L’UE et les Balkans : à Berlin, un Sommet d’hypocrisie

| |

Ce devait être l’occasion de faire un pas vers la « paix définitive » entre le Kosovo et la Serbie. Réunis à Berlin à l’initiative d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron, les pays des Balkans se sont contentés d’énièmes déclaration d’intentions. Encore un coup d’épée dans l’eau et beaucoup de bruit pour rien ?

Cet article est accessible gratuitement pour une durée limitée. Pour accéder aux autres articles du Courrier des Balkans, abonnez-vous !

S'abonner

© N1

(Avec Danas et N1) - L’acte le plus politique de ce sommet convoqué par l’Allemagne la France a peut-être eu lieu en marge de la réunion officielle : une grande banderole #1od5miliona a été brandie à Berlin ce lundi, afin de rappeler au Président Aleksandar Vučić que les manifestations citoyennes se poursuivaient en Serbie contre sa dérive autoritaire. « Nous n’avons pas pu nous réunir en grand nombre parce que c’est un jour ouvrable, mais nous voulions accueillir Vučić avec cette banderole, dans l’espoir que le public allemand se demande pourquoi il y a des manifestations en Serbie depuis cinq mois », a expliqué à la télévision serbe N1 l’un des militants, Ljubica Šljukić Tucakov.

Pour le reste, « mille intentions ne valent pas un geste », comme dirait l’autre. Seul un projet de déclaration commune a été publié à l’issue de ce sommet entre les chefs d’État et de gouvernement d’Albanie, de Bosnie-Herzégovine, de Croatie, du Kosovo, du Monténégro, de la Macédoine du Nord, de Serbie et de Slovénie, en présence de la Chancelière allemande Angela Merkel, du Président Français Emmanuel Macron et de la cheffe de la diplomatie européenne Frederica Mogherini.

« Paroles, paroles... »

Sans surprise, les participants se sont félicités du « succès de l’accord entre la Grèce et la Macédoine du Nord sur le différend relatif au nom, qui constitue un exemple exceptionnel de résolution réussie des conflits ».

L’accord sur la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie ? Tout le monde reconnaît son importance pour la stabilité de la région et la perspective européenne des deux pays. Rien de plus. « La Serbie et le Kosovo ont convenu d’accélérer leurs efforts pour mettre en œuvre les accords existants et engager de manière constructive un dialogue sur la normalisation des relations avec la médiation de l’UE, dans le but de parvenir à un accord global et définitif », peut-on lire dans ce projet de déclaration. Le processus doit être « inclusif et transparent » et s’accompagner d’« efforts visant à renforcer la confiance en vue de la création d’une zone économique régionale ». Huit ans après le début des négociations, les vœux pieux ont encore de beaux jours devant eux, semble-t-il.

Les participants ont confirmé leur volonté d’améliorer la coopération dans la lutte contre le terrorisme, le trafic d’armes et les migrations irrégulières, et souligné leur « engagement indéfectible » en faveur de la démocratie, de la primauté du droit, de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et le crime organisé, ainsi que du renforcement du rôle de la société civile et des médias indépendants. Pour faire bonne figure, ils ont conclu que des réformes durables étaient la clé de la perspective européenne de la région, avant de réaffirmer leur attachement à la stabilité régionale. Sans un mot sur les sujets qui fâchent. D’énièmes déclarations d’intention, donc, pour ce sommet très médiatisé du fait des divergences de plus en plus criantes du couple franco-allemand. Mais qui a, une fois de plus, accouché d’une souris.

Un nouveau rendez-vous est néanmoins donné le 1er juillet à Paris.