Réfugiés en Grèce : sauver les camps de PIPKA et Kara Tepe

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Les autorités grecques veulent mettre un terme aux seules alternatives décentes pour loger les réfugiés à Lesbos. Des organisations grecques et étrangères leur demandent de revenir sur cette décision. Le Courrier des Balkans s’associe à cet appel.

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© UN Photo/Rick Bajornas

Les signataires appellent le ministre de l’Immigration et de l’Asile, Notis Mitarakis, et les autorités locales de Lesbos à révoquer leur décision de suspendre le fonctionnement des installations de PIKPA et de Kara Tepe accueillant des demandeurs d’asile vulnérables sur l’île. Les autorités doivent non seulement revenir sur la décision de fermer ces installations, mais en période de grand besoin, elles doivent encore renforcer et protéger toutes les alternatives décentes pour l’hébergement et la protection des demandeurs d’asile.

Au cours des cinq dernières années, PIKPA et Kara Tepe ont offert une protection aux personnes vulnérables contre les conditions de vie misérables du Centre d’accueil et d’identification de Moria, un lieu précaire où la santé et la sécurité des résidents sont constamment en jeu. La décision de fermer l’installation intervient quelques jours à peine après qu’une série d’incendies dévastateurs a complètement détruit le camp de Moria, laissant plus de 12 000 personnes sans accès à un abri, de la nourriture et de l’eau. Alors qu’un nouveau camp « d’urgence » est mis en place sur l’île, qui abrite actuellement les anciens résidents de Moria sans-abri, des lacunes importantes en matière de protection, d’eau, d’électricité, d’assainissement et de sécurité y sont constatées.

Tant que les conditions du nouveau Centre de réception et d’identification resteront inadaptées à une vie décente, des solutions alternatives seront nécessaires pour protéger les plus vulnérables. Les structures du PIKPA et de Kara Tepe devraient à tous égards continuer à fournir un abri et une protection aux enfants isolés et séparés, aux mères célibataires, aux victimes de torture et de mauvais traitements, aux survivant.e.s de violences subies en raison du genre et de l’orientation sexuelle, ainsi que des personnes handicapées.

PIKPA, lieu de solidarité ouvert et autogéré, fournit une assistance substantielle aux réfugiés à Lesbos depuis 2012. En 2016, le Haut-Commissariat des Nations-unies pour les réfugiés a décerné à l’une de ses co-fondatrices le prix Nansen pour les réfugiés en reconnaissance de sa contribution au sauvetage de vies humaines, ainsi que pour avoir fourni un refuge aux plus vulnérables pendant le crise de 2015. Aujourd’hui, PIKPA accueille des enfants non accompagnés, des mères célibataires et des personnes qui ont été torturées ou maltraitées, ainsi que de nombreuses personnes plus vulnérables. Les survivants de torture et de mauvais traitements souffrent de douleurs physiques chroniques pendant des années après leur maltraitance, ainsi que de symptômes psychologiques tels que l’anxiété, la dépression, le sevrage et l’isolement, le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), etc.

PIKPA offre un endroit décent et sûr pour ces personnes, qui autrement seraient à nouveau traumatisées par un environnement dangereux. Kara Tepe (l’ancien camp) est géré par la municipalité avec une capacité de plus de 1000 personnes. Il offre des conditions de vie humaines aux demandeurs d’asile vulnérables et aux familles de Moria, y compris les familles monoparentales, les personnes handicapées et de nombreuses familles ayant des problèmes de santé. Il a été félicité pour son infrastructure et l’atmosphère qui caractérise une communauté.

Si PIKPA et Kara Tepe cessent de fonctionner, il n’est pas clair pour l’instant où seront transférés leurs résidents actuels. Leur transfert au nouveau camp « d’urgence » mettrait en danger leur santé physique et mentale et devrait être évité à tout prix. En outre, PIKPA et Kara Tepe peuvent entreprendre et soutenir de manière adéquate les personnes les plus vulnérables vivant dans le nouveau RIC de Lesbos, ce qui est particulièrement important pour les personnes handicapées, par exemple, car il n’y a pas de toilettes accessibles dans le nouveau RIC. Nous exhortons le gouvernement grec et les autorités locales de Lesbos à suspendre immédiatement la fermeture de PIKPA et de Kara Tepe, et à continuer à soutenir et à renforcer leur contribution exceptionnelle. Dans le même temps, les autorités devraient rechercher des solutions conformes aux normes des droits de l’Homme, garantissant la décongestion, l’électricité, la sécurité, l’eau et l’assainissement aussi longtemps que les demandeurs d’asile sont contraints de rester dans le nouveau HCC avant d’être transférés dans des zones sûres et sécurisées.