Le CdB, 25 ans d’histoire(s) | La révolution roumaine, ceux par qui tout a commencé

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C’est à Timișoara, le 16 décembre 1989, que la révolution a commencé, avant de s’étendre jusqu’à Bucarest. Trente ans plus tard, les acteurs et les actrices de ces journées où le sort de la Roumanie a basculé se souviennent, entre émotion et inventaire des déceptions. Rencontres.

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Texte : Florentin Cassonnet / Illustrations : Ophélie Paris

© CdB / Ophélie Paris

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Le samedi 16 décembre 1989, Oana Monoran avait une fête de Noël à l’école. Sa mère était là, les autres parents d’élèves aussi, mais il manquait son père. Elle l’attendait, sa mère l’assurait qu’il allait arriver, mais comment savoir ? Les téléphones portables n’existaient pas encore. Il n’est pas venu. Ion Monoran, 36 ans, était Place Maria, devant l’appartement du pasteur László Tőkés. Il travaillait tout près, il était fochist, le métier de ceux qui s’occupent du réseau d’eau chaude. Il avait entendu parler d’un rassemblement devant l’appartement de ce pasteur rebelle, il était curieux.

« Je suis arrivé Place Maria vers 18h30-19h, il n’y avait pas plus de 250 personnes », raconte-t-il dans un témoignage à Radio Timișoara. « Je suis arrivé au milieu de leur rassemblement, j’ai dit ’Il faut qu’on fasse quelque chose, mais pour ça on a besoin de leaders, sinon on connaîtra le même sort que ceux de Brașov en 1987’. » Les manifestants ont marché jusqu’au siège du Parti communiste de la ville pour réclamer leurs salaires impayés. Ils ont pu voir le luxe dans lequel vivaient les dignitaires du parti, comparé à leurs misérables conditions. Le mouvement n’a pas eu le temps de prendre de l’ampleur. Le jour de la manifestation, les agents de la Securitate ont photographié les meneurs. Le lendemain, ils sont allés les arrêter.

En 1989, Ion Monoran attendait que quelque chose se passe. Il avait vu tomber les autres régimes communistes d’Europe de l’Est : quand viendrait le tour de la Roumanie ? Depuis son adolescence, il était contre le régime. À 18 ans déjà, il avait essayé de quitter le pays, de passer en Yougoslavie avec des amis. Mais il n’avait même pas pu quitter sa ville, quelqu’un l’avait dénoncé à la Securitate. La police l’a arrêté et lui a demandé pourquoi il voulait partir. Il a dit qu’il voulait écrire de la poésie et être libre. On l’a renvoyé chez lui et il a été expulsé du système scolaire. Ne pouvant plus continuer ses études, il a enchaîné les petits boulots de manutentionnaire jusqu’à cet emploi de fochist. Avec toujours cette même attente de liberté, qu’il exprimait dans ses poésies. Voilà pourquoi il a fait partie des premiers révolutionnaires, ce 16 décembre 1989.

« Pour attirer ceux qui n’osaient pas approcher à cause des agents de la Securitate qui nous entouraient, on a commencé à chanter Hora Unirii, un poème de Vasile Alecsandri datant de 1856, que l’on chante traditionnellement le 24 janvier, jour anniversaire de l’union des principautés de Valaquie et de Moldavie en 1859. Les gens ont commencé à prendre courage. Constatant qu’on était de plus en plus nombreux, j’ai suggéré qu’il fallait arrêter les tramways pour rassembler le plus de gens possible et d’aller au bureau régional du Parti. »

Les manifestants ont arrêté un premier tram, puis un deuxième... En quelques minutes, la place était remplie. 800 ou 1000 personnes scandaient « Liberté ! » ou « On veut du chauffage ! », « De la nourriture pour nos enfants ! ». « Ensuite, j’ai vu quelqu’un que je connaissais monter sur un tramway et dire : ’Je m’appelle Daniel Zăgănescu, s’il vous plaît, reprenez avec moi, à bas Ceaușescu !’ » C’était la première fois que quelqu’un osait crier ce slogan. « Il y a d’abord eu un moment de calme, et juste après toute la place a été traversée d’un vacarme assourdissant. »

Tu vas voir ce qui va t’arriver, hippie... Il avait peur que les gens de la Securitate viennent l’arrêter et le jettent en prison.

La foule a quitté la Place Maria. Après être passée par les dortoirs étudiants pour appeler la jeunesse en renfort, le cortège s’est dirigé vers le siège du parti. De nombreux agents de la Securitate observaient qui participait à cette manifestation illégale. Quand ils sont arrivés, un camion de pompier a commencé à les asperger d’eau. Ion Monoran a grimpé sur le dos de quelques jeunes gens, arraché un drapeau avec la faucille et le marteau accroché au-dessus de la porte d’entrée et l’a déchiré. Très vite, des dizaines de policiers sont arrivés, lançant des gaz lacrymogènes. Des arrestations ont eu lieu. La foule s’est dispersée.

« Je me souviens de son retour, ce soir-là », raconte Oana, cinq ans à l’époque. « Il est arrivé tard et il nous a raconté ce qui s’était passé. Il était effrayé et très fier. C’était un homme très grand, cheveux longs, très reconnaissable. Quelqu’un lui a dit le 16 décembre ’Tu vas voir ce qui va t’arriver, hippie’. Il avait peur que les gens de la Securitate ne viennent l’arrêter et ne le jettent en prison. » Personne n’est venu et, le 17 décembre, Ion Monoran s’est levé en espérant que les gens retourneraient dehors. Ils sont ressortis. Lui aussi.

Oana, elle aussi, est sortie ce 17 décembre. « Tout se passait en bas de chez nous, il y avait des feux, les gens cassaient les vitres pour prendre des choses dans les magasins, ils ont brûlé des objets, des vêtements, des fourrures, des choses chères. Je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça, mais je me souviens des feux et des tirs. On courait. On était avec ma mère, mon frère, mon grand-père. J’ai vu des tanks passer sous notre fenêtre. Je n’avais pas peur, je ne comprenais pas tout, ma mère a dû avoir peur. »

Aujourd’hui, Oana a 35 ans. Après dix ans passés à Bucarest, elle est revenue s’installer à Timișoara où elle tient une petite boutique d’objets artisanaux, à 200 mètres de la rue du Gen. Eremia Grigorescu où elle habitait en 1989. C’est elle qui parle pour son père, car Ion Monoran est mort en 1993 d’une crise cardiaque. « Je suis heureuse de m’en souvenir. Ça ne semble pas être si lointain. 30 ans c’est long, mais je m’en souviens bien. Ces années 1989 et 1990, ainsi que les trois suivantes, sont si importantes pour moi. Oana avait neuf ans quand son père est mort. Entre-temps, la ville de Timișoara l’a reconnu comme un « héros de la révolution ». Il y a une petite rue qui porte son nom et un buste sur le pont qui mène à la Place Maria. « Mais il ne lui ressemble pas », dit Oana en riant.

La jeune femme a créé un site à la mémoire de son père, ionmonoran.ro. On y trouve ses poèmes, ses témoignages sur les évènements de 1989, des photos, quelques vidéos, des témoignages de gens qui le connaissaient. « Mon père n’était pas content de ce qui est arrivé après la révolution. Il n’aimait pas le nouveau Président [Ion] Iliescu. Il s’attendait à autre chose. Avant de mourir, il a beaucoup souffert de voir ce qu’était devenu ce pour quoi il s’était battu. Ce n’était pas pour ça qu’il était sorti dans la rue, il voulait que tout change, mais pas grand-chose n’a changé. » Et aujourd’hui, 30 ans après, qu’est-ce qu’il penserait de la situation en Roumanie ? « Je crois qu’il serait surtout content d’être avec nous... »

Florian, Alexandra et la Société Timișoara

© CdB / Ophélie Paris

« Cela remonte à 30 ans, mais pour nous c’était hier. » En 1989, Florian Mihalcea et Alexandra Razvan-Mihalcea avaient 28 et 27 ans. « Je sentais que quelque chose avait lieu, mais on n’était pas du tout sûr que ça réussisse », se souvient Florian. Il avait deux scénarios en tête : le scénario tchécoslovaque, pacifique, et le scénario chinois, symbolisé par la répression place Tiananmen.

Florian faisait partie d’une organisation secrète : on pouvait seulement intégrer le groupe par cooptation, et inviter ensuite deux proches à le rejoindre. Chaque membre de l’organisation ne connaissait donc que trois personnes, protégeant ainsi le reste du réseau. « L’organisation avait pour but de renverser le régime. Je ne sais pas quand elle a commencé, mais moi je l’ai intégrée en 1988, un an avant la révolution. » Florian attendait le signal pour agir. « Le 16 décembre, j’étais très fâché, je me suis dit : ils ont commencé sans moi. Aujourd’hui, après avoir parlé à d’autres gens qui faisaient partie du même réseau, il est clair que ce n’est pas ce réseau qui a commencé la révolution. »

La commune de Timișoara

Le 17 décembre, l’armée a commencé à tirer sur les manifestants. Florian croyait à des balles à blanc, jusqu’à ce qu’il vît des gens tomber... Il s’est dit que finalement, c’était le scénario chinois. « Je suis passé de la peur à la colère, comme tout le monde autour de moi. On ne pouvait guère que crier, faute d’armes. » Florian est descendu chaque jour dans la rue, jusqu’à ce que l’armée se rallie au peuple et que Timișoara devienne la première ville libre de Roumanie, le 20 décembre. « Ce jour-là, la ville a coupé toutes les liaisons avec l’autorité centrale de Bucarest. Elle s’administrait elle-même avec un comité provisoire qui s’est institué et qui n’acceptait pas les ordres de la capitale. Deux jours durant, Timișoara était comme un autre pays, autonome. »

La révolution s’est ensuite étendue à Bucarest. Le 22 décembre, les Ceaușescu ont abandonné le pouvoir, avant d’être capturés puis exécutés le 25 décembre. Pour Florian, ce n’était pas la fin de la révolution. « On n’était pas d’accord, cette restauration avec les gens qui faisaient partie de l’ancien régime, qui ont seulement changé d’étiquette mais sont restés en place. On voulait un changement plus fondamental. La révolution a continué après le 25 décembre 1989, jusqu’en février 1990, puis en juin. »

« Le reste du pays nous demandait : Qu’est-ce que vous voulez encore ? Vous avez changé le régime, vous avez de quoi manger... », rappelle Alexandra. « L’Ouest de la Roumanie a toujours été proche de l’Europe occidentale. Les gens de Timișoara ont continué à se battre même après la chute des Ceaușescu. »

La Proclamation de Timișoara a été publiée le 11 mars 1990. « Pour expliquer au reste du pays pourquoi on continuait à manifester », raconte Florian, qui a participé à sa rédaction. L’aspect le plus important et le plus connu est le point 8, sur la « lustration ». Premier visé : Ion Iliescu, le nouveau Président, aujourd’hui âgé de 90 ans et inculpé en avril 2019 dans un procès pour manipulation de la révolution ayant causé la mort de centaines de gens après le 22 décembre.

La Proclamation avait été initiée par la Société Timișoara. « La Société Timișoara reflétait le visage de la ville, on avait des Serbes, des Allemands, des Juifs, des Hongrois, des Roumains... comme dans cette ville multiculturelle, et à l’image du Banat », dit Alexandra. Elle est passée de 26 membres-fondateurs à plusieurs milliers pendant les années 1990. « Aujourd’hui, nous ne sommes plus qu’une centaine. Beaucoup sont morts, d’autres sont passés dans l’autre camp », déplore Alexandra. L’autre camp, c’est le Parti social-démocrate (PSD), créé par Ion Iliescu, considéré comme l’héritier du Parti communiste. « La popularité de la Société Timișoara a varié avec le temps. Au début des années 1990, les artistes et les intellectuels étaient attirés par les principes de la Société et voulaient s’inscrire. C’était les principes de la Proclamation, la défense des droits humains, de l’inter-culturalité, de l’entente entre les différents groupes, l’anti-totalitarisme, etc. »

La loi de lustration n’était pas une loi contre tous les membres du PC, seulement contre les dirigeants du parti et de la Securitate, ceux qui avaient commis des crimes.

Pendant 30 ans, la Société Timișoara s’est employée à faire adopter le point 8 de la Proclamation. Sa dernière tentative remonte à dix ans. Ils ont préparé un projet de loi, qui a été adopté par le Parlement, avant d’être rejeté par la Cour constitutionnelle. La loi de lustration n’était pas une loi contre tous les membres du PC, seulement contre les dirigeants du parti et de la Securitate, ceux qui avaient commis des crimes. Il ne s’agissait pas de mettre les anciens communistes en prison, mais de les déclarer inéligibles pendant un certain temps pour que le système puisse se renouveler. »

L’adoption de ce point 8 sur la lustration aurait probablement changé le visage politique de la Roumanie d’aujourd’hui. Car Ion Iliescu, « le premier des lustrables », selon les mots d’Alexandra, a pris le pouvoir après la chute de Ceaușescu et créé le Front de Salut national (FSN) qui a dominé la vie politique des années 1990, puis le Parti social-démocrate (PSD) en 2001. Le PSD est encore le premier parti de Roumanie, et gouvernait jusqu’en novembre dernier. Il est considéré comme la principale écurie par laquelle les « néo-communistes » se sont maintenus au pouvoir.

Florian et Alexandra attendent beaucoup du procès de Ion Iliescu, inculpé en avril 2019 après la réouverture du dossier demandée par la Cour européenne des droits de l’Homme. « On a besoin d’un verdict de la justice pour que l’histoire qui est écrite dans les manuels scolaires se rapproche un peu plus de la réalité. Aujourd’hui, il est écrit que Iliescu a fait la révolution, que c’est lui qui a amené le progrès, le changement en Roumanie... »

Traian Orban et le Mémorial de la révolution

© CdB / Ophélie Paris

Traian Orban porte toujours la révolution dans sa jambe. Il boîte. Deux balles reçues le 17 décembre. « Ça faisait seulement 4h que j’y étais. » La veille, il se trouvait dans un village à 40 km de Timișoara. Il travaillait comme vétérinaire. Il avait 45 ans. Il écoutait Radio Europa Libera, qui joua un rôle important lors des révolutions qui ont fait chuter les régimes communistes d’Europe de l’Est, informant là où il y avait peu d’information libre. C’est par REL que Traian a entendu ce qui se passait devant chez László Tőkés. Comme Ion Monoran, comme Florian et Alexandra, il attendait que « quelque chose se passe en Roumanie ». Alors, il a trouvé un véhicule qui allait à Timișoara pour aller voir de ses yeux. « C’était merveilleux de crier ensemble ’Liberté’ dans un anonymat total ! » Jusqu’à ce qu’il soit blessé. « Je n’oublierai jamais ce que j’ai vu à l’hôpital, des blessés arriver en sang, beaucoup de gens en grande difficulté, au bord de la mort... J’ai été transporté à l’hôpital orthopédique de Timișoara. Le 18 décembre, des gens sont venus à l’hôpital pour me demander mon nom, mon adresse, où je travaillais, où était ma famille. »

« C’était la Securitate. Je pensais à ma famille, j’avais une femme et trois enfants, qu’est-ce qu’ils allaient devenir ? Ils ne savaient pas où j’étais. Le 20 décembre, la grève générale a été instaurée. J’entendais la foule dehors qui criait ’Protéger les blessés à l’hôpital !’ On a compris que l’évènement continuait. »

Pendant six mois, il a dû faire soigner sa jambe qui ne guérissait pas à cause de la seconde balle que les médecins n’avaient pas tout de suite trouvée. C’est dans un hôpital de Vienne qu’un médecin l’a sauvé de l’amputation. Quand il est rentré à Timișoara, il a voulu que soit ouvert un cimetière des héros de la révolution. Ce fut chose faite le 17 décembre 1990. « J’étais handicapé, je me pouvais plus travailler comme vétérinaire. Je suis devenu collectionneur de documents, de photos, de films, de l’histoire orale, d’articles de presse de Roumanie et de l’étranger, de films roumains et étrangers, sur la révolution. » En 1995, il a constitué un centre de documentation. « En 2000, notre mémorial est devenu un centre de recherche et de documentation pour informer le public. Nous avons reçu une subvention du gouvernement roumain. » Aujourd’hui, le mémorial emploie douze personnes, des historiens, un informaticien, un éditeur. « Nous avons publié nos travaux, des livres, une revue sur la révolution. Nous avons aussi construit à Timișoara douze monuments aux endroits où ont été tués et blessés les gens pendant les évènements. C’est très difficile de faire ériger un monuments. Avec l’aide de Dieu, nous avons réussi à en faire construire douze, comme douze mois, douze apôtres... Douze est un nombre symbolique. »

C’est cocasse de mettre un mémorial dans une caserne militaire quand les gens ont été tués par l’armée

Mais la mise en place du mémorial ne s’est pas faite aisément. « Nous avons eu beaucoup de problème avec le premier siège. Nous avions reçu une ruine, une maison en très mauvais état. Nous avons fait des travaux, et quand on a terminé les rénovations, les autorités nous ont obligés à restituer la maison à une personne privée qui la réclamait, disant qu’elle lui avait été expropriée par le régime communiste... Le deuxième siège qu’on a obtenu, en 2012, c’est cette caserne militaire. C’est cocasse de mettre un mémorial dans une caserne militaire quand les gens ont été tués par l’armée. » Et ce n’est pas terminé. En mai 2019, le ministère de la Culture a rendu la caserne au ministère de la Défense. Le mémorial risque d’être transféré dans un troisième lieu. « C’est un grand problème pour moi, de survivre à cette déconsidération. Je pense que nous sommes une association incommode. On dérange. »

« Le procès des Ceaușescu a été expédié en vitesse le jour de Noël, mais ce qui était nécessaire, c’était un procès en détail contre la nomenklatura communiste qui soutenait ce régime totalitaire installé par l’Armée rouge après la Seconde Guerre mondiale. Après la révolution, il y a eu un grand mensonge. Le communisme s’est terminé le 22 décembre, mais la nomenklatura s’est maintenue. » « Je suis né une deuxième fois, il y a 30 ans, le 17 décembre 1989 », poursuit Traian Orban. « Maintenant j’ai 75 ans, dont 30 en liberté. Je suis très heureux que la Roumanie ait tant changé dans de nombreux domaines, mais il faut continuer la révolution dans les mentalités. La mentalité des citoyens mais aussi de la classe politique. »

Traian Orban mène une « guerre continuelle contre l’oubli ». Comme le site d’Oana Monoran sur son père, son mémorial contient quelque chose d’intime aussi bien qu’historique. On le voit lui-même sur un mur au milieu de centaines d’autres photos. Il est dans un lit d’hôpital, la jambe blessée, bandée, mais un sourire aux lèvres. On trouve aussi des objets, des vêtements troués par des balles... Comme si l’histoire de la révolution roumaine était encore entre les mains des gens. Pas encore institutionnalisée. Peut-être est-elle encore trop fraîche ? Avec les manipulations d’Ion Iliescu et ses alliés, on en aurait presque oublié qu’il y a eu un véritable mouvement révolutionnaire. Il a commencé à Timișoara et 30 ans après, Oana, Traian, Florian et Alexandra sont là pour nous le rappeler.