisode peu connu et pourtant véridique de la deuxième guerre mondiale : l’exode de milliers de juifs allemands et autrichiens vers Shanghai sous contrôle japonais.

Après Le Peutateuque ou les Cinq livres d’Isaac, truculente odyssée d’un petit tailleur de Silésie ballotté par l’histoire (Esprit des Péninsules, 2000) et Abraham le Poivrot (Esprit des Péninsules, 2002), qui nous plonge dans la vie de la communauté juive de Plovdiv, Angel Wagenstein nous livre ici un nouveau récit plein de verve et d’humour, entre roman historique et récit d’espionnage.

L’histoire commence en 1938, à la veille de la grande boucherie mondiale dans les salons dorés de la Philharmonie de Dresde, où, la représentation triomphale à peine terminée, les membres juifs de l’orchestre sont discrètement embarqués en coulisse. De l’Allemagne peu à peu sous la botte au Paris souterrain des étrangers en rade de papiers et jusqu’à Hongkew, faubourg minable de Shanghai sous contrôle japonais, le roman suit les tribulations de ces exilés de la dernière heure en quête d’une terre d’accueil.

Malgré la noirceur du propos, l’humour sauve de la tragédie, surtout que, comme le remarque Wagenstein, l’histoire n’est pas linéaire, le représentant officiel de l’Allemagne à Shanghai ne joue-t-il pas au poker avec un riche séfarade bagdadi et sa propre secrétaire n’est-elle pas une jeune actrice juive échappée d’un tournage ? Car ce que l’auteur prétend ici nous livrer, ce sont ces « histoires vraies d’il y a longtemps, presque oubliées, que d’autres trouvaient bizarres et invraisemblables. Mais quoi de plus invraisemblable que l’Histoire ? »